Mais Platon, les platoniciens, les ascètes indiens considèrent l’acte charnel comme mauvais en soi
Non. Pas mauvais en soi, certainement pas. Mauvais par rapport à un idéal.
D’ailleurs le texte même de Plotin que vous nous donnez le souligne assez. Je cite :
Au reste, à ceux qui désirent engendrer ici-bas, il suffit d’atteindre ce qui est beau ici-bas, c’est-à-dire la beauté qui se trouve dans les images, dans les corps : car ils ne possèdent pas cette beauté intelligible qui pourtant leur inspire cet amour même qu’ils ont pour la beauté visible. Aussi ceux qui s’élèvent à la réminiscence de la beauté intelligible n’aiment-ils celle qu’ils voient ici-bas que parce qu’elle est une image de l’autre[6]. Quant à ceux qui ne s’élèvent pas à la réminiscence de la beauté intelligible parce qu’ils ignorent la cause de leur passion, ils prennent la beauté visible pour la beauté véritable, et, s’ils sont tempérants, ils l’aiment chastement. Aller jusqu’à une union charnelle est une faute. Ainsi, celui qui est épris d’un amour pur pour le beau, n’aime que le beau seul, qu’il ait ou non la réminiscence de la beauté intelligible.
On voit bien que dans la phrase incriminée par vous, en gras, cette faute est relative et pas absolue ou isolée en elle-même. C’est une faute en ce sens que le charnel loupe l’amour sous sa forme intelligible..
En bref, il ne s’agit pas de moralisme.
Du reste on a quasi la même apologie de la non sensualité dans le christianisme avec l’éloge des eunuques proféré par Jésus lui-même. D’où la célèbre castration d’Origène..
C’est une tendance lourde des « spirituels » de vitupérer plus ou moins la chair, à des degrés divers.. Plotin a eu la main lourde sur les gnostiques qui étaient bien pires que lui.. Je le trouve encore, relativement équilibré, bien plus qu’un Tertullien, contempteur du charnel et de la féminité.
C’est vrai que l’AT n’est pas porté sur l’ascétisme mais le christianisme lui l’est. La raison en est simple, Jésus était, au fond, un essénien, la secte juive la plus portée à l’ascèse.. D’où le monachisme qui s’est vite implanté en son sein.
Le protestantisme a rompu avec cela, renouant avec l’AT. Mais ce fut une trahison de l’esprit christique, à mon sens.
Je n’ai pas trouvé votre citation de Plotin dans son traité 3, sur le destin, chap 5. Soit cela n’existe pas, soit vous vous êtes trompé dans les références.. Ce chapitre 5 traite essentiellement des influences astrologiques.
Sinon vous faites dans le tendancieux à coup de grosses caricatures. Car on peut vous opposer au Cantique, livre vu comme une anomalie du corpus juif selon Soler, les opinons de Paul sur le mariage : mariez vous afin de ne pas brûler, qui ne dénote pas du tout une phrase dans la foulée du Cantique des cantiques, on en est très loin même..
Enfin, on sait tous que la sensualité n’a jamais été le point fort du christianisme, incapable d’admettre pendant longtemps la nudité à l’instar de la statuaire grecque. Il fallu attendre la Renaissance.. et encore.. dans un cadre étroit et strict.
Quant à la citation de Platon, elle est... neutre. Et pas du tout ennemie des sens comme vous essayez de le faire accroire.. Cela veut simplement dire que les dieux ne fonctionnent pas comme nous, ne sont pas sur le même plan existentiel que nous. Rien de plus. On a d’ailleurs les mêmes vues en Inde. Dont pourtant on connaît les sculptures hyper-érotiques au fronton des temples.. Comme quoi.
Je crois que j’ai fini par comprendre votre dévotion envers Bayrou.. Il se définit comme démocrate chrétien... J’ai bon là ? C’est juste pour raisons religieuses ce délire de groupie ?