Sur l’enfance, je suis d’accord avec vous, ça ne m’intéresse pas non plus, et je ne retire rien de cette partie. Par contre, ce n’est pas parce qu’on vient d’un bon milieu social qu’on est forcément destiné à des études prestigieuses. C’est mon cas également et je défendrai toujours mon parcours parce que j’avais des capacités au-dessus des autres et parce que j’ai travaillé. Je ne renie pas par contre que ça aurait été beaucoup plus difficile si j’étais venu d’un milieu populaire. Mais je connais beaucoup de gens issus de la classe moyenne ou classe moyenne supérieure qui n’ont rien fait parce qu’ils n’avaient pas de capacités particulières et pas de motivation.
Sur sa vision, voici ma manière de la résumer : on est entré dans un monde disruptif, basé sur l’économie de la connaissance, que l’on ne peut pas nier et qu’il est illusoire de vouloir combattre, parce que les peuples eux-mêmes dans leur majorité l’appellent. Et la France n’échappe pas à la règle. On est content de commander un Uber, demain on achètera une voiture autonome. On se doute bien que d’ici quinze ans les taxis c’est une espèce en voie de disparition. On gère ses services bancaires avec son téléphone ou son ordi, et on va voir son conseiller une fois tous les 36 du mois. Le conseiller bancaire dans ce monde là... on compare son vol ou son séjour pour avoir le moins cher, demain on ira dans des supermarchés sans caissière avec un portique et son téléphone pour payer ses achats. La télémédecine va remplacer de plus en plus la visite annuelle chez son médecin généraliste. Aucun secteur ne sera épargné.
L’innovation, par principe, change radicalement nos sociétés actuelles, et notamment le rapport au travail, les méthodes d’organisation de celui-ci. Et le mouvement s’accélère et s’accélérera de plus en plus. Un job pourra naitre et disparaitre en l’espace de quelques années. Ca perturbe, c’est évident, notamment les esprits qui ont grandi avec l’idée qu’on ferait sa carrière dans la même boite en faisant le même job avec une progression linéaire. Vous en faites peut-être partie.
Face à ce monde là il y a trois manières de réagir, dont deux qui se rejoignent.
- On peut aller à rebours et promettre à ceux dont le job est menacé qu’on les protègera, qu’on empêchera les employeurs de se séparer d’eux, et que si jamais ils le font quand même, non seulement on punira les bourreaux, mais on garantira aux victimes de conserver leurs avantages. On garantira des protections à un nombre toujours plus réduit de personnes, et on empêchera le nombre accru de ceux qui n’auront plus d’emploi d’avoir des opportunités de rebondir -> on promettra à un conseiller bancaire qui a perdu son job d’avoir des allocations chômages, et après ? On lui dira : on te laisse le temps de retrouver un job de conseiller bancaire t’inquiètes pas, mais des jobs de conseiller bancaire il n’y en aura plus !
Je suis effectivement convaincu que cette solution ne fera rien d’autre qu’accroitre le chômage longue durée.
- on peut décider de fermer les portes de la mondialisation : finie l’Europe, finie l’OMC, surtout plus de traités de libre échange. Mais en même temps oui à l’innovation. C’est une posture ridicule : l’innovation par principe est mondialisée. Renoncer à la mondialisation, c’est renoncer à l’innovation. On ne fera pas de transition énergétique dont tout le monde parle sans mondialisation par exemple, parce qu’on a pas toutes les compétences en France pour la faire. Ne soyons pas prétentieux. Et c’est pareil pour tout le monde d’ailleurs. La connaissance par définition est mondialisée, et ça a toujours été le cas, à tous les âges : Alexandrie, Babylone, Mossoul...
Par ailleurs c’est nier les enjeux de flux de personnes auxquels la France, comme le reste du monde occidental, devront faire face au cours du 21 ème siècle -> 250 millions de réfugiés climatiques (donc hors migrants politiques et économiques) d’ici à 2050. La réponse ne pourra être qu’internationale et européenne, parce que concertée. Personne ne décidera dans son coin si on accepte ou pas les réfugiés. Aujourd’hui on prétendrait ne pas être capable d’accueillir 80.000 réfugiés politiques pour 65 millions d’habitants ? Si c’est le cas faut se préparer à l’Apocalypse !
- On prend en compte cette réalité et on s’adapte. L’idée n’est pas de sacrifier notre modèle social sur l’autel du capitalisme sauvage, mais de le repenser pour une économie de cycles courts. Dans ce monde là, un individu exerce quatre ou cinq métiers différents au cours de sa vie, dans plusieurs structures et de plusieurs manières différentes. Le but est de lui offrir des opportunités d’accès au changement, par la formation, initiale et continue, tout au long de sa carrière.
Ca implique de repenser la logique de notre modèle de protection, moins assurantielle et plus collectiviste.
Je suis donc d’accord avec votre vision de la cotisation sociale qui fait sens.
Mais je pense effectivement qu’on ne pourra pas la conserver dans ce monde là parce qu’elle bénéficiera à un nombre toujours plus réduit de personnes.
Par contre je ne suis pas pour la supprimer sans contrepartie, et cette contrepartie c’est la hausse du salaire net et surtout la formation professionnelle.
Donc le programme de Fillon je n’en veux pas, et ça n’est pas du libéralisme d’ailleurs, c’est une autre forme de conservatisme, une sorte de poujadisme remis au goût du jour.
La vision de Macron est radicalement différente.
Dans ce monde là, il y aura toujours des gens qui réussiront mieux que d’autres, l’idée est que la réussite soit plus liée à la capacité à saisir les opportunités mieux que les autres et moins aux statuts originels.
L’idéal, c’est l’égalité d’opportunités -> C’est LA vraie justice sociale.
Parce que toutes les inégalités ne sont pas injustes, la principale injustice, c’est l’inégalité d’opportunités.
Je conçois tout à fait que vous n’acceptiez pas cette vision des choses, aussi je serais très heureux que vous partagiez votre propre vision et l’offre politique qui selon vous y répond. ;)
En l’occurrence son annonce c’est une réduction de charges sociales pour les salariés.
Vous ne connaissez manifestement ni son programme, ni sa vision, vous ne cherchez pas le faire, et vous l’admettez vous-même. Pourtant vous vous plaisez à porter un jugement tout fait sur Macron (comme vous le faites probablement pour d’autres, pour d’autres raisons), parce que vous le voyez trop dans les médias à votre goût, et que ça c’est louche. C’est peut-être ce que vous considérez comme l’expérience, le contraire de la « préadolescence politique ». C’est votre droit, mais ça n’est pas ma vision de la discussion politique, et de la discussion tout court.
Je viens sur les forum comme celui-là pour voir s’il est possible d’avoir des discussions poussées. Je suis assez amusé de remarquer que dès qu’on expose des arguments et qu’on ne sur-réagit pas, les gens fuient en maugréant des banalités, avec un mépris surjoué. Vous n’êtes qu’un de plus de ceux-là. Mais ça doit être l’expérience.
« aucune vision », (à propos de sa déclaration de campagne)
« ... à défaut d’une vision politique solide » (dernière phrase)
Bref je pourrais m’arrêter là, dès votre première phrase ça tombe à plat.
J’aime bien votre deuxième point, je dois avouer : ça tourne en boucle de partout, on le remet à toutes les sauces, parfois même on modifie les paroles (en utilisant le tutoiement) pour faire encore plus dans le mépris de classe, parce qu’il faut absolument que Macron, énarque ancien banquier, soit méprisant envers les classes populaires, sinon on a plus rien à dire, et ça ce serait quand même très chiant. La vérité est (heureusement) moins polémique. Macron, interrompt sa visite dans une école du numérique pour aller « discuter » vingt minutes avec les deux manifestants contre la loi Travail (je mets des guillemets parce que les deux hurluberlus ne sont visiblement pas enclins à avoir une discussion censée, pendant vingt minutes ils ne font qu’invectiver en balançant des banalités), on ne retire que ces cinq secondes où Macron répond à ce qui n’est rien d’autre qu’un manque de respect du jeune, qui ne fait que le tutoyer en disant en gros qu’il n’a rien à recevoir d’un ministre. Plus généralement, Macron ministre comme Macron candidat est le seul (ou l’un des très rares, je n’ai pas d’autre exemple) qui prenne l’initiative d’aller à la rencontre de ses opposants, parce qu’il aime semble-t-il la confrontation d’idées, au risque de se prendre en boomerang ce genre de séquences. Mais c’est peut-être méprisant ça, il vaut mieux rester derrière les CRS après tout.
Sur le troisième point, j’attends que vous me détaillez ce qui provient du 19 ème siècle avant de vous répondre : je pense que ça va être savoureux.
Le quatrième point est mensonger et ridicule. C’est dans votre tête que le Qatar achète des bouquins, premièrement, mais ça c’est évident et vous le savez très bien. Et deuxièmement je ne suis pas l’envoyé d’En Marche censé répondre à un pensum, je n’en suis même pas membre, mais je suis allé vérifié sur les réseaux sociaux, aucun lien officiel d’En Marche n’a dénoncé l’article, et pour cause, il n’y a pas lieu de le faire : c’est le droit de l’auteur d’avoir une position de contradicteur envers En Marche et Macron, comme c’est mon droit d’y répondre librement sans qu’on m’y invite officiellement.
J’ai un intérêt non dissimulé pour Emmanuel Macron parce que je me retrouve dans l’offre politique qui est la sienne, parce que sa démarche est innovante et parce je le considère comme un homme brillant (ce qui n’est pas une qualité universelle dans la classe politique, il n’y a qu’à Mélenchon que je prête volontiers cette qualité, les autres sont médiocres). Je réponds argument par argument, je ne caricature rien, et surtout je ne mens pas pour satisfaire ma propre fierté de ne convaincre que moi-même (à défaut d’essayer de convaincre les autres).
PS : ça fait deux réactions maintenant, semble-t-il. ;)
L’article fait le postulat qu’il n’y aura pas de programme et qu’il n’y en aura jamais. Macron a dit dès le premier jour qu’il y aurait un programme, mais que ça n’avait aucun sens de commencer par ça sans expliquer quelle était la vision. Bruno Le Maire a explosé justement parce qu’il a commencé par développer un programme absolument indigeste sans exprimer de vision, en articulant ça avec un slogan sur le renouveau qui était totalement contradictoire avec la démarche. L’article tombe mal d’ailleurs, parce que Macron vient justement de commencer à développer une mesure importante qui est le remplacement des cotisations sociales et maladie payées par le salarié au bénéfice d’une augmentation de la CSG (qui touche une base plus large). Le reste des mesures sera égréné au cours des prochaines semaines, et dès samedi.
L’article ne fait que reprendre les postures de certains de ses adversaires (Montebourg pour ne pas le citer, dont on se demande s’il est capable de faire une phrase de plus de 10 mots sans adopter une posture de commentateur contre ses concurrents), sans apporter aucune dimension critique.
Le discours d’En Marche s’apparente à celui d’une secte : je renvoie à l’article ci-dessus, les commentaires autour d’Emmanuel Macron sont justement ceux qui s’attachent le plus au fond, en adoptant un ton neutre, preuve qu’au-delà de prêcher des convaincus, Emmanuel Macron suscite un intérêt chez ceux qui ont envie de discuter de politique en la dépassionnant.
Pour les sectes, il faut peut-être regarder vers les mouvements qui ne supportent pas qu’une opinion contraire soit développée en leur sein, en menaçant les impétrants d’exclusion, par exemple...
« Il n’est pas anti-partis politiques en général, mais anti-partis politiques actuels sauf le sien ». C’est vrai, il considère les partis comme des appareils à gagner des élections qui ne développent plus le débat politique, mais s’enferment dans des postures avec des divisions irréconciliables en leur sein (il n’est d’ailleurs pas le seul hein, n’est-ce-pas Manuel Valls). Ca ne correspond absolument plus au rôle que l’article 4 de la Consitution, que l’auteur brandit sans visiblement l’avoir lu, ou compris, leur attribue.
Et comment nier que la plupart des responsables politiques ne maintiennent à tout prix ces vieilles machines rouillées en vie que parce qu’elles bénéficient des subventions de l’Etat (donc du contribuable), indispensables pour se présenter aux élections nationales ?
Le mouvement En Marche ne rassemble que des gens issus de milieux favorisés : c’est probablement vrai, et c’est certainement là une limite de son action pour le moment. Emmanuel Macron va avoir besoin de toute façon de convaincre ceux qui ne bénéficient pas de la mondialisation, et qui représentent une part substantielle de la population. Je crois qu’il en est conscient.
Mais ce qui est le plus malhonnête à mon sens, c’est de prétendre que Macron n’a pas de vision ; il n’a sans doute pas la même vision que l’auteur, ce qui est très différent ! Mais on ne se grandit pas en caricaturant les positions de ses contradicteurs. Macron n’a eu de cesse de développer sa vision de la société, de l’avenir, de l’Europe et du monde. En tant que ministre, lorsqu’il a créé son mouvement, dans les meetings, dans les médias, sur Internet. Je renvoie notamment à cette interview faite par Mediapart : https://www.youtube.com/watch?v=ggigQxtN5vU
Trois heures pendant lesquelles Macron expose justement sa vision, sans aucune note, sur tous les sujets, et entendons nous bien : c’est le seul responsable politique qui puisse accepter de se faire cuisiner comme ça par Mediapart, parce que c’est probablement le seul qui ait développé une vision claire, cohérente, et honnête au plan intellectuel.
Bref, comme beaucoup d’articles sur ce sujet, l’auteur ne fait que reprendre des postures vides de sens, sans argumenter sur le fond. Il faut dire que c’est beaucoup plus difficile. Mais ce serait aussi beaucoup plus intéressant. Puisse ce message sonner comme une invitation !