Dans l’histoire de la presse française, le mutisme de nos médias face au déferlement de dix millions de Colombiens le 4 février dans tout le pays contre la guérilla des FARC sera marqué d’une pierre blanche, noire plutôt tant elle entache l’honneur de la profession à laquelle j’appartiens.
Les photos et vidéos parlent d’elles-mêmes contre tous ceux qui ont ignoré ce véritable soulèvement populaire contre une guérilla coupable de séquestrer 800 personnes, dont l’ex-candidate à la présidence colombienne Ingrid Betancourt, 3 employés Américains et 40 députés ou officiers (Ci-dessus une seule photo des mobilisations, prise au cœur de Bogota le 4 février).
A l’exception de rares télévisions du câble, la grande presse, notamment les chaînes généralistes du service public (payées par une redevance annuelle des téléspectateurs qui n’existe nulle part ailleurs), a fait l’impasse sur les 10 millions de Colombiens révoltés dans les rues contre la guérilla.
Si la presse s’effondre en France avec une chute vertigineuse de ses ventes et de ses revenus, elle ne le doit qu’à son incapacité à rester en prise avec les vraies réalités, dans une autocensure générale, pire que les ciseaux d’Anastasie dans une dictature. L’affaire Betancourt en est l’illustration.
Le politiquement correct consiste à Paris à répéter le leitmotiv de la famille Betancourt. « Bogota ne veut pas négocier avec la guérilla, les FARC ne sont pas terroristes, il faut obliger le président colombien à céder devant les exigences des rebelles pour obtenir la libération des otages ». Alvaro Uribe, hélas pour ce lobby, a été réélu en 2006 au premier tour avec 63% des vois, et dispose d’un soutien de 81% des Colombiens dans les sondages aujourd’hui.
Les messages publics du président Sarkozy au chef des FARC en décembre dernier, pour une libération inconditionnelle d’Ingrid Betancourt aussitôt rejetée par les terroristes, ont renforcé l’image contraire à la réalité d’une guérilla généreuse capable d’un éventuel geste qui ne concernera pas, avant longtemps, l’ancienne sénatrice du parti Oxygène.
La famille Delloye-Betancourt, avec à sa tête Astrid, la sœur d’Ingrid remariée au directeur des Amériques au Quai d’Orsay, Daniel Parfait (ancien ambassadeur de France en Colombie de 2000 à 2004) continue de donner le « la » aux médias. Pour Astrid, comme pour les FARC, les millions de manifestants n’ont été que des instruments du pouvoir colombien ! La presse française est donc restée à la maison le 4 février. Honte à elle !
Si je demande à vous, combiens de personnes furent condamnées en France par le massacre du 17 octobre 1961, quand le nazi Papon, chef de la police de Paris, tua et noya dans la Seine des centaines d’Algériens qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays, la réponse serait « NADIE », personne.
Phan Boi Chau à ses compagnons du mouvement pacifique Can Voing quand ils l’ont demandé de se livrer à l’armée française, pour sauver la vie de son frère prisonnier :
« Depuis que je suis dans notre mouvement, j’ai oublié les problèmes de ma famille, ou de mon village. Car je n’ai qu’une seule tombe, très grande, à défendre, celle de mon pays, la terre du Vietnam. Et mon frère en danger, ce sont mes vingt millions de concitoyens. Si je sauve mon frère, qui donc sauvera les autres ?
Le 5 mai 1947, « 166 insurgés (Malgaches) sont enfermés dans un wagon (train de la mort) sur lequel les militaires français reçoivent l’ordre de tirer ; les 71 survivants seront exécutés trois jours plus tard ».
Comme les généraux argentins de la dictature des années 70, les militaires français en Madagascar, entre lesquels s’ai fait remarquer par sa cruauté le Lieutenant Guillaume de Fontange plus connu avec le nom du « Baron » jetaient depuis leurs Junker les prisonniers sur les peuples rebelles comme représailles à leur recherche de la Liberté.
Ma mère est Française, elle est née à Paris, et je ne l’ai jamais entendu dire qu’elle passait avant les mères de mes amies parcequ’elles etaient colombiennes. Je n’aime pas votre conception de la valeur humaine qui fait qu’un citoyans du premier monde passe avant l’anonyme du Tiers monde parce qu’elle represente le pouvoir.