L’article est, dans l’ensemble, bien équilibré. Malheureusement, certains commentaires ne sont pas à la hauteur.
@ Anuck :
« Un déni de démocratie aussi, car comme vous le précisiez, les 30% allait sur Blocher et non sur son parti. »
Les règles de la démocratie suisse sont ainsi faites. On peut bien sûr les changer, en adaptant la législation (l’UDC parle depuis des années de lancer une initiative à ce sujet). Les électeurs qui ont « voté Blocher » se sont laissés intoxiquer par la propagande de l’UDC.
« Maintenant qui a organisé tout cela ? le PDC allié avec les socialistes. En voila une belle alliance contre-nature qui s’est formé uniquement pour ce putsch. »
En quoi est-elle « contre-nature » ? C’est le fonctionnement habituel entre partis gouvernementaux que de chercher des majorités pour faire avancer leurs idées.
« Alors oui, il y a un Blocher qui arrive et qui dit stop à toute cette maffia politique. »
Le « tous pourris sauf moi » est un grand classique du populisme, en Suisse comme ailleurs. Jusqu’à maintenant, l’histoire a démontré que soit ce type de parti rentre dans les rangs (parce que la politique est basée sur les compromis), soit il prend une tournure plus totalitaire.
« Un exemple, trouvez-moi un seul conseiller national de »gauche« qui ne fait pas partie d’au moins 10 conseils d’administrations de grandes entreprises et qui ne préconise pas, sous couvert de réalisme économique et d’adaptation au marché, de revoir à la baisse tous les avantages et les salaires que les suisses avaient acquis grâce à leur travail. »
a. Il y a de nombreux conseillers nationaux de gauche qui ne font pas partie d’aucun conseil d’administration de grande entreprise. Il y en a qui le font, mais sans aucune commune mesure avec ceux de droite, y compris l’UDC. Il est de notoriété publique que l’UDC a ravi aux radicaux-libéraux la représentation des milieux économiques au parlement.
b. Accuser la gauche d’être responsable des attaques contre les droits économiques et sociaux des employés, c’est risible.
« Comme le dit l’auteur, le système suisse n’est plus adapté au monde moderne. »
L’auteur a l’intelligence de se contenter de poser la question. Si ce seul événement suffit à réduire le système suisse à l’obsolescence, c’est que ce pays va bien mal.
« Aux prochaines élections, il est clair que l’UDC ne soutiendra jamais les autres partis de droite. Blocher leur fera payer au centuple ce déni de démocratie. »
Cela reste à voir. L’UDC a déjà annoncé deux mesures qui démontrent qu’elle n’entre pas en guerre totale, du moins pour l’instant :
a. les deux conseillers fédéraux issus de ses rangs ont été exclus du groupe parlementaire, pas du parti,
b. l’UDC conserve ses alliances avec d’autres partis aux niveaux des cantons et des communes.
La réaction immédiate fera vraisemblablement place à une réflexion à plus long terme. L’UDC choisira la stratégie qui lui conviendra le mieux, ce qui est légitime. Bien malin qui peut dire laquelle ce parti choisira.
@ Ernst :
« Qu’on le veuille ou non, c’est pour la personne de Blocher que la Suisse a voté. »
La Suisse n’a pas « voté Blocher » :
a. Seuls 30% des votants ont voté pour l’UDC.
b. Le système suisse ne permet pas de voter directement pour un conseiller fédéral. Voir ci-dessus.
« Et c’est cela qui est le véritable scandale : l’impossibilité pour un freelance comme Blocher de bousculer les hiérarchies maçonniques qui colmatent les brèches d’entrée, quitte à sacrifier leurs »idéaux« politiques. Dont ils n’ont apparemment rien à faire, au profit de leur installation hégémonique de secte. »
a. Blocher n’est pas un « freelance ». Il a mis en place une stratégie de prise de pouvoir au sein de l’UDC, puis a imposé sa personne au conseil fédéral, le tout en s’appuyant sur son immense fortune.
b. « Franc-maçonnerie », « secte » ? Là, on est en plein délire.
« N’avez vous donc aucun souvenir des dégâts commis par la P2 ? [...] Laisser les pleins pouvoirs aux franc-maçons, de droite comme de gauche, est un suicide démocratique. »
a. A ma connaissance, la loge italienne P2 n’a pas grand chose à voir avec le mouvement maçonnique, mais beaucoup à voir avec les réseaux « stay behind » mis en place par les États-Unis à la fin de la seconde guerre mondiale (réseau Gladio en Italie). Comme dans d’autres cas, ce type de structure a servi à cacher des activités sans lien avec les principes maçonniques, et qui doivent être combattus, s’ils représentent un danger pour nos démocraties.
b. Qui a parlé de laisser les pleins pouvoirs à qui que ce soit ?
Vous ne devez rien connaître à la Suisse pour écrire autant d’âneries en si peu de phrases.
« Vous devriez plutôt noter, comme me l’ont annoncé les lecteurs de mon blog, que la stabilité suisse est finie, et que le pays va basculer dans une guerre civile au niveau politique. »
Une guerre civile au niveau politique... concept intéressant mais indéfini...
« Cette manoeuvre illégitime (l’UDC avait gagné les élections) a mis un point final à la Suisse, un autre pays créé de toutes pièces en 1848 par les grandes puissances pour jouer le rôle d’Etat-tampon. Comme la Belgique, autre pays qui implose. »
a. L’UDC est sortie en tête des dernières élections avec un peu moins de 30% des voix (voir votre dernier message).
b. La manoeuvre est d’autant moins illégitime que l’accord entre les partis gouvernementaux - dit « formule magique » - prévoit le respect de la proportionnalité dans la répartition des sièges au gouvernement. Ce qui a été respecté.
c. La Suisse n’a pas été créée en 1848. On prend comme référence la date de 1291. En 1848 a été adoptée la nouvelle constitution qui a établi ce que l’on appelle « la Suisse moderne ».
d. Les situations suisse et belges sont très différentes.
« Bye Bye la Suisse. On vous regardera vous auto-détruire à la télévision. »
Votre sollicitude nous touche beaucoup.
« D’ailleurs maintenant 1/3 des électeurs ne sont plus représentés au gouvernement et deux représentants n’ont pas de parti !! »
a. Le premier point n’est pas un scandale (les partis gouvernementaux n’ont jamais représenté l’ensemble des élus).
b. A l’heure qu’il est, les deux conseillers fédéraux UDC le sont encore. Ils ont été exclus du groupe parlementaire, mais pas du parti.
« Quelle unité, vraiment ! Quelle unité et quelle concordance ! »
La rupture de la concordance est le fait de M. Blocher qui, en 2003, a exigé sa propre élection. Comme indiqué ci-dessus, la formule magique concerne les partis, pas les individus (comme le parti socialiste l’a appris à ses dépends quatre fois dans le passé). Si l’UDC oublie cette règle, c’est elle qui se met hors-jeu.