Ingénieur à la retraite (X 60, ENGR 65), connaisseur des données quantitatives sur les usages de l’eau. Déplore que le ministère de l’environnement et la statistique publique ne s’y intéressent pas, au delà de la rhétorique. Apprécie la démarche d’Erik Orsenna dans ce domaine.
L’eau en elle même ne rapporte rien, c’est son usage qui entre dans les échanges économiques, avec par exemple une augmentation du rendement des cultures irriguées, ou la possibilité de vivre en ville si elle est effectivement traitée et distribuée, puis épurée avant d’être restituée après usage domestique ou urbain.
Entrent en jeu donc les salaires versés à ceux qui travaillent dans les services et les industries correspondantes ou la production des équipements nécessaires, ainsi que les profits. La différence essentielle avec l’usage d’autres biens, comme une voiture ou une télévision, est que l’usage de l’eau est vital, et ne peut être considéré comme relevant de la loi de l’offre et la demande.
Ce n’est donc pas un marché comme un autre, pour la première des matières premières, comme le souligne Erik Orsenna dans l’exposé que vous trouverez sur le site de l’atelier « Usages de l’eau » de l’association Terre Démocrate, que vous trouverez facilement sur internet.
Je ne pense pas que les pouvoirs publics se désintéressent de l’eau, en tout cas pas au niveau des collectivités locales, qui tendent à suivre de beaucoup plus près les contrats de délégation de service public, ou rétablissent des régies directes.
En ce qui concerne le traitement des donnés disponibles sur les prélèvements, en relation avec le renouvellement de la ressource, les pouvoirs publics me semblent dans la ligne du désengagement de l’état, hérité du libéralisme monétariste de ces trente dernières années, y compris pour le rapprochement des données « régaliennes » (autorisations de prélèvement délivrées par la police de l’eau) et des données « fiscales » collectées pour fixer les redevances des agences de l’eau.
On ne fait donc en France, dans ce domaine, que ce qui est demandé au niveau européen (Directive cadre sur l’eau), avec un profil très bas pour ce qui est de la statistique publique (addition des chiffres globaux des agences de l’eau) et un traitement des situations de pénurie au coup par coup, par le niveau local, sans synthèse au plan national.
Je déplore cette situation, mal connue car peu abordée dans les médias, sauf brièvement en parlant de la « sécheresse ». Elle a comme justification une forme de « paresse intellectuelle » de beaucoup de hauts fonctionnaires, quand un problème est compliqué, mal référencé, et soulève beaucoup de polémiques, paresse qui « coïncide » avec une grande prudence des politiques (toutes tendances confondues, jusqu’à ce jour), qui ne voient pas de bénéfice immédiat a mettre le problème à l’ordre du jour.
Je ne suis pas sûr que les citernes soient obligatoires en Belgique. L’usage domestique de l’eau des citernes soulève en France, où elles semblent introduites à dose homéopathique, un problème de santé publique qui fait partie du débat sur les économies d’eau à usage urbain.