Un sinologue et ethnologue allemand a réfuté mercredi 23 avril une absurdité répandue par le Dalai Lama selon laquelle le gouvernement chinois a mené le « génocide culturel » au Tibet, et il a critiqué certains médias occidentaux qui ne laissent pas entendre les voix des Tibétains ordinaires.
Le Génocide culturel ? C’est complètement erroné !
« Le concept du ’génocide culturel’ est complètement erroné », a dit Ingo Nentwig, directeur du département de recherche du Musée de l’Ethnologie à Leipzig, dans une interview écrite accordée à Xinhua.
"La culture tibétaine a connu de nouveaux développements en Chine dans les domaines de la "langue, de la littérature, des études de la littérature orale, de la vie quotidienne et de l’architecture traditionnelle", a-t-il indiqué.
M. Nentwig a dit que la Chine a publié d’importantes collections de livres, des journaux et des magazines en langue tibétaine, et "il y a beaucoup de maisons d’édition non seulement au Tibet, mais aussi dans les provinces voisines et même à Beijing". Les auteurs tibétains écrivent dans la langue tibétaine et en chinois, des traductions tibétaines de livres étrangers sont également disponibles en Chine, et "il y a une académie de la médecine traditionnelle tibétaine à Lhasa", a-t-il précisé.
Contrairement à "certains représentants des milieux cléricaux, demandant l’indépendance du Tibet ou voulant exercer le pouvoir politique", qui décrivent la modernisation de la société tibétaine comme le "génocide culturel", "la plupart des Tibétains reconnaissent des perspectives d’avenir pour un Tibet moderne, qui fait partie de la Chine depuis toujours et qui est ouvert au monde moderne".
Assimilation systématique ? Hors de question !
M. Nentwig a dit qu’une immigration et une assimilation systématiques du Tibet à travers des implantations de Han sont simplement hors de question. "Si vous venez à Lhasa, vous avez l’impression qu’il y a beaucoup de Han qui représentent plus de 50% de la population à Lhasa", a-t-il dit, mais ils ne sont pas majoritaires. Ils y séjournent temporairement. Des soldats, par exemple, ont quitté le Tibet, quand ils ont été démobilisés ; de nombreux ouvriers de construction ne sont là que pour des projets de construction de routes ; certains officiels sont désignés pour travailler au Tibet - ça par rotation, - et quittent à l’expiration des délais.
Certains commerçants y ont ouvert des magasins et des restaurants, mais n’ont pas l’intention d’y demeurer longtemps.
"Mais une fois que vous sortez de Lhasa, vous rencontrez rarement un Han", a dit M.Nentwig, qui avait passé un mois au Tibet pour un projet de recherche sur le yak l’été de 2002. "J’ai fait mes études dans un district où il y avait 20 à 30 Han vivant parmi 50 000 à 60 000 Tibétains’, s’est-il rappelé. Il a dit que la proportion totale des Han habitant pendant de longues durées au Tibet est de 7%, alors que les Tibétains y représentent plus de 90%.
Même avec les résidents à court terme, les Han représentent environ 20 à 25% de la population totale au Tibet, tandis que les Tibétains représentent la majorité écrasante, soit environ 75 à 80%", a-t-il expliqué.
Les régions habitées de Tibétains dans les provinces du Qinghai, du Gansu, du Sichuan et du Yunnan, sont cependant plus diversifiées du point de vue ethnique et culturel, où les Tibétains coexistent pacifiquement avec des Hans et des membres d’autres ethnies, tels que des Huis, des Mongols, des Qiang, des Tu et des Salar depuis des siècles, a dit M. Nentwig.
Si des Tibétains exilés, sous les slogans "anti-assimilation" ou "anti-sinisation", vont combattre pour la prédominance culturelle ou politique des Tibétains, cela ira à l’encontre de la vérité historique et ce sera injuste pour tous les autres résidents de là-bas, a-t-il estimé.
Le chercheur a énuméré certaines raisons historiques et géographiques pour le développement relativement lent du Tibet, en comparaison avec d’autres régions chinoises. Une industrialisation globale "ne convient pas" au Tibet et son agriculture est également défavorisée par ses conditions naturelles", parce que de grandes étendues de pâturage ont une "mince couche de sol qui ne peut pas être cultivée," a-t-il estimé.
Il a attiré l’attention sur le fait qu’avant 1950, il n’y avait pas d’hôpitaux, ni d’écoles hors de l’éducation monastique. Tout en reconnaissant qu’un tel écart "ne peut pas être réduit du jour au lendemain", M. Nentwig a noté que l’espérance de vie au Tibet a augmenté, en passant de 35 ans dans les années 1950 à 67 ans de nos jours.
Il a acclamé la libération de la majorité des Tibétains du joug de servage, en la qualifiant de « grand progrès », ajoutant que la plupart des Tibétains se trouvent dans des conditions nettement meilleures qu’il y a plus de 50 ans. Il a dit que la politique nationale du gouvernement chinois est "énormément généreuse"et qu’il y a de nombreux exemples qui montrent que les minorités ethniques de Chine jouissent des traitements préférentiels.
« Les Tibétains, par exemple, peuvent généralement avoir deux enfants … et les Tibétains à la campagne peuvent en avoir trois ou même davantage, alors que la politique à enfant unique est appliquée chez les Han. »
"Le plus récent recensement a montré que ces 20 à 30 dernières années, le taux de croissance de la population des Tibétains est beaucoup plus élevé que les Han", a-t-il ajouté.
M. Nentwig a critiqué certains médias occidentaux qui font entendre seulement les voix de l’ancienne classe au pouvoir, c’est-à-dire les voix des représentants de l’ancienne théocratie, des aristocrates cléricaux et féodaux, qui avaient perdu leur pouvoir et qui ne peuvent "plus exploiter le peuple comme ils voulaient", tout en ignorant les voix des Tibétains ordinaires qui "ont une histoire tout à fait différente à raconter".
Admettant que l’approche de la Chine concernant les minorités ethniques doit encore s’améliorer, M. Nentwig a dit que si on veut critiquer la Chine, une telle critique devra être concrète, constructive et basée sur les faits. "Cela n’aide à rien, si des absurdités sont répandues comme l’ont fait et le font encore certains médias occidentaux", a-t-il conclu.