BHL dépasse des
Sartre, Mauriac, Ricoeur, Aron et consorts ; il les fait passer pour des
petits-joueurs de banlieue. Son analyse historique et géo-politique transforme
le travail scientifique et le militantisme de Pierre Vidal-Naquet en un
activisme de petit gauchiste de province…
Par sa clairvoyance
au fond de la nuit qui nous entoure tous, il surpasse les Lumières du XVIIIe s.
Montesquieu, Rousseau, remballez vos chemises à jabot et vos perruques, vos
n’égalerez à jamais ni la blancheur immaculée de la chemise de BHL (mince, il est
maintenant en tee-shirt à col déformé sous sa veste…), ni sa moumoute aux
accents tocquevilliens acquise aux valeurs démocratiques… Ex tenebris lux, BHL,
c’est un peu notre interrupteur différentiel bipolaire à tous, notre boule à
facette disco fièvre-du-samedi-soir-et-semaine-comprise-des-pseudo-débats-télévisés-de-première-et-deuxième-partie-de-soirée,
spécialement conçu pour éclairer nos esprits avec l’intensité d’un néon mal
réglé… Voir et écouter BHL, c’est un peu légitimer l’excuse de la ménagère
prise d’un soudain mal de tête le samedi soir juste avant de passer à la
casserole, parce que BHL fait mal aux oreilles, pique les yeux et on aimerait
tant être tout seul dans le noir, tranquille, en paix et surtout dans un
silence absolu.
BHL transpire le
penseur engagé, qui aime le terrain. Toujours là où on l’attend pas, il
s’affranchit ainsi de la diplomatie, des usages des relations entre Etats
définis dans le cadre du droit international, des Etats reconnus par l’ONU pour
se permettre de décider qui est plus légitime qu’un autre, qui doit bénéficier
du soutien des démocraties ou qui doit bénéficier des bombes des démocraties,
le tout dans une appréciation des faits à géométrie très très très variable
selon sa propre échelle de valeurs et selon la zone géographique incriminée…
BHL, c’est le ministre des Affaires étrangères définitif
que la France attendait depuis Clovis, c’est le Label Rouge de la démocratie.
Tel un nouveau Chuck Norris sans barbe ou un nouveau Steven Segall, il tétanise
par son aura, par sa puissance intellectuelle et par sa simple prestance tous
les adversaires de la démocratie, et il pourrait même par la seule force de sa
pensée renvoyer tous les occupants du Quai d’Orsay pointer à Pôle Emploi.
Cinéaste hors pair,
son éclectisme, sa hauteur de vue tellement himalayenne relègue la vision des
cinéastes de ces 40 dernières années au niveau des pâquerettes version Minimoy. Sa maitrise de la langue
française donne un tel relief à ses
scénarios et à ses livres qu’il nous propulse ailleurs,
dans un autre monde de perceptions ineffables. Sa maitrise inégalée dans l’art
de la (sa) mise en scène devant et derrière la caméra est digne du grand leader
Kim Il Jung. Car, comme le fondateur de la dynastie nord-coréenne qui se
croyait être la source de tout, il arrive à capter ce que personne d’autre
n’arrive à apercevoir (et surtout toi péquin moyen, sale petit Français raciste
de base). Car BHL voit, il perçoit dans
un mode quasi-christique ce que les autres ne remarquent pas… BHL, c’est
Jésus-Christ en haut de la montagne encadré par les prophètes Elie et Moïse,
apportant la bonne parole de sa
conception de la démocratie aux apôtres endormis (en fait à toi public inculte
et inconscient des réalités de ce monde qu’il faut éduquer, ndlr).
Parce que BHL c’est
le symbole de la démocratie à portée de main et expliquée à des péquins de
base, un peu comme le furent dans le domaine automobile la deuche ou la
coccinelle. BHL, c’est la Volkswagen qu’il te faut pour parcourir à tombeaux ouverts et en mode Easy Rider l’
autoroute du droit d’ingérence, autoroute revêtue comme il se doit de béton
armé pour mieux faire passer les blindés des démocrates va-t’en-guerre qui,
eux, restent toujours planqués dans leur confortable salon (et que l’on peut
assimiler aux petits notables louis-philippards de Plassans si bien décrits en
son temps par Zola) pendant que les maris, fils ou filles de Français lambda se
font trouer la peau sur le front équipés en partie avec du matériel obsolète,
défectueux, usagé…
Alors, en bon
démocrate militant, convaincu de la justesse de son analyse et de son message,
il s’arroge le droit d’imposer autoritairement son œuvre cinématographique dans
un festival de portée international bien connu en faisant fi de tout règlement
et procédure… Il est vrai que l’importance de son message au monde ne peut
attendre et sa position d’intellectuel (c’est lui qui se définit comme ça, ndlr
& mdr…) lui permet de s’affranchir de tout… Comme Max, Il est libre le
BHL… Le combat pour la démocratie selon et en mode BHL mérite bien cela.
Signe du temps
présent, on le cite même dans des ouvrages étrangers d’une portée
incommensurable dans l’évolution de la pensée humaine qui feraient pâlir
Thucydide, Socrate ou Aristote s’ils étaient toujours vivants. Tel ce
magnifique Choc des civilisations de S.
Huntington, signe que BHL apporte modestement
sa petite pierre à l’édification d’un monde plus sûr (c’est vrai un monde
communautariste, racialiste, raciste teinté de valeurs post-démocratiques dans
un contexte d’organisations politiques continentales vaudra toujours mieux que
l’exercice de la démocratie tout court dans le cadre d’un Etat-Nation). Nouveau
prophète de la démocratie, ses œuvres seront sans doute dans quelques années
imprimées sur du papier Bible (!) et publiées dans la collection La Pléiade,
permettant ainsi aux générations futures de s’imprégner de la puissance de son
Verbe. Et certains redécouvriront alors avec bonheur la force de sa pensée après avoir récupéré
leurs premières éditions de l’Œuvre du grand maître qui servaient jusqu’à lors
à caler leur armoire scandinave à monter soi-même… Ils seront pris d’effroi de
ne pas avoir perçu la portée universelle et atemporelle de sa pensée, reléguée
jusqu’alors à un rôle de cale-pied. Preuve encore que nul n’est prophète dans
son pays et qu’on redécouvre toujours l’importance d’une œuvre après la
disparition de son auteur. Mais disparaitre c’est aussi savoir mieux revenir
dans l’imaginaire collectif et, comme Elvis, entrer ainsi dans la légende…
Alors assisterons-nous peut-être à des superproductions BHLiennes avec le
maître enseignant en mode holographique auprès de jeunes padawans, à l’instar
d’un Claude François, Mike Brant, Dalida et Sacha Distel réapparus magiquement en 3D dans une comédie
(lol) musicale récente…
Parce qu’en fin de compte, BHL, c’est la
pensée parvenue au paroxysme du degré zéro, l’alpha et l’oméga de l’évolution
intellectuelle, une pensée pétrie de suffisance à vocation mondialiste donneuse
de leçons mais arrivée en phase terminale, bref une pensée sans intérêt à
euthanasier d’urgence.
Conclusion : ce
monsieur ne vaut vraiment pas la peine qu’on s’intéresse à ce qu’il dit, ce
qu’il fait, ce qu’il écrit.