Et bien, je suis étonné de voir ici un article sur le « Festival des cultures alternatives ». L’article est neutre mais relativement court et objectif. Je comprends ton désarroi concernant la diversité musicale. C’est d’ailleurs un point qui me heurte. Pour ma part je n’ai jamais compris que dans un mouvement qui se dit libre (et qui de fait, a réussi à s’octroyer pas mal de libertés) la diversité musicale soit tellement étriquée. Que dans le cadre d’une organisation légale, avec des gens qui payent une entrée, et qui s’attendent à trouver un style précis, la musique soit réstreinte, je peux le comprendre. Mais dans ce genre de festival, où les sounds systems n’ont pas cette pression-là, je comprends pas...Mais évidemment, il est plus facile de se brosser l’égo dans le sens du poil en donnant au public ce qu’il a envie d’entendre, en se masturbant sur ses ovations. Personnellement, et là c’est le dj que je suis qui s’exprime, j’ai toujours eu la démarche inverse. A savoir, heurter le public avec une musique non formatée, et par ce biais l’éduquer (excusez si ça peut paraître prétentieux) et l’ouvrir à d’autres choses. Je ne fréquente plus ce genre d’évènements en France depuis 2003 (mon dernier teknival français devait être celui de Marigny, j’en ai fait pas mal d’autres depuis, mais ailleurs en Europe...). Pour avoir commencé à fréquenter ce genre d’évènements avant 2000, je peux vous dire que ça a pas mal changé. Bon, je vais pas ressortir le couplet/refrain « C’était mieux avant ». Mais quand même. A cette époque flottait une vraie atmosphère de rebellion et de D.I.Y. (Do It Yourself). Désormais, depuis que ça a été politisé et pris en charge par l’état, ca rime plus à rien. Assistanat et consumérisme, voilà ce qu’il en reste...
Bref, on est bien loin des T.A.Z., ces Temporary Autonomous Zones théorisées par Hakim Bey (pour ceux que ça interesse, tapez ’TAZ’ ou ’Hakim Bey’, son essai sur le sujet est disponible gratuitement sur le net, et ne concerne d’ailleurs pas (loin de là) que les rassemblements festifs spontanés). Dans tous les cas, nombreux sont ceux - surtout les plus agés - qui ont compris que c’était pas dans un festival sponsorisé par l’état qu’ils allaient trouver une certaine autonomie vis à vis de l’art mercantile. Ces gens, dont je suis, c’est au fond des bois et en petit comité autogéré que vous les trouverez. Où encore, sur le net, via les nombreuses webradio, qui permettent encore - pour l’instant - à la culture musicale alternative de s’exprimer. Mais pour en revenir au sujet précis de l’article, à savoir le teknival de Toul-Rosière, qu’il n’y ait eu ’que’ 30000 personnes n’est pas un mal. Ca change de la foire du trône façon Chambley. Par chance cette année, le 1er gros évenement de ce genre a eu lieu entre les deux tours des élections présidentielles, du coup, les médias ayant d’autre chats à fouetter n’en ont pas fait leurs choux gras. Ce qui explique sans doute la faible affluence de cette année. Enfin...faible affluence, c’est tout relatif. Car a l’époque ou les teknivals n’étaient pas sponsorisés par TF1 et l’état, l’affluence moyenne se situait plutôt entre 10000 et 20000 personnes. Et à cette époque là, se retrouvait un vrai microcosme impliqué, pas une masse de touristes en mal de sensations fortes qui, pour trouver le lieu de la fête allument leur télé et attendent le JT pour savoir où se trouve le fameux ’teknival’. Mais tout n’est pas mort, en veut pour preuve, le ’teknival des insoumis’ que tu as évoqué dans ton article. Cet évènement n’a certes pas eu le succès du ’légal’, mais montre bien qu’un certain nombre de gens dans ce milieu ne sont pas dupes et essayent de rattrapper le coup en organisant de vraies T.A.Z. à l’ancienne. Que l’on ne s’y trompe pas, ce mouvement teknoïde est capable de véhiculer un message subversif. C’est même un des rares à avoir su le faire ces 15 dernières années. Mais la médiatisation à outrance à eu la peau du truc. Heureusement, à l’image des T.A.Z., si ce mouvement disparaît, se meurt, c’est pour mieux renaître ailleurs.