On trouve peu de renseignements sur ce Franco-algérien âgé de 60
ans. 1984. Avec deux autres hommes, Yahia Gouasmi est soupçonné d’être
impliqué dans un attentat manqué contre un journaliste iranien opposant
au régime islamiste à Londres. Juste soupçonné. Il demeurera un mois à
la prison de Loos-lez-Lille au secret, avant d’être remis en liberté
faute d’éléments probants. Pas de conclusion hâtive, mais cela invite à
en savoir davantage sur ce boucher halal dunkerquois.
Envoyé spécial permanent pour RTL dans la région (de 1979 à 1998),
Jean-Noël Coghe a approché Yahia Gouasmi à de nombreuses reprises.
Vingt fois ? Trente fois ? Il ne sait plus au juste. Il se souvient même
avoir organisé, par deux fois, une entrevue entre le Franco-Algérien et
les Renseignements généraux. Il évoque un homme courtois, un homme de
convictions, emprunt de spiritualité. Un homme habile aussi. Dans son
livre Le Blues du reporter (éditions Le Castor Astral, 2002
(***)), il relate ces diverses rencontres. Le nom de Yahia n’apparaît
jamais, mais il est question d’un certain Yazid. Un pseudo pour
désigner le même homme. Jean-Noël Coghe raconte ces rendez-vous sur le
littoral nordiste où Yahia-Yazid veille à ne pas être suivi. Arrête le
véhicule à une cabine téléphonique parce que c’est plus « sûr »
que le radiotéléphone. Demande à ce que sa voix soit masquée durant une
interview… « Ya-ya » est alors une source d’information précieuse.
Capable de devancer les dépêches d’agences de presse lors d’un
bombardement irakien sur Téhéran. Capable de prédire encore la vague
des CCC en Belgique (les Cellules combattantes communistes dans la
mouvance d’Action directe). Comment dispose-t-il de ces infos avant
tout le monde ? Grâce à un solide carnet d’adresses, à l’évidence.