Le journalisme dit citoyen vient de faire une vague genre Tsunami. En effet, un des fondateurs de Rue89, Michel Lévy-Provençal vient de quitter le journal pour raison de trahison manifeste du projet inaugural.
Ce cyberJournal devait être une tribune sachant réunir les compétences des spécialistes des questions contemporaines, puis de journalistes professionnels, aussi de blogueurs et internautes. Et dès les premiers jours, et selon Lévy-Provençal, ce fut la ruée des pros du journalisme venus de Libé, qui ont aussitôt squatté la Une. Il est simple de faire quotidiennement le mécompte des articles publiés par des blogueurs ou des internautes, qui sont le rare.
Par ailleurs, il est une autre trahison du projet inaugural, que l’heureux désertant a dénoncée avant de fiche le camp, et comme d’autres l’ont fait avant lui : A la vérité et d’arrivée, Rue89 s’est présenté comme un appareil de l’opposition à Sarkozy. Ce qui est un droit, mais alors faut-il encore l’annoncer en bandeau explicite sur sa figure de Presse en Une.
Comment prétendre encore à représenter une liberté globale de l’expression citoyenne, quand les voix divergentes seraient écartées et sous le couvert d’une rédaction entendue ? Et qu’il ne reste en Une que le groupe remonté à la seule clé de l’anti-sarkozysme, tout comme dans Libé.
Ainsi que le dit Lévy-Provençal, le slogan inaugural du projet est donc amplement trahi, puisqu’il est devenu un mensonge. Et c’est une tendance qui s’est espacée, non seulement dans Rue89, mais dans la plupart des médias dits libres ou citoyens sur le net. Qu’ils militent ouvertement pour renverser Sarkozy et minorer ou tenter de disqualifier ou écarter ceux qui voudraient nuancer cette tendance malhabile dans l’opinion.
Car aujourd’hui et après cette démission de Lévy-Provençal, le bout ou le point de fuite de cette équipée sauvage sait uniquement et vastement jeter un trouble sur toute information censée ne plus être objective. Mais plutôt qu’elle servirait toujours un projet politique. Lévy-Provençal dit explicitement que Rue89 échouera, et par la faute de cette trahison... nous ajouterons, au parfum manipulatoire, ou à tout le moins désinformateur.
Il suffit de lire les Unes des journaux citoyens pour comprendre que l’excès de zèle opposant a mené dans la dernière impasse. Car on ne peut imaginer comment d’aucuns pourraient plus encore gaver leurs Unes avec d’autres articles plus critiques du gouvernement. Et pour occuper les esprits avec des affaires de bas détails et contingences inintéressants dans le fond. Quand la ménagère du siècle de la grimpette de l’euro pousse son caddie, comme le Sysiphe camusien roulait sa pierre de touche en haut de la pente pour être aussitôt écraser par son rebours descendant.
Il est probable qu’une autre version de ces projets citoyens se manifestera bientôt. Et que ces journaux désormais trop politisés et orientés resteront dans leur niche, qu’ils sauront exploiter sans trop d’encombrements de voix divergentes. Et la liberté de ton et de parole se trouvera nécessairement ailleurs. Où Lévy-Provençal ira voir. Et qu’il y a là dans l’ailleurs, des espaces et probablement des récompenses en grands royaumes de paroles sincères et libres.
Vrai, que dans les forums de Rue89, c’était la curée quotidienne contre toute petite voix qui osait soutenir une pensée vaguement légitimiste de la Présidence actuelle. Et ça ne pouvait satisfaire les exigences de Presse libre dans un pays démocratique.
J’y vois pour ma part, dans cette démission, un avertissement sérieux et solennel exprimé aux autres journaux citoyens, qui sont bien avancés dans cette dérive, qui n’est pas malheureuse... Puisque le système internétique s’auto-régule comme une bonne vieille structure intelligente. Et que les projets détournés, mêmes s’ils furent pionniers en leur temps, seront vite abandonnés par leurs forces vives, comme il convient.
Au fait... L’auteur Massouchose ne sait même pas que faire long feu veut dire ne pas durer longtemps. C’est pourquoi il se plante dans son texte en disant que le Président n’a pas fait long feu, alors qu’il a fait ce qu’on appelle "long feu" selon ce qu’il voulait dire. Faire long feu c’est quand le pétard ne pète pas.