J’aime bien cet article, qui laisse apparaitre des préférences sans se montrer partisan, et qui essaie d’abord de comprendre. Moi-meme favorable à Bayrou, je suis assez lucide pour penser qu’il risque bien d’arriver 3e... quoique Et de toute façon, contrairement à ce que dit un précédent commentateur de l’article, s’il devait finir à ce rang, son ascension ne serait que partie remise.
1° Il aura triplé son score précédent (du jamais vu), drainé des foules monstre - à l’échelle UDF !- à des meetings survoltés ;
2° Il créera son nouveau Parti Démocrate, qui fera passer l’ex-UDF à un tout autre rang, celui de grand parti ;
3° Pour le 2e tour, il sera au centre du jeu (toujours au centre
4° Et pour la suite, soit il aura négocié un accord type Rocard avec Ségolène victorieuse (certains veulent y croire...), soit il sera dans l’opposition autonome face à Sarkozy.
Ce serait un sérieux changement des conditions du débat public - SAUF QUE l’occasion historique de moderniser enfin (enfin !) le PS aurait été manquée.
Dernière conséquence de ce qui vient de se passer : le Bayrou transfiguré que nous avons suivi dans cette campagne vient de prendre une stature de véritable homme d’Etat ; seuls ne le voient pas les sectaires, ou les M. de La Palisse du « je suis de gauche, je vote à gauche », etc. Un homme cultivé, qui sait écrire et parler, qui vous touche aux tripes comme à la culture. Cela ne vous rappelle pas quelqu’un, autour des années 70-80 ? Autrement dit, il sera devenu LE recours. Le Béarnais madré et patient saurait jouer de cette carte, n’en doutons pas.
Encore un mot ou plutot deux, pardon d’etre long. J’ai pu vérifier les effets irrationnels du traumatisme Le Pen de 2002. Sur les sondeurs et les médias, sans doute, comme le dit excellemment l’auteur de l’article. Mais plus directement et massivement sur les électeurs. Témoignage personnel : les collègues, amis,connaissances les plus repliés sur le vote « Royal, quoi qu’il arrive » sont ceux qui en 2002 avaient voté Taubira, Chevènement, Mamère. Ceux-là sont inaccessibles à toute argumentation : démarche de repentance qui pourrait intéresser des psychologues.
Enfin, j’oserais dire ce que beaucoup pensent et que nul ne (s’)avoue. Si Bayrou n’est pas 2e dimanche, il ne devra pas ce demi-échec à la qualité de la candidate socialiste (la charité me retient d’en dire plus), mais, en plus de l’effet Le Pen, à sa qualité de candidatE. Elle en a joué parfaitement depuis le début, et j’ai vu des ami(e)s, des maris d’amies perdre tout sens critique sur ce point. La pétition sur « une femme qu’on veut abattre », ou qq ch d’approchant, en a donné une image caricaturale. Une éventuelle qualification de Mme Royal sanctionnerait le débouché dans la « haute » politique de toute une série de petits lobbies féministes semi-spontanés que l’on voit se manifester un peu partout depuis quelques années.