Votre avis m’intéresse ... parce qu’il est sociologiquement intéressant.
En effet, il est intéressant de savoir que dans une démocratie, l’une des plus abouties au Monde, que malheureusement le nabot a un peu emboutie (désolé, c’était trop tentant !), dans cette démocratie, qui porte au plus haut les valeurs de respect de la vie, qui a mis en place tous les garde-fou nécessaires à la préservation des citoyens contre l’arbitraire, qui a légiféré comme il le faut pour cela (art.11 DDHC qui je le rappelle fait partie du bloc de constitutionnalité, loi 91-646 codifiée dans les articles 100 à 100-7 CPP, art. 226 CP, sans parler du pouvoir du juge qui en général n’aime pas trop qu’on badine avec ces principes), dans cette démocratie donc où finalement chacun est libre de faire ce qu’il veut de son cerveau du moment qu’il ne contrevient pas à la Loi, et qu’une action à son encontre ne peut être initiée que si l’on dispose d’éléments sérieux qui laissent à penser que la Loi a été violée, dans cette démocratie disais-je, on va donc trouver - après tout, c’est statistique - des individus qui trouvent tout à fait normal que des systèmes existent qui viennent fouler tous ces principes ...
Je vous le redis donc en langage pour les mal-comprenant : Amesys a conçu pour la Libye un système qui, par construction, viole tous les principes mentionnés ci-dessus. Même Blanche-Neige aurait pu postuler au hall of fame du KGB si elle avait utilisé cet outil ! Il suffit d’appuyer sur un bouton pour avoir le nom, les discussions, l’adresse de la petite amie, du gars complètement inconnu de la police qui a un moment donné envoie un message à un copain en disant que ça lui ferait plaisir de discuter avec lui des dérives autoritaires de son pays. Ca imprime un peu, là ? Vous pensez vraiment que c’est le genre d’outil qu’on a le droit de fabriquer, comme ça, parce que ca rapporte de la thune ? Puisque vous aimez les métaphores domestiques, et bien, essayez d’imaginer que en 2006, alors que tous ses concurrents proposaient des paires de ciseaux, Amesys fabriquait tranquillou des tronçonneuses, avec option lance-flamme, et option bombe sale moyennant la formation appropriée.
Alors oui, votre avis m’intéresse. Mais le reste, votre raisonnement, ou plutôt devrais-je dire la juxtaposition de poncifs et de scories de rédaction de collège, vous pouvez vous les garder !!!
Ah, j’ai failli oublier : grâce à Dieu, le nabot n’est plus au pouvoir. Spécial dédicace, MDR ...
2/ je sens poindre dans votre derniere proposition a propos de « livres sacrés » un truc assez nauséabond. Je vous ferai remarquer que la doctrine des civilisations supérieures a subi une claque aux dernieres elections et a donc rejoint les poubelles de l’histoire.
Monsieur menou69, je salue votre connaissance du dossier. A mon sens, si vous voulez aller plus loin, je pense que vous pouvez explorer intellectuellement les 2 pistes suivantes :
* la société Amesys a fait, depuis 2006, le pari de se différencier des autres fournisseurs de grandes oreilles par un argument massue : « nous sommes les seuls à tout intercepter et tout stocker. Vous, client, êtes ensuite libres d’aller regarder ce qui s’y trouve et si cela peut être intéressant. » Donc, on peut le dire, c’est une incitation à s’asseoir sur tous les principes constitutionnels de respect de la vie privée, qui veulent qu’un début d’élément ou de soupçon à l’encontre d’un individu déclenche une écoute à son endroit. Et la base de la coopération policière et juridique internationale est justement avant tout de promouvoir les normes ainsi établies dans les pays dits développés (mais parfois je me demande quels sont vraiment les pays développés). Difficile alors de prétendre qu’on se place sous les auspices de la coopération internationale et que ce sont ces méchants sauvages qui ont fait n’importe quoi avec notre bel outil bien civilisé.
* Vous mentionnez le contrôle de ces outils. L’analyse juridique est formelle : un tel outil n’avait pas besoin de passer par une procédure d’autorisation. Si infraction il y a eu, c’est peut-être si l’outil en question embarquait des moyens de chiffrement non-déclarés. Mais de vous à moi, je pense qu’ils ont été déclarés aux services compétents Cela renvoie donc à 2 réflexions :
a/ évidemment, il faut renforcer le contrôle à l’export de ces outils, pour s’assurer qu’ils ne permettent pas tout et n’importe quoi (pour faire bref)
b/ le contrôle doit avoir lieu BIEN EN AMONT : un tel projet, avant d’être ouvert chez l’industriel (soit 2 ans avant sa vente en moyenne), doit passer sous l’oeil d’une commission « ad-hoc », composée de sachants et d’élus. Quand la société Amesys a lancé son projet, extrêmement innovant et coûteux en R&D, il est évident que cela a été un choix structurant pour elle, il est donc facile de contrôler ce genre d’opération. Nos sociétés contemporaines ne devraient pas laisser ce genre d’initiative à la seule appréciation de chefs d’entreprise, dont la qualité principale n’est sans doute pas l’humanisme ...