Je note que vous n’avez guère réagi à la première partie de mon intervention.
Pour le reste, il n’est pas aisé de déterminer si un système est chaotique ou non. Et il paraît assez présomptueux, dans l’état de nos connaissances, d’affirmer que la météorologie l’est.
« Auparavant un cygne noir n’avait d’effet que localement, mais ce n’est plus le cas »
Cette affirmation est erronée. Les phénomènes physiques (du type explosion volcanique) ont de tout temps pu avoir des effets globaux.
Ce qui est modifié, c’est l’ampleur que prennent ces phénomènes (on parlerait de « volatilité ») au niveau des coûts tant humains que matériels. Et encore...on pourrait en discuter s’il s’agit d’une ampleur absolue ou relative. (1 mort en -57 n’a pas la même répercussion qu’un mort en 2010)
Il me semble que vous faites un peu trop vite appel aux processus chaotiques pour justifier de l’inutilité de la modélisation. Mais celle-ci n’est (et n’a toujours été) qu’une approximation de la réalité. C’est en prenant en compte cet élément majeur que l’on reconnaît l’incertitude qui nous entoure.
Enfin, il s’agit de rappeler que les lois à l’origine de ces phénomènes physiques ne sont pas, par nature, chaotiques. C’est leur accumulation et la propagation des incertitudes qui nous empêchent (dans l’état de nos connaissances actuelles) d’en obtenir une modélisation plus fidèle. Si l’on arrivait à discrétiser notre atmosphère au centimètre près et à faire tourner les modèles sur une telle grille en tenant compte de l’ensemble des effets possibles, on trouverait des solutions très proches de la réalité. Malheureusement, la puissance de calcul étant limité, on n’est pas prêt d’y arriver...
Je suis navré mais l’assurance peut jouer le rôle d’un produit financier. Une assurance-vie par exemple.
Un contrat d’assurance est un contrat de transfert de risque voulue par un acteur qui n’a pas les capacités (souvent au sens financier) de faire face à sa réalisation. Mais l’assurance n’est pas sensé influencer sur le risque transféré.
Et c’est là, malheureusement, que le bât blesse.
Tout comme une personne souscrivant à une assurance dégâts matériels automobile aura tendance à faire plus d’accidents, il se peut que la souscription de CDS influence la réalisation ou l’ampleur du risque assuré.
C’est un problème qu’il s’agit de régler mais il ne faut pas non plus exagérer son impact. Sur des marchés fortement liquides (i.e. avec un nombre d’acteurs important) il est très difficile (voire impossible) de manipuler les cours. Et encore moins sans se faire remarquer.
"Sans doute que les architectes majeurs de cette usine à gaz financière
savaient pertinemment que la moindre étincelle pourrait entrainer une
série de défauts en cascades (ce qu’on appelle le « risque systémique »).«
Je me permets de réagir car il s’agit là d’un léger raccourci. Il y avait un manque de connaissance (et de modélisation) flagrante sur ce type d’événement »extrêmes" qui est un des facteurs clé dans l’écroulement de certains acteurs financiers exposés au CDS.
Si, qualitativement, on pouvait discuter du risque systémique (engendré par la dépendance entre les différents acteurs/actifs financiers), quantitativement, c’était le désert. Ou presque.
Le mécanisme que j’ai décris est celui de base. Et c’est le seul qui devrait être appliqué.
Maintenant, il me semble (je n’ai pas lu toute la littérature à ce sujet) que les CDS peuvent poser un problème lorsqu’ils sont « à découvert ». Mais on se rapproche plus là de la manipulation des cours (liés à un marché pas suffisamment liquide) et qui devrait, à mon sens, être réprimé.