« une série de modifications des règles de gouvernance qui font consensus (sauf exceptions très politisées). »
Ce n’est pas exact pour ce qui concerne la question du recrutement, pour ne prendre que ce point que je connais bien pour siéger dans toutes les instances locales et nationales concernées : la création de « comités de sélection » nommés par le Conseil d’Administration (qui ne peut évidemment pas comporter des représentants de toutes les disciplines et agir en connaissance de cause), appelés à remplacer les commissions de spécialistes élues par les pairs ; le droit de véto du Président sur l’ensemble des recrutements, aussi... tout cela paraît bien saugrenu.
Qu’on fasse donc plutôt plancher les universitaires eux-mêmes, ils ne manquent pas d’idées pour pallier les dysfonctionnements qu’ils connaissent. A eux de proposer à la société ce qui leur semble juste, puis que le gouvernement tranche. Ces incessants coups de boutoir d’en haut, venant de ministres et de cabinets ministériels si mal informés, sont intolérables, et mal vécus par les acteurs de l’université.
Vous écrivez :
« L’insertion professionnelle, »nouvelle mission« de l’université, est donc probablement une erreur : l’université se doit de former. L’insertion relève du monde du travail. »
Entièrement d’accord, mais combien de nos collègues partagent cet avis ? Et peut-être faut-il tenir compte de la distinction existante entre « filière professionalisante » et « non professionalisante » ?
Les enseignants-chercheurs me donnent l’impression de gober et adopter docilement tous les mots d’ordre des politiques. Tenez, cette idée de l’ « échec à combattre » comme pierre de touche des réformes, comme si la vocation de l’université était d’accueillir des étudiants dans le but de les en faire sortir au plus vite (ce qu’on appelle la réussite). Commençons par définir la réussite suivant des critères raisonnés, adaptés aux matières et à leur logique propre.
Une impression, mais j’ai peut-être tort : pour que les débats travaillant la communauté universitaire soient entendus par la société, il faudrait que les batailles concernant les missions de l’université (recherche et enseignement) fûssent plus nettement distinguées des revendications salariales. C’est peut-être là que votre philippique contre l’action des syndicats fait sens.
Sur la réforme : les pouvoirs renforcés accordés au Conseil d’Administration et au Chef d’établissement vous paraissent-ils une bonne chose ?