Il semble, en ce matin pluvieux de lendemain d’élections
européennes, qu’à entendre les explications mi gênées, mi fatalistes des ténors
UMPS et autres sur la « branlée » (dixit Cambadélis) que vient de
leur administrer le Front National, qu’ils n’ont toujours rien compris à ce qu’ils
ont pourtant sous les yeux depuis des années. Il faut reconnaître qu’ils ne
sont pas aidés par le monde de l’information (presse, télévision, radio, journalistes,
documentalistes…), qui s’entête dans sa mièvrerie chronique à pointer son
miroir médiatique vers les visages bronzés des pseudos-élites expertes du monde
politique. Il est aussi vrai que les premiers dépendent directement des seconds…
Personne en France ne voterait Front National s’il avait une
alternative. Seulement il n’y en a pas. De tous les partis, gauche, centre ou droite,
grand ou petit, un seul pose les bonnes questions : le FN. Tout le monde
sait qu’il n’a pas les bonnes réponses. Mais au moins il ne se trompe pas dans
l’énoncé des problèmes. Même le plus mauvais des médecins sait que l’éventuelle
guérison d’une maladie commence par son diagnostic. Tandis que la classe
politique française, elle, ne la l’a toujours pas compris ! Trop occupés à
faire de la surfacturation, à médire des concurrents (quand ce n’est pas de
ceux de leur propre parti), à traficoter les chiffres ou à bourrer les urnes,
nos trop chers politiciens continuent à faire du bruit, à battre des ailes, à caqueter…
Si au moins ils acceptaient d’ouvrir les yeux sur ce qui les entoure, sur la
réalité et non leur réalité. Si, au lieu de considérer comme normal et
nécessaire d’augmenter les impôts de ceux qui en paient tout en augmentant le
nombre de ceux qui n’en paient pas, ils commençaient par baisser d’autant leurs
revenus de cumulards privilégiés, peut-être auraient-ils une chance de
comprendre ce qu’il se passe… S’ils comprenaient que ce n’est pas en faisant
cirer leur Berlutti dans les salons de l’Elysée qu’ils pourront comprendre le
sentiment de trahison qu’éprouvent les milliers de travailleurs licenciés
chaque mois depuis des années et des années…
Si enfin, au lieu de jeter systématiquement l’anathème sur
le FN, ils analysaient sa manière de regarder le pays. Non plus à l’aune de
leurs chères valeurs dont tous se drapent pour mieux voiler leurs quotidiennes
trahisons, mais tout simplement de la réalité.
Oui, l’immigration, le chômage sont les problèmes majeurs de
la majorité des Français. Qu’ils soient blancs, noirs ou de toute autre couleur
de peau. Comme l’immigration et le chômage sont le problème de la majorité des
Européens. Il n’y a pas déconnexion entre ces deux niveaux. Et ce n’est pas en
s’engageant, moi président, promis, juré, sur une baisse du chômage pour
septembre, puis décembre 2013, puis 2014, puis 2015 que la France se mettra à
croire aux âneries de sa classe politique.
Alors, quand la France n’a plus qu’un Ribéri exilé pour
incarner le succès, on comprend qu’elle puisse trouver du charme au discours bleu
marine…