E.P. Aussi vieille que le monde... Ainsi des graffitis
rupestres qu’une interprétation pieuse ramène à quelques rites magico-religieux.
Cette naïveté d’experts puritains ne saurait tromper quant à la probable
intention des « premiers artistes de l’humanité » : ladélectation procurée par la représentation des choses du
sexe.
Et si la pornographie n’était que la manifestation d’un goût
débordant de la vie et de l’ivresse procurée par la pulsion
génésique ?
Qu’ y-a-t-il de « fascinant » dans le
porno ?
Le vide du sens.
L’alibi de la « chair », cette diversion et ce travestissement
chrétien, a disparu.
La « chair », c’est l’union mystique de l’âme et du corps -«
faire une même chair »- où se mêlent la valeur, la romance, le plaisir et la
reproduction biologique et grégaire... Tout au contraire, dans le porno, l’ «
amour » est ramené au « jeu des corps » ; l’ émotion romantique -c’est-à-dire
mensongère- est évacuée. Demeurent l’excitation, le plaisir et l’ambiguïté de la
tension qui se réduit dans l’acte.
Evacuation de la « tendresse » et de la « caresse », idylles
kitsch.
D’où le glissement sado-masochiste toujours
possible.
VARIATION.
Le porno est le refus des complaisances et de la sentimentalité caressante, par la
mécanisation des gestes répétitifs, des attitudes et des postures. Il possède un
caractère spectaculaire et scandaleux par delà les interprétations douteuses dont les âmes pieuses
l’habillent afin de lui procurer une présentation décente. Ni esthétique, ni cérémonial religieux de mise à nu ( G. Bataille
), encore moins rituel de pouvoir, il est plutôt de l’ordre de la gymnastique des corps qui jouissent et
s’offrent au regard en toute « innocence », pour le plaisir...du Roi Candaule (
Th.Gautier ).
Le porno est reposant. Au-delà de la pitié, de la cruauté et de
« l ’amour », il nous éloigne de la mauvaise foi et de la tartufferie des " bons
sentiments ".Il nous libère
dela malédiction de l’amour
- carc’est l’amour seul qui
amène par ses fantasmes et ses exigences infinies, la cruauté, la violence et la
haine ( Lucrèce ).
Absolue immanence de l’usage des plaisirs et des corps, le
porno est refus de toute transcendance psychologique, éthique, religieuse ou
esthétique.
Ni obscène, ni abject -catégories morales à usage du ministère
public-, extérieur au « monde des valeurs »,le porno est l’athéisme des
corps.
En ce sens, les images de F. Bacon -la
viande-, sont « pornographiques », dia-boliques, dépourvues de tout
pathos maternel.
*Généralisation
Le monde est donc pornographique puisqu’ ob-scène et
a-sensé.
Simple juxtaposition de chaos général et d’îlots d’ordres
aléatoires et provisoires...
L’être n’est qu’une variation sur le thème de l’entropie et de
son contraire.
Ce monde « héraclitéen » ne manifeste en effet que l’incessant,
répétitif et monotone combat de l’ordre et du désordre et sans le moindre mystère, dans le simple
appareil d’une naïveté que l’on vient d’arracher au
sommeil...
Mais tout a une fin ; y compris l’intérêt supposé qu’on lui
peut accorder.