Le Sommet européen n’a pas encore rendu ses conclusions mais déjà Monsieur Van Rompuy fanfaronne.
Il a de quoi : l’eurolibéralisme chevronné dont il se veut le chantre
vient de franchir un cap décisif de son institutionnalisation. Les
détails suivront. Sans doute y a-t-il eut quelques modifications
mineures. Mais pour mla partie économique, l’essentiel réside dans les
trois points suivants.
Le « Pacte pour l’Euro plus » a été adopté. « Plus » ?
Six Etats non membres de la zone euro ont décidé de le rejoindre. Il
s’agit de la Bulgarie, du Danemark, de la Lettonie, de la Lituanie et de
la Roumanie. Et en « plus » ils ont entériné l’alignement sur les
meilleurs engagements des Etats participants. Le Pacte pour l’Euro,
c’est quoi déjà ? C’est la baisse des salaires obligatoire, le règne
indiscutable de la concurrence libre et non faussée dans tous les
secteurs d’activités, la casse du code du travail et la
constitutionnalisation de la rigueur budgétaire à la sauce libérale
(coup d’arrêt aux dépenses de services publics, baisse des impôts sur
les sociétés et les revenus, hausse de la tva). Ce Pacte doit être
décliné annuellement par les Etats participants qui s’engagent à remplir
des objectifs précis sous contrôle de la Commission européenne.
Prochaine étape en Avril : tout le monde devra présenter ses projets
d’objectifs. Le Semestre européen (mainmise de l’UE sur les budgets nationaux) continue.
Il avait commencé en Janvier avec l’examen de croissance (première
étape du Semestre) par la Commission européenne. Au menu : la réduction
des charges sociales pour les employeurs, la flexibilisation des
salaires et de l’embauche, la flexibilisation du temps de travail et
promotion du télétravail, l’augmentation de l’âge de la retraite, la
révision des « avantages chômage » pour "assurer l’incitation au retour à
l’emploi« et »éviter la dépendance à ces avantages" et la promotion de
l’auto-entreprenariat. Le Sommet européen devait donner son avis sur ces
orientations en tous points conformes au pacte pour l’euro. Nous les
regarderons attentivement. Van Rompuy nous en a quand même donné un
avant goût hier soir : « nous avons donné une orientation très claire pour la préparation des budgets nationaux et des plans de réformes de l’an prochain ».
On craint le pire... Prochaine étape là encore en Avril : les Etats
devront présenter leurs projets de budgets au Conseil et à la
Commission. Clou du spectacle : le Mécanisme européen de stabilité a été adopté lui aussi.
Ses caractéristiques ont été validées si l’on en croit les déclarations
de Van Rompuy. Le FMI, la BCE et la Commission européenne pourront donc
imposer les plans d’austérité les plus durs aux Etats déficitaires en
échanges de prêts UE-FMI-créanciers privés. Ce mécanisme sera inscrit
dans le traité de Lisbonne sans référendum si on ne se bât pas pour
l’obtenir, la « procédure de révision simplifiée » (simple approbation des
Etats membres) ayant été préférée sous prétexte d’urgence à la
« procédure de révision ordinaire » (ratification par les Etats membres,
ce qui permet sans ambigüité de mettre en place un référendum en France
par exemple). Il s’agit tout de même de rien de moins que l’inscription
du FMI dans le Traité de Lisbonne ! Il y a urgence : l’UE veut que tous
les Etats membres aient approuvé fin 2012 ! Le Parti de Gauche
et son co-président Jean-Luc Mélenchon Gauche s’opposent à ce coup de
force parfaitement antidémocratique des euro-régnants et appellent à la
reformation du Comité national pour un référendum.