Bravo de remettre en question le « ça va de soi » du soit-disant besoin de majorité.
Il est néanmoins regrettable qu’après avoir rappelé qu’en démocratie le peuple exerce le pouvoir, vous balayiez vous-même d’un revers de main le problème posé par le système représentatif qui constitue, lui aussi, un fabuleux déni de démocratie.
Votre article, fort stimulant dans sa critique du chantage majoritaire, laisse donc un léger sentiment d’inachevé, puisqu’on sent bien que vous inscrivez votre réflexion dans un système représentatif, c’est à dire NON démocratique.
Relisez Sieyes qui oppose le gouvernement représentatif (qu’il promeut) et le gouvernement démocratique (qu’il rejette) : « Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » (Discours du 7 septembre 1789).
Voilà comment l’idéal démocratique fut enterré en beauté en 1789... suivi par 200 ans d’amalgame entre élections et démocratie (comme l’amalgame, que vous dénoncez pourtant, entre système parlementaire et « besoin de majorité »).
La démocratie grecque reste le seul et unique exemple de véritable gouvernement du peuple. Peut-être ferons nous un jour sortir cet idéal sacré de son tombeau bimillénaire..