Une restructuration sociale ne s’est jamais produite sans casser des pots, souvent en décapitant le potier avec ! Quant à s’étonner de l’immobilisme des forces en présence, autres que la masse, pourquoi s’étonner ? L’ampleur de la tâche dépasse de loin leurs capacités, opérationnelles et intellectuelles, dans le cadre du politiquement productif.
Je conseille une analyse et une approche du chemin à parcourir : LE PARI DE LA DECROISSANCE de S. Latouche.
Je pense que nous n’imaginons que trés mal, ou trés partiellement au mieux, la vision que nous devrons nous faire d’une humanité qui passerait du mode suicidaire au principe de fonctionnement durable. Sachant que quelque soit le bout par lequel les problèmes actuels se posent, il faudra solutionner, dans un premier temps, l’exponentielle de la croissance démographique, puis ramener la population de la planète à un niveau compatible avec les ressources de cette dernière.
Le travail de réflexion est intéressant, mais n’apporte pas d’eau au moulin des solutions immédiates.
En fait, l’apparition soudaine de cette explosion des prix est l’occasion de faire émerger 2 angoisses récurrentes, deux aspects des deux piliers de nos systèmes :
- La propriété est-elle une absurdité institutionnelle ou une nécessité existentielle ?
- La guerre est-elle un mode relationnel incontournable, faite pour changer simplement de propriétaire ou pour punir le précédent ?
Tout le monde conviendra que les réponses, quelles qu’elles soient, ne dépasseraient pas le stade d’un débat purement intellectuel, mais impossibles à appliquer tant elles viendraient buter contre notre nature profonde et inaliénable. On peut espérer, mais dans l’immédiat, l’espoir n’a pas valeur d’explication.
Aujourd’hui, force est de constater que notre système, unique, mondialisé à l’exception de quelques poches guère plus enviables, ne se fonde, ne s’appuie, ne s’auto-justifie que par, et pour, une organisation à visées marchandes. Il est à bout de souffle car victime de son succès, et surtout pointe du doigt notre incapacité à ne pas attendre que nécessité fasse loi.
Ce succès réalise le mythe de Frankenstein : la machine s’est emballée, elle échappe à ses grands prêtres et menace de se retourner contre eux, chacun de nous compris, transformés depuis longtemps en spectateurs-victimes-consommateurs.
A moins que…. a moins que cette crise ne soit pilotée, savamment, consciencieusement, mais logiquement pour sortir de l’ornière un concept économique mondialisé en dérive exponentielle !
En effet, toute la planète a accepté la montée en puissance de monnaies devenues virtuelles, alimentant une industrie financière, initialement prévue au service de l’économie réelle, mais fonctionnant aujourd’hui pour elle-même, déconnectée de la production des biens matériels vitaux et du travail, au point qu’elle pèse 10 fois plus (300 milles milliards de dollars contre 30 !!!).
La machine s’emballe dans le climat surchauffé du syndrome chinois (le film !). Comme dans un réacteur nucléaire, sans les systèmes de régulation, les réactions s’amplifient d’elles-mêmes puis échappent à tout contrôle.
Or l’économie mondiale possède ses contrôleurs : Ce sont les banques centrales. Dirigées par une poignée de directeurs complètement indépendants des états, des politiques, des lobbies, il suffit qu’ils se concertent et s’entendent. Par taux directeurs interposés, ils contrôlent les économies, donc les taux de croissance, donc la température.
Il fallait refroidir le réacteur économique. D’un coté les institutions étatiques, en n’intervenant pas pour juguler autoritairement la spéculation (pas de sur-taxes des plus-values du court terme) sur les matières premières, laissent d’un autre coté les banques centrales maîtriser l’inflation des pays riches Les économies vont certes s’asphyxier, mais elles vont surtout diminuer la demande ainsi que le volume des produits importés à bas coût, et par effet mécanique, tarir les exportations des pays à croissance trop forte, et la spéculation issue et constituante de la bulle financière.
Les équilibres vont se restaurer d‘eux-mêmes, bon nombre de spéculateurs ruinés, beaucoup de citoyens appauvris, mais surtout, ramener ainsi les principaux pays émergents avec une croissance à 2 chiffres dans le giron des modèles maîtrisables, et par la même occasion diminuer le potentiel des fonds souverains. Entre autre effet...
Ainsi, la crise aura assaini l’ensemble et, pour un temps au moins, le système pourra repartir.
A bien y réfléchir, c’est malheureusement la seule solution disponible puisqu’il n’y a pas de plan B, il n’y rien en remplacement de nos raisonnements actuels. Nous ne sommes, ni assez intelligents, ni assez matures pour instaurer une autre logique économique et sociale.
Que le système aille dans le mur, seules les autruches nient. Mais il y allait trop vite. En attendant le retour d’une échéance structurelle, l’arrière train des volatiles sera à l’abri des outrages que l’on imagine !!!!!!!!!