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  • purehaleine purehaleine 28 octobre 2008 18:35

    BEL ARTICLE !! MERCI



  • purehaleine purehaleine 28 octobre 2008 18:31

    Faut-il sauver le modèle capitaliste impérial ?
    Interconnexion des crises 					
    par 					 					 Éric Toussaint*

    					

    Les malheurs qui frappent les grands spéculateurs globaux ont provisoirement éclipsé dans les médias ceux, autrement plus graves, dont souffrent les populations du Sud. Alors que les gouvernements occidentaux mobilisent tous les moyens disponibles pour sauver les avoirs des super-privilégiés, Éric Toussaint rappelle la nécessité de concevoir des réponses systémiques qui permettent de résoudre à la fois les crises financière et alimentaire, auxquelles s’ajoutent les conséquences de la crise climatique.
    					 					 					 					 				 				 				
    			 				 				 					 					 					 					


    					
    					 					
    					 					 					 					 					 					 					 					 					 					 					

    					 					 					 	 		 					 					 					 					 					 					


    L’explosion des crises alimentaire, économique et financière en 2007-2008 montre à quel point sont interconnectées les économies de la planète. Pour résoudre ces crises, il faut traiter le mal à la racine.

    La crise alimentaire

    En 2007-2008, plus de la moitié de la population de la planète a vu se dégrader fortement ses conditions de vie car elle a été confrontée à une très forte hausse du prix des aliments. Cela a entraîné des protestations massives dans au moins une quinzaine de pays dans la première moitié de 2008. Le nombre de personnes touchées par la faim s’est alourdi de plusieurs dizaines de millions et des centaines de millions ont vu se restreindre leur accès aux aliments (et, en conséquence, à d’autres biens et services vitaux). Tout cela suite aux décisions prises par une poignée d’entreprises du secteur de l’agrobusiness (productrices d’agro-combustibles) et du secteur de la finance (les investisseurs institutionnels qui contribuent à la manipulation des cours des produits agricoles) qui ont bénéficié de l’appui du gouvernement de Washington et de la Commission européenne. Pourtant la part des exportations dans la production mondiale des aliments reste faible. Une faible partie du riz, du blé ou du maïs produite dans le monde est exportée, l’écrasante majorité de la production est consommée sur place. Néanmoins ce sont les prix des marchés d’exportation qui déterminent le prix sur les marchés locaux. Or les prix des marchés d’exportation sont fixés aux États-Unis principalement dans trois Bourses (Chicago, Minneapolis et Kansas City). En conséquence, le prix du riz, du blé ou du maïs à Tombouctou, à Mexico, à Nairobi, à Islamabad est directement influencé par l’évolution du cours de ces grains sur les marchés boursiers des États-Unis.

    En 2008, dans l’urgence et sous peine d’être renversées par des émeutes, aux quatre coins de la planète, les autorités des pays en développement ont dû prendre des mesures pour garantir l’accès des citoyens aux aliments de base.

    Si on en est arrivé là, c’est que durant plusieurs décennies les gouvernements ont renoncé progressivement à soutenir les producteurs locaux de grains —qui sont en majorité des petits producteurs— et ont suivi les recettes néolibérales dictées par des institutions comme la Banque mondiale, le FMI dans le cadre des plans d’ajustement structurel et des programmes de réduction de la pauvreté. Au nom de la lutte contre la pauvreté, ces institutions ont convaincu les gouvernements de mener des politiques qui ont reproduit, voir renforcé, la pauvreté. De plus, au cours des dernières années, de nombreux gouvernements ont signé des traités bilatéraux (notamment des traités de libre commerce) qui ont encore aggravé la situation. Les négociations commerciales dans le cadre du cycle de Doha de l’OMC ont également entraîné de funestes conséquences [1].

    Que s’est-il passé ?

    1er acte. Les pays en développement ont renoncé aux protections douanières qui permettaient de mettre les paysans locaux à l’abri de la concurrence des producteurs agricoles étrangers, principalement les grandes firmes d’agro-exportation nord-américaines et européennes. Celles-ci ont envahi les marchés locaux avec des produits agricoles vendus en dessous du coût de production des agriculteurs et éleveurs locaux, ce qui a provoqué leur faillite (nombre d’entre eux ont émigré vers les grandes villes de leurs pays ou vers les pays les plus industrialisés). Selon l’OMC, les subsides versés par les gouvernements du Nord à leurs grandes entreprises agricoles sur le marché intérieur ne constituent pas une infraction aux règles anti-dumping. Comme l’écrit Jacques Berthelot : « Alors que, pour l’homme de la rue, il y a dumping si on exporte à un prix inférieur au coût moyen de production du pays exportateur, pour l’OMC, il n’y a pas de dumping tant qu’on exporte au prix intérieur, même s’il est inférieur au coût moyen de production. » Bref, les pays de l’Union européenne, les États-Unis ou d’autres pays exportateurs peuvent envahir les marchés des autres avec des produits agricoles qui bénéficient de très importantes subventions internes.

    Le maïs exporté au Mexique par les États-Unis est un cas emblématique. À cause du Traité de libre commerce (TLC) signé entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, ce dernier a abandonné ses protections douanières face à ses voisins du Nord. Les exportations de maïs des États-Unis au Mexique ont été multipliées par neuf entre 1993 (dernière année avant l’entrée en vigueur du TLC) et 2006. Des centaines de milliers de familles mexicaines ont dû renoncer à produire du maïs car celui-ci coûtait plus cher que le maïs provenant des États-Unis (produit avec une technologie industrielle et fortement subventionné). Cela n’a pas seulement constitué un drame économique, il s’est agi aussi d’une perte d’identité car le maïs est le symbole de la vie dans la culture mexicaine, notamment chez les peuples d’origine maya. Une grande partie des cultivateurs de maïs ont abandonné leur champ et sont partis chercher du travail dans les villes industrielles du Mexique ou aux États-Unis.

    2e acte. Le Mexique qui dépend dorénavant pour nourrir sa population du maïs des États-Unis est confronté à une augmentation brutale du prix de cette céréale provoquée, d’une part, par la spéculation sur les Bourses de Chicago, de Kansas City, de Minneapolis et, d’autre part, par la production chez le voisin du Nord d’éthanol de maïs.

    Les producteurs mexicains de maïs ne sont plus là pour satisfaire à la demande interne et les consommateurs mexicains sont confrontés à une explosion du prix de leur nourriture de base, la tortilla, cette crêpe de maïs qui remplace le pain ou le bol de riz consommé sous d’autres latitudes. En 2007, d’énormes protestations populaires ont secoué le Mexique.

    Dans des conditions spécifiques, les mêmes causes ont produit grosso modo les mêmes effets. L’interconnexion des marchés alimentaires à l’échelle mondiale a été poussée à un niveau jamais connu auparavant.

    La crise alimentaire mondiale met à nu le moteur de la société capitaliste : la recherche du profit privé maximum à court terme. Pour les capitalistes, les aliments ne sont qu’une marchandise qu’il faut vendre avec le plus de profit possible. L’aliment, élément essentiel du maintien en vie des êtres humains, est transformé en pur instrument de profit. Il faut mettre fin à cette logique mortifère. Il faut abolir le contrôle du capital sur les grands moyens de production et de commercialisation et donner la priorité à une politique de souveraineté alimentaire.

    La crise économique et financière

    En 2007-2008 a également éclaté la principale crise économique et financière internationale depuis celle de 1929. Si ce n’était l’intervention massive et concertée des pouvoirs publics qui se sont portés au secours des banquiers voleurs, la crise actuelle aurait déjà pris de plus amples proportions. Ici aussi, l’interconnexion est frappante. Entre le 31 décembre 2007 et fin septembre 2008, toutes les Bourses de la planète ont connu une baisse très importante, allant de 25 à 35 % —parfois plus— pour les Bourses des pays les plus industrialisés jusqu’à 60 % pour la Chine en passant par 50 % pour la Russie et la Turquie. Le colossal montage de dettes privées, pure création de capital fictif, a fini par exploser dans les pays les pays les plus industrialisés en commençant par les États-Unis, l’économie la plus endettée de la planète. En effet, l’addition des dettes publique et privée aux États-Unis s’élève en 2008 à 50 000 milliards de dollars, soit 350 % du PIB. Cette crise économique et financière qui a déjà touché l’ensemble de la planète affectera de plus en plus les pays en développement dont certain se croient encore à l’abri. La mondialisation capitaliste n’a pas découplé ou déconnecté les économies. Au contraire, des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou la Russie n’ont pas pu se mettre à l’abri de cette crise et ce n’est que le début.

    La crise climatique

    Les effets du changement climatique ont momentanément disparu de la une de l’actualité, supplantés par la crise financière. Néanmoins le processus est en cours à l’échelle de la planète et ici aussi l’interconnexion est évidente. Certes les populations des pays « pauvres » seront plus fortement touchées que celles des pays « riches » mais personne n’en sortira indemne.

    La conjonction de ces trois crises montre aux peuples la nécessité de se libérer de la société capitaliste et de son modèle productiviste.

    L’interconnexion des crises capitalistes met en avant la nécessité d’un programme anticapitaliste et révolutionnaire à l’échelle de la planète. Les solutions pour qu’elles soient favorables aux peuples et à la nature seront internationales et systémiques. L’humanité ne pourra pas se contenter de demi-mesures.

    					 					 					 					 					 					 					 						 						 						 					 Éric Toussaint
    						Éric Toussaint est président du CADTM Belgique (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde). Dernier livre publié : Banque du Sud et nouvelle crise internationale, CADTM/Syllepse, 2008.


  • purehaleine purehaleine 28 octobre 2008 14:24
    Discours d’adieu prononcé par le Président Dwight David Eisenhower, le 17 janvier 1961
    Allocution de fin de mandat du président, ce discours est resté célèbre en raison de la mise en garde formulée par Eisenhower contre le "complexe militaro-industriel". Ce passage a été mis en italique dans le texte.


    texte original en anglais


    "Bonsoir, chers concitoyens Américains.

    Tout d’abord, j’aimerais exprimer ma gratitude aux réseaux de radiodiffusion et de télévision pour m’avoir permis toutes ces années d’adresser messages et rapports à notre nation. Je les remercie tout spécialement de cette possibilité de m’adresser ce soir à vous.

    Dans trois jours, après un demi siècle au service de notre pays, je quitterai mes responsabilités lorsque, lors de la cérémonie traditionnelle et solennelle, l’autorité de la Présidence investira mon successeur.

    Ce soir je viens à vous avec un message de départ et d’adieu, et pour partager quelques pensées finales avec vous, mes chers compatriotes. Comme chaque citoyen, je souhaite que Dieu ait en sa garde le nouveau président, ainsi que tous ceux qui travailleront avec lui. Je prie pour que les années qui viennent soient celles de la paix et de la prospérité pour tous.

    Notre peuple attend que le Président et le Congrès les accords fondamentaux en ce qui concerne les questions importantes, et que leurs sages résolutions qui amélioreront la construction du futur de la nation. Mes propres relations avec le Congrès, qui avaient débuté de façon distante et ténue, il y a bien longtemps, lorsqu’un un membre du Sénat me nomma à West Point, sont devenues plus étroites à l’époque de la guerre et l’après-guerre, pour aboutir à une interdépendance mutuelle pendant ces huit dernières années. Dans le cadre de cette dernière relation, le Congrès et l’Administration ont bien coopéré sur les questions essentielles afin de servir le bien de la nation, plutôt que seulement l’esprit partisan, et ainsi ont fait en sorte que les affaires de la nation puissent aller de l’avant. Aussi, mes rapports officiels avec le Congrès s’achèvent avec - pour ma part - un sentiment de gratitude pour tout ce que nous avons pu faire ensemble.

    Nous vivons aujourd’hui dix ans après le milieu d’un siècle qui fut le témoin de quatre guerres majeures entre de grandes nations. Trois d’entre elles ont impliqué notre propre pays. En dépit de ces holocaustes l’Amérique est aujourd’hui, la nation la plus forte, la plus influente et la plus productive au monde. S’il est compréhensible que nous soyons fiers de cette prééminence, nous nous rendons pourtant compte que la première place et le prestige des USA ne dépendent pas simplement de notre progrès matériel inégalé, de notre richesse et de notre force militaire, mais aussi de la façon dont nous employons notre puissance dans l’intérêt de la paix dans le monde et de l’amélioration de la condition humaine.

    Au travers de l’aventure d’un gouvernement dans la liberté pour l’Amérique, nos buts premiers ont été de préserver la paix, de stimuler les progrès de la réalisation humaine et d’e faire grandir la liberté, la dignité et l’intégrité parmi les peuples et les nations. Ne pas s’efforcer d’en faire autant serait indigne d’un peuple libre et religieux. Tout manquement dû à l’arrogance, au manque de compréhension ou de promptitude au sacrifice nous infligerait d’ailleurs un grave préjudice moral, ici comme à l’étranger.

    La progression vers ces nobles buts est constamment menacée par le conflit qui s’empare actuellement du monde. Il commande notre attention entière et absorbe nos êtres mêmes. Nous faisons ici face à un idéologie globale hostile, athée dans son caractère, impitoyable dans ses buts et insidieuse dans ses méthodes. Malheureusement le danger qu’elle présente promet de durer longtemps. Pour y faire face avec succès, nous sont demandés, non pas tant les sacrifices passionnés et transitoires des temps de crise, que ceux qui nous rendront capables de porter sans faillir, sûrement et sans se plaindre le fardeau d’une longue et complexe lutte, dont le prix est la liberté. C’est seulement ainsi que nous resterons, en dépit des provocations, sur le chemin que nous nous sommes fixés vers une paix permanente et l’amélioration du genre humain.

    Des crises, il continuera d’en survenir. En les affrontant, qu’elles soient intérieures ou à l’étranger, grandes ou petites, il y a une tentation répétée de penser que telle ou telle action spectaculaire et coûteuse pourrait devenir la solution miraculeuse à toutes les difficultés rencontrées. L’augmentation énorme des dernières nouveautés pour notre [programme de] défense ; le développement de programmes irréalistes pour traiter chaque maladie, dans l’agriculture ; l’expansion spectaculaire de la recherche fondamentale et appliquée – ces possibilités, et bien d’autres, chacune prometteuse en soi, pourrait être suggérée comme le seul chemin vers la voie que nous souhaitons suivre.

    Or chaque proposition doit être pesée à la lumière d’une considération plus large : la nécessité de maintenir l’équilibre entre les [différents] programmes nationaux et à l’intérieur [de chacun d’entre eux], de maintenir l’équilibre entre économie publique et économie privée, l’équilibre entre le coût et le gain espéré, le clairement nécessaire et le confortablement souhaitable, l’équilibre entre nos exigences essentielles en tant que nation et les devoirs imposés par la nation à l’individu, l’équilibre les action du présent et le bien-être national du futur. Le bon jugement recherche équilibre et progrès ; son contraire amènera déséquilibre et anéantissement. Le souvenir de nombreuses décennies est là comme preuve que notre peuple et son Gouvernement ont, dans l’ensemble, compris ces vérités et y ont bien répondu, face à l’effort et à la menace.

    Mais des menaces, nouvelles de par leur nature ou leur degré, surgissent constamment. Je n’en mentionnerai que deux ici.

    Un élément essentiel pour conserver la paix est notre système militaire. Nos bras doivent être puissants, prêt pour une action instantanée, de sorte qu’aucun agresseur potentiel ne puisse être tenté de risquer sa propre destruction. Notre organisation militaire est aujourd’hui sans rapport avec ce que connurent mes prédécesseurs en temps de paix, ou même les combattants de la Deuxième Guerre Mondiale ou de la Guerre de Corée.

    Jusqu’au plus récent conflit mondial, les États-Unis n’avaient pas d’industrie d’armement. Les fabricants américains de socs de charrues pouvaient, avec du temps et sur commande, forger des épées. Mais désormais, nous ne pouvons plus risquer l’improvisation dans l’urgence en ce qui concerne notre défense nationale. Nous avons été obligés de créer une industrie d’armement permanente de grande échelle. De plus, trois millions et demi d’hommes et de femmes sont directement impliqués dans la défense en tant qu’institution. Nous dépensons chaque année, rien que pour la sécurité militaire, une somme supérieure au revenu net de la totalité des sociétés US.

    Cette conjonction d’une immense institution militaire et d’une grande industrie de l’armement est nouvelle dans l’expérience américaine. Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque Parlement d’Etat, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral. Nous reconnaissons le besoin impératif de ce développement. Mais nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implications. Notre labeur, nos ressources, nos gagne-pain… tous sont impliqués ; ainsi en va-t-il de la structure même de notre société.

    Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble.

    De même la révolution technologique des décennies récentes fut en grande partie responsable des changements radicaux de notre position militaro-industrielle. Dans cette révolution, la recherche est devenue centrale, elle est également plus formalisée, plus complexe, et coûteuse. Une part toujours croissante en est conduite pour, par, ou sous la direction du Gouvernement fédéral.

    Aujourd’hui, l’inventeur solitaire, bricolant au fond de sa boutique, a été dépassé par des troupes de choc formées de scientifiques dans les laboratoires et des centres d’essai. De la même manière, l’université libre, historiquement source d’idées et de découvertes scientifiques nées dans la liberté, a vécu une révolution dans la conduite de la recherche. En bonne partie à cause des coûts énormes impliqués, obtenir un contrat avec le gouvernement devient quasiment un substitut à la curiosité intellectuelle. Pour chaque vieux tableau noir il y a maintenant des centaines d’ordinateurs. La perspective d’une domination des spécialistes de notre nation par les emplois fédéraux, les budgets attribués aux projets et le pouvoir de l’argent, [cette perspective] est bien présente et doit être considérée avec gravité.

    Cependant, tout en apportant à la recherche et scientifique le respect que nous leur devons, nous devons également être attentif à un danger à la fois aussi grave et opposé, à savoir que l’ordre public puisse devenir captif d’une élite scientifique et technologique. C’est la tâche de l’homme d’état que de mouler, équilibrer, intégrer toutes ces forces, anciennes et nouvelles, aux principes de notre système démocratique - en visant toujours à atteindre les buts suprêmes de notre société libre.

    Un autre facteur de maintien de l’équilibre implique l’élément de temps. Alors que nous envisageons la société future, nous devons – vous et moi et notre gouvernement - éviter la tentation de vivre seulement pour le jour qui vient, pillant pour notre propre aisance, et à notre convenances les précieuses ressources de demain. Nous ne pouvons pas hypothéquer les actifs de nos petits-enfants sans risquer de dilapider également leur héritage politique et spirituel. Nous voulons que la démocratie survive pour les générations qui viennent, non pour devenir le fantôme insolvable de demain.

    Sur ce long chemin de l’histoire qu’il reste à écrire, l’Amérique sait que notre monde, toujours plus petit, doit éviter de devenir une redoutable communauté de crainte et de haine, et, au contraire, tendre à être une confédération fière dans la confiance et le respect mutuels. Une telle confédération doit être composée d’égaux. Le plus faible doit pouvoir venir à la table de conférence avec la même confiance que nous, protégés que nous sommes par notre force morale, économique, et militaire. Cette table, même si elle porte les cicatrices de nombreuses frustrations du passé, ne peut pas être abandonnée pour l’atroce douleur qu’on rencontre à coup sûr sur le champ de bataille.

    Le désarmement, dans l’honneur et la confiance mutuels, est un impératif permanent. Ensemble nous devons apprendre à composer avec nos différences, non pas avec les armes, mais avec l’intelligence et l’honnêteté des intentions.

    Puisque cette nécessité est si cruciale et si évidente, je confesse que j’abandonne mes responsabilités officielles dans ce domaine avec beaucoup de déception. Pour être de ceux qui ont assisté à l’horreur et à la tristesse prolongée de la guerre, de ceux qui savent qu’une autre guerre pourrait totalement détruire une civilisation qui s’est si lentement et douloureusement construite pendant des milliers d’années, j’aurais voulu pouvoir dire ce soir qu’une paix durable est en vue.

    Heureusement, je peux dire que la guerre a été évitée. Un progrès régulier vers notre but ultime a été accompli. Mais il reste tellement à faire. En tant que citoyen privé, je ne cesserai jamais de tout faire, aussi minime que cela soit, pour aider le monde à avancer le long de cette route.

    Ainsi, dans ce dernier "bonne nuit " que je vous adresse en tant que Président, je vous remercie des nombreuses chances que vous m’avez données de me consacrer au service public, dans la guerre comme dans la paix. J’espère que vous aurez trouvé quelques choses de valeur dans le service auquel je me suis consacré ; quant au reste, je sais que vous trouverez vous-même les moyens d’améliorer ces résultats dans le futur.

    Vous et moi, mes chers concitoyens, avons besoin d’être forts dans notre croyance que toutes les nations, grâce à Dieu, atteignent ce but de paix avec justice. Puissions nous toujours rester fermes dans la dévotion à ces principes, confiants mais humbles dans le pouvoir, diligents dans la poursuite des grands buts de la nation.

    À tous les peuples du monde, j’exprime une fois de plus le souhait et la prière de l’Amérique :

    Nous prions pour que les peuples de toutes fois, de toutes races, de toutes nations, puissent voir leurs plus principaux besoins satisfaits. Pour que ceux qui actuellement n’ont pas cette occasion puissent l’apprécier un jour entièrement ; que tous ceux qui aspirent à la liberté puissent en éprouver ses bénédictions spirituelles ; que ceux qui possèdent la liberté comprennent les grandes responsabilités [qu’elle engendre] ; que tous ceux qui sont peu sensibles aux besoins des autres apprennent la charité ; que les fléaux de la pauvreté, de la maladie et de l’ignorance soient amenés à disparaître de la surface de la terre, et que, avec le temps, tous les peuples viennent à vivre ensemble dans une paix garantie par la force du respect et de l’amour mutuels qui les lient."

    traduction de Pascal Delamaire à partir du texte original sur http://www.pascalirma.org/discours_d_adieu_du_President_Eisenhower.php

    Il existe une autre traduction française de Michel Gaillard qui mentionne en source documentaire :
    Documents publics des présidents : Dwight D. Eisenhower, 1960, p. 1035-1040.



  • purehaleine purehaleine 27 octobre 2008 21:47

     smiley les English vont demander à adhérer à l’Euro....le comble !



  • purehaleine purehaleine 27 octobre 2008 21:41

    n’oublie pas le lavage de cerveau non-plus... !


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