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Bonsoir, Il est un peu tard,et je n’arrive pas à dormir, alors j’écris. D’habitude, je me mets à l’écriture du bouquin. La nuit précédente, j’ai travaillé sur les textes que je dois lire en voix off pour le documentaire sur les prisons. Il me faut vraiment finir ce film et ce livre. Ensuite, je pourrai passer à autre chose... La vie est belle et je l’avais oublié. Pendant trop longtemps. Au point où j’avais perdu conscience du fait que ma vraie vie était à l’extérieur. L’homme a la faculté, parait-il, de s’adapter à toutes les situations. J’ai pu vérifier par moi-même que c’était vrai. Le danger, c’est de vivre ses situations comme si elles étaient « la norme ». Beaucoup trop de mes anciens colocataires ont plongé dans ce piège. Au jour de leur sortie, ils seront encore et toujours prisonnier de l’univers qu’ils viendront de quitter. Ce soir, je vous fais partager mes écrits. Ceux qui concernent cette voix off présentant les divers intervenants du film. Je vous souhaite une douce nuit... Bisou. Saïd
VOIX OFF « ... »
Pré générique : Bertrand Tavernier
Cinéaste de mes amis. Nous avons correspondu ensemble alors que j’étais détenu à la prison centrale de Saint-Maur et m’a aidé, à ma sortie, à faire en sorte que le documentaire puisse exister. Estimant que le contenu de mes courriers était fort, il m’a incité à écrire dans l’espoir de faire de mon histoire un livre, ou un film...
« Bertrand, je voulais vous remercier de m’avoir persuadé de témoigner. Il y a un livre en cours d’écriture et il y a ce film... Enfin, je voulais aussi vous remercier pour l’aide que vous m’avez apportée depuis ma sortie de prison car, sans votre soutien, ce film n’aurait jamais pu se faire. »
Début du film :
« J’ai 48 ans, dont plus de la moitié passée en prison. Ce film ne retrace pas mon parcours, ni mon histoire. C’est un choix, mon choix... Je préfère laisser la parole à ceux et à celles qui sont encore confrontés à cet univers hors normes. Tous ceux qui ont accepté de témoigner connaissent mon histoire. Ils ne s’adressent donc pas au réalisateur, mais à l’homme qui connaît la réalité de leur quotidien. Il est très difficile de faire un état des lieux de l’univers carcéral français sans pouvoir filmer à l’intérieur des prisons. Il est tout aussi impossible de faire cet état des lieux si on ne donne pas la parole à tous les intervenants du monde judiciaire, et de la société civile, concernés par cette réalité. Magistrat, avocat, politique, personnels pénitentiaires, chercheur, psychologue et médecin, membres d’associations, intellectuel et familles de détenus font cet état des lieux. Ils nous parlent de leur quotidien, du constat qu’ils ont pu faire au fil du temps sur l’incohérence du système pénal et carcéral français. De leur ras-le-bol aussi face à l’inertie de ceux qui possèdent le pouvoir de changer cette politique. De leurs espoirs enfin de voir cette réalité évoluer. Écoutons les... »
Catherine :
« Prison de Fresnes, en 2002. Catherine m’écrit et me demande un conseil juridique pour tenter d’aider ses fils qui sont à l’isolement depuis la tentative d’évasion de Christophe. Je la rencontre à ma sortie de prison dans les locaux de Ban Public, une association dont les membres s’investissent corps et âme pour défendre la cause des détenus. Je suis épaté par son énergie et la qualité de son investissement. Pas seulement pour ses fils, mais aussi pour tous ceux qui sont incarcérés. Je lui parle de mon projet de documentaire. Elle est enthousiaste et accepte de témoigner. Nous la suivons plusieurs jours, l’accompagnons dans ses rendez-vous avec ses avocats, celui de Christophe et celui de Cyril. Nous découvrons à ses côtés la radio où elle intervient régulièrement. Nous découvrons également qu’elle s’investit dans d’autres associations, dont certaines travaillent sur les problématiques liées au Sida. Elle nous apprend qu’elle-même est atteinte du Sida depuis plus de 24 ans, que sa fille est née à cette époque-là, avec le Sida. Elle me raconte le tourisme carcérale dont font l’objet ses fils. Ce qu’il signifie pour elle, en termes de coût et de santé. Comment sa fille, au sortir d’un parloir, épuisée par un long voyage, stressée par les conditions dans lesquelles s’est passé le parloir avec son frère, se retrouva hospitalisée au service des urgences pendant plusieurs jours. Catherine sait qu’elle ne reverra jamais Christophe en liberté de son vivant. Elle l’accepte. Son dernier et ultime espoir se porte sur Cyril. Elle tient encore le coup pour lui, tout en espérant que le tribunal qui va le juger saura se montrer clément. L’histoire de Catherine est exceptionnelle par bien des points. Elle est celle d’une mère courage. Ce documentaire lui est dédié... »
Malika :
Belle-fille de Catherine, femme de Cyril et mère de Sarah. Je la rencontre via Catherine. Nous parlons de son mari incarcéré pour avoir tenté de faire évader son frère condamné à 38 ans de prison. Catherine lui a parlé du projet de film sur les prisons. Elle accepte d’y participer.
« Malika vit avec sa petite fille, Sarah. Avec son regard doux, malgré sa pudeur et sa timidité, elle décide de nous raconter ce qu’ils vivent depuis l’arrestation de Cyril son mari. Comment, malgré leur situation, ils ont décidé de fonder une famille. Comment, malgré leur désespoir de voir s’améliorer ce quotidien hors normes, ils ont décidé de vivre et de progresser. De se battre ! Comment, malgré les efforts de Cyril, de sa mère et de Malika, l’administration pénitentiaire s’acharne sur lui, le maintient à l’isolement depuis des années tout en sachant que cette situation le tue à petit feu... Son histoire, leur histoire, est celle de milliers de personnes. Elle n’est pas une exception. Cette histoire révèle cette triste réalité où, pour une seule personne condamnée, on peut dire que la peine est effectuée par toute sa famille et par ses amis. Et Sarah dans tout ça... ? ».
Martine :
Suit son mari depuis trente ans au gré de ses nombreux transferts. Rencontre à l’occasion de l’émission radio « l’Envolée ». Elle voit la caméra qui film l’émission. Nous discutons de mon projet et elle accepte de parler.
« Encore une fois, l’histoire de martine et de son mari n’est pas une exception. De nombreux condamnés à perpétuité sont emprisonnés depuis plus de trente ans, et ce, même si la loi a prévu qu’ils peuvent éventuellement être remis en liberté, sous conditions, à la fin de leur peine de sûreté. Les familles de la plupart d’entre eux se sont résignées à s’éloigner d’eux, faute de moyens pour les suivre dans ce que l’on appelle intra muros le tourisme carcéral. Celui-ci obéit à une volonté manifeste de l’administration pénitentiaire de séparer les familles de leurs parents incarcérés, de leur refuser toute possibilité de se reconstruire et de revenir à la vie civile dans des conditions acceptables. On peut se demander pourquoi un tel choix... »
Famille Blaise :
« La conjoncture de l’époque. Les Cités s’embrasaient et la mise en place des comparutions immédiates, pendant lesquelles les magistrats étaient censés traiter de nombreux dossiers en trop peu de temps, ont été deux des éléments déterminants de cette tragédie. Eric Blaise est mort à l’age de 28 ans, dans des conditions inexpliquées, à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, le lendemain de son incarcération. J’ai rencontré son père, sa mère et les autres membres de sa famille. Ils m’ont raconté leur histoire, celle de leur fils qui n’avait aucune raison de rencontrer l’univers carcéral et comment cette « rencontre » a dégénéré. J’ai écouté cette histoire. Celle d’un môme qui s’amusait à tirer avec un pistolet à billes sur des canettes de bières vides. D’un môme suivant la trace de son père en travaillant comme marinier, habitant au bord d’un canal. La famille Blaise n’habite pas dans un quartier sensible, aucun de ses membres n’a été confronté à la délinquance. Une famille de braves gens confrontés à un concours de circonstances et qui se termina par la perte de leur enfant. Ce que cette histoire a de plus terrible, c’est qu’elle peut arriver à n’importe qui, n’importe quand et à n’importe endroit de notre pays. J’ai entendu d’autres témoignages de familles ayant perdu un parent en prison, dans des conditions inexpliquées. Toutes m’ont indiqué avoir saisi les instances judiciaires de notre pays. Toutes m’ont précisé que jamais aucune suite n’avait été donnée à leur plainte. Certaines, en désespoir de cause, ont décidé de saisir les Instances internationales chargées de veiller au respect des Droits de l’Homme. Même si ces procédures sont longues, elles en ont conscience, ces familles ont retrouvé l’espoir de connaître un jour la vérité sur la mort de leur parent... »
Thierry :
« Thierry est un ancien détenu « longue peine » rencontré à la prison centrale de Saint-Maur. Il a purgé 25 ans. Je l’ai revu, quelques mois après ma sortie, dans une émission de radio que nous filmions. Quelques semaines plus tard, j’apprends son suicide dans une chambre d’hôtel minable. Il n’a pas supporté le choc de son retour à la vie normale. Il a donc fait le choix de mourir... Parlons des suicides en prison. Les chiffres d’abord. Sept fois plus de suicides en détention normale qu’à l’extérieur. Sept fois plus de suicides au mitard qu’en détention normale. Faites le compte... Et il ne s’agit-là que des morts recensés intra muros...
Parlons, aussi, de ceux qui sortent après de longues années d’incarcération. Certains se suicident, comme Thierry, d’autres passent des établissements pénitentiaires directement en établissements psychiatriques. D’autres encore, complètement brisés par cette expérience, n’arrivent pas à remonter la pente et deviennent des clochards, se réfugient dans la drogue... D’autres enfin, n’ayant plus aucun espoir en notre société, récidivent. De façon beaucoup plus systématique, de façon beaucoup plus violente, n’accordant aucun pardon à cette société dont ils pensent qu’elle les a trahis. Aucune pitié à attendre de leur part, aucun espoir, par exemple, de les voir se rendre aux forces de l’ordre en cas de tentative d’interpellation. Cette politique carcérale, le traitement inhumain que l’on inflige à nos prisonniers et à leurs familles nous fabrique, lentement mais sûrement, des bombes à retardement... La réalité des condamnés à perpétuité, où tout espoir leur est interdit, place les personnels pénitentiaires dans une situation de plus en plus dangereuse. Pour cette catégorie de détenus, le constat qu’ils font de leur situation est simple. Soit ils sortent par leurs propres moyens, par tous les moyens, quitte à en mourir, soit, et ils le savent, ils glisseront doucement mais sûrement, du monde carcéral dans le monde psychiatrique. Ce qui les terrorise plus que la mort. Il est à craindre que, si la politique carcérale n’évolue pas rapidement, notre société doive se préparer à de bien tristes lendemains... »
Francis Martinet :
« Est psychologue. Il intervient à la prison centrale de Saint-Maur, depuis plusieurs années. J’ai fait un travail avec lui, pendant plusieurs années, à l’époque où j’étais détenu dans cet établissement. Il a accepté de continuer à me suivre à ma sortie de prison. Il a ainsi pu voir à quoi correspondaient exactement les efforts de réinsertion des sortants de prison et l’aide réelle qu’ils pouvaient attendre du système. Il a pu voir également ce qu’a pu générer, en termes de souffrances, d’inquiétude et de peur, le triste événement qui s’est déroulé à la prison centrale de Saint-Maur pendant l’été 2004. Il m’a dit son inquiétude face au manque de moyens dont disposent les unités de soins psychiatriques en prison, et de cette nouvelle population pénale qui compte en son sein de plus en plus de personnes dépendant du monde psychiatrique... »
Fernand :
« Est un ancien surveillant de prison, aujourd’hui à la retraite. Il me rappelle certains surveillants rencontrés au cours de mon périple carcéral. Bons pères de famille et désolés de ce à quoi ils assistaient trop souvent... de ce à quoi on leur demandait de participer parfois. Fernand à fait le choix de refuser tout poste au quartier disciplinaire, ainsi qu’aux parloirs famille... des endroits sensibles, trop sensibles sans doute... Il a accepté de témoigner, quelques mois après sa mise à la retraite. Il fait partie du syndicat CGT pénitentiaire qui prône un changement en profondeur du système carcéral français. »
Cédric Fourcade : Travailleur social pénitentiaire de la CGT. Première rencontre dans les locaux de la CGT pénitentiaire. Ses premiers mots ont été pour me féliciter des jurisprudences obtenues, notamment celle auprès du conseil d’Etat concernant les mises à l’isolement.
« Cédric fait également partie du syndicat CGT pénitentiaire, avec Céline et Fernand. C’est lui qui a permis que le mariage entre Malika et Cyril puisse se faire dans des conditions acceptables et dignes. Pendant mon parcours carcéral, j’ai rencontré régulièrement des travailleurs sociaux soucieux d’aider les détenus à se reconstruire, tant au niveau familial, qu’au niveau social et humain. Le dernier exemple en date est celui de la prison centrale de Saint-Maur où il n’y a que 3 travailleurs sociaux pour 350 détenus. 350 dossiers à traiter donc, plus les activités socioculturelles, qu’ils doivent gérer. Quelle place peuvent occuper les travailleurs sociaux sur le travail de reconstruction, de remise en question profonde sur elles- mêmes des personnes placées sous main de justice dans de telles conditions ? On peut craindre que ce ne soit, en l’occurrence, qu’une place de faire valoir. Un malheureux alibi... Un choix politique insensé, dangereux pour notre société, et qui démontre le manque de pertinence et de sérieux de ceux qui ont décidé de le faire appliquer... »
Véronique Vasseur :
Ancien médecin chef de la prison de la Santé, écrivit un livre sur la prison qui fit scandale. Intra muros, j’ai pu voir ce que ses révélations avaient pu générer en termes d’espoir pour mes anciens colocataires. « Les conditions de détention qu’ils connaissaient depuis trop d’années allaient obligatoirement changer... ».
« Ses révélations firent scandale à l’extérieur. Intra muros, son livre eut un impact plus profond encore. Enfin ! Les gens à l’extérieur allaient découvrir, avec les enquêtes parlementaires, cette réalité criminelle et criminogène. Enfin ! L’opinion publique allait s’émouvoir et exiger un changement en profondeur de cette politique carcérale. Tout au long des mois qui suivirent la parution du livre, tous les détenus de France restèrent scotchés devant leur télé pour suivre les reportages, les documentaires, les infos, qui la révélaient au grand public. L’espoir, avec un grand E, commençait son long travail... De façon insidieuse, au gré de nouvelles révélations sur ce qu’ils vivaient depuis si longtemps, la certitude, pour tous les détenus, que l’opinion publique allait faire cesser ces horreurs, montait crescendo. On commençait même à parler d’un grand projet de lois pénitentiaires qui allait bouleverser, mettre à genoux cet outil barbare. Les socialistes firent savoir qu’ils y travaillaient. Puis on commença à parler des élections qui approchaient... D’un seul coup, plus rien... Le silence. Le noir absolu... Le projet de loi était mis aux oubliettes. L’espoir se transforma en déception, puis en colère. Les gens à l’extérieur n’avaient pas réagi. Les politiques n’avaient pas agi. Maintenant, l’opinion publique connaît la vérité et elle se rend coupable, à leurs yeux, de complicité passive en acceptant que les détenus des prisons françaises subissent cette horreur contre laquelle elle s’était insurgée au moment des révélations du Docteur Vasseur.
Avant le livre, les détenus avaient peu d’espoir de voir changer cette situation. Ils avaient peu d’espoir de voir cette réalité révélée au grand jour. Ils savaient qu’à l’extérieur personne ne pouvait s’imaginer ce à quoi ils étaient confrontés au quotidien. Aujourd’hui, tout le monde sait et personne ne réagit. Outre le fait que le Docteur Vasseur ait fait état des conditions de détention dans les prisons françaises, ses révélations nous ont éclairé sur un point précis. Sur la distance qui existe entre la vision que l’on peut en avoir de l’extérieur et la réalité telle qu’elle est vécue intra muros. Je suis intimement persuadé que ceux qui pensent, et disent haut et fort, que les prisonniers méritent leur sort, s’il leur était possible d’entrer dans les prisons pour entendre, voir ce qui s’y passe et discuter avec les détenus, changeraient radicalement d’avis. »
Virginie Bianchi :
Est l’ancienne sous-directrice de la prison centrale de Clairvaux. Elle a démissionné de ce poste pour devenir avocate. Nous nous sommes rencontrés à l’occasion de l’interview de Bernard Bolze. Elle me connaît par mes différentes activités pour la cause des personnes incarcérées. Sa Phrase « j’étais persuadée que, compte tenu de nos parcours respectifs, nous étions amené à nous rencontrer un jour... » N’ayant aucun droit, les détenus ne peuvent que « s’arranger » pour obtenir quelques conforts, avec tous les risques que cela suppose. Une telle réalité ne peut que pousser les détenus à obtenir par des moyens détournés, trafics et autres, ce qui leur manque »
Serge Portelli :
« Vice-président du TGI de Paris. M’a été présenté par Virginie Bianchi. Magistrat qui, selon elle, « me réconciliera avec la Justice ». Elle avait raison... »
Gabriel Mouesca :
« Gaby est un ancien détenu politique. Pendant son incarcération, il était membre de l’association l’Observatoire International des Prisons. À sa sortie, il en est devenu le Président. J’ai fait sa connaissance à la Prison centrale de Moulins. Nous avons, ensemble et avec d’autres de nos anciens colocataires, essayé de faire évoluer les mentalités, et la réalité carcérale, depuis l’intérieur même de l’établissement pénitentiaire de Moulins Yzeure. Nous avons, en partie, réussi ... La légitimité de son discours est indéniable. Sa pertinence aussi... »
Bernard Bolze :
« Il est le fondateur de l’O.I.P. Il en a démissionné et est devenu président de l’association « Trop c’est trop ». Celle-ci milite actuellement pour la mise en place du numerus clausus. Ce qui veut dire, une place pour une personne détenue. Ancien pigiste pour le Monde, nous nous sommes rencontrés à l’occasion d’une réunion de son association.
Ses propositions, dans l’absolu, permettraient de résoudre le problème de la surpopulation carcérale sur le court terme. »
Pierre Victor Tournier :
« J’ai entretenu une correspondance suivie avec lui alors que j’étais incarcéré. Depuis ma sortie, je l’ai rencontré à plusieurs reprises dans le cadre de séminaires et de colloques sur la thématique des prisons. Il défend un ensemble de plusieurs propositions qui, à mon sens, ont toutes le bénéfice de la pertinence. Malheureusement, les moyens existent mais pas la volonté politique de les appliquer... »
Nicolas Frize :
« Initiateur du projet « le Studio du temps ». Il forme des « détenus longues peines » aux métiers du son. J’ai fait partie de son équipe pendant quelques années. Il m’a permis d’acquérir de sérieuses connaissances dans les métiers du son, mais surtout m’a aider à me reconstruire socialement et humainement. Son credo est la reconstruction de l’individu par l’accès aux arts et à la Culture »
Christine Boutin :
Députée UMP avec qui j’ai échangé de nombreuses correspondances les dernières années de mon incarcération. À ma sortie, elle s’est vraiment inquiétée de ma situation et a cherché à m’aider de toutes les façons possibles.
« Beaucoup de parlementaires se sont émus des révélations du Docteur Vasseur. Trop peu d’entre eux se sont investis pour tenter de faire changer cette situation. Parmi ces quelques personnes, Christine Boutin en tête. Les rapports de couples sont interdits, y compris de concevoir des enfants, une famille. Le faire équivaut à se retrouver puni (mitard, confiscation du permis de visite, perte des remises de peines). »
Agoravox donne la parole aux citoyens tenant à s’exprimer sans censure. C’est ce que j’ai cru comprendre. Très bien. Mais n’y a-t’il vraiment aucune censure... ? Je peux parler de ce que je connais le mieux ; du fait d’un parcours sortant quelque peu de l’ordinaire. Il s’agit en l’occurence de nos prisons. J’ai 49 ans, dont 25 ans passés derrière les murs des prisons françaises. J’en suis sorti le 1° juin 2004. Condamné à perpêtuité sous l’accusation d’avoir tué un gardien au cours d’une tentative d’évasion. Donc, je suis un libéré « sous conditions », et ce, jusqu’au 1° janvier 2010. On peut parler des conditions de détention de ceux qui sont « là-bas », et on peut parler aussi de la réalité vécue par ceux qui sortent de prison après de longues années... La récidive vient de la politique carcérale de ces trois dernières décennies. Elle est fabriquée intra muros par cette politique complètement inepte. En parler dans un article est impossible. Je l’ai donc fait en plusieurs articles, en engageant des procédures, aussi bien au niveau interne qu’auprès des Instances Internationales. J’ai d’ailleurs pu obtenir quelques jurisprudences. Et puis, je viens de réaliser un documentaire sur l’état des lieux de la situation carcérale en France. Michel Rotman, de Kuiv Productions m’a suivi après avoir vu le film et nous avons donc signé un contrat d’auteur réalisateur. Voilà pour ce qui concerne les conditions de détention dans nos prisons. Qu’en est il de la réalité vécue par les sortants de prison ? Je suis en plein dedans, si je peux dire, puisque en conditionnelle et donc confronté à une autre forme d’exclusion. Là encore, il me faudrait écrire beaucoup, engager d’autres procédures et, pourquoi pas, réaliser un autre film... Il suffit d’aller sur Google et de taper mon nom pour en savoir plus. Saïd André REMLI. Actuellement, je suis en tournage sur le prochain documentaire qui traitera de la réalité vécue par les sans abri. Bien sur, en ce moment, je suis sur la canal Saint-Martin pour suivre ce qu’il s’y passe avec les Enfants de Don Quichotte". Mais, je suis aussi sur d’autres sites, rencontrant des personnages très attachants... Alors, je ne sais toujours pas si cet article « passera », ou si il existe une censure sur Agoravox qui écarterait tout propos jugés insuffisament « politiquement correct ». Si c’est le cas, je serais sans doute le seul à le savoir, ou pas... Saïd André REMLI
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