Je suis complètement d’accord avec Voltaire.
Demander à un gamin de 17 ans de choisir sa vie, et de passer par une sélection est très difficile. Tous ceux qui, en terminale, ont du passer par des concours peuvent en témoigner. Combien d’entre eux se rendent compte au bout d’un an qu’ils se sont trompés ? Quelle suite alors pour ceux-là en particulier ? Devront-ils justifier de cette « année perdue » ? Leur causera-t-elle une admission en master parce que le parcous n’est pas cohérent ?
Une sélection en M1 paraît évidemment logique parce qu’elle ouvre un cycle, mais cette pensée me semble absurde pour le moment : encore très peu de M1 sont couplés réellement à des M2. Et surtout, aucun M1 couplé à un M2 ne garantit l’accession automatique à « son » M2. Il faut repasser la sélection. Et enfin, qu’en est-il de la spécialisation tant recherchée ? Mes deux M1 et mon M2 sont dans des domaines complémentaires mais différents. Combien de sélection aurait-je passé pour les obtenir si j’avais du suivre « votre » réforme ?
Quelle liberté que celle de ces universités ailleurs en Europe qui autorisent l’erreur, la réorientation, le choix.
Et pour répondre aussi à l’auteur quand il explique que l’étudiant vit aux crochets de la société... Quelle vision ! Les études ne sont gratuites que pour les boursiers ! D’accord, les 600 euros de frais de scolarités annuels ne semblent pas grand chose, mais dans un budget, c’est quand même pas donné... De très nombreux étudiants travaillent pendant leurs études, alimentant la vie économique du pays !
Outre les questions pratique, la thèse de l’auteur de l’article est intéressante parce qu’elle vient d’un professeur, d’un « membre du sérail » comme le dit un commentaire. Il reproche aux étudiants leur manque d’intérêt flagrant, leur ennui, leur manque de motivation.
Ne serait-il pas temps, en même temps qu’une réforme des universités, de commencer aussi une réforme des enseignements ? Mes études ont été longues, j’ai la chance d’avoir trois diplômes et d’avoir passé une année à l’étranger. J’ai vu les méthodes différentes, collectionné les profs et les chargés de TD, eu des interventions de professionnels, des cours très difficiles en amphi et très simples en groupes de travail, et l’inverse. Monsieur l’auteur, honnêtement, durant le cours plus imbitable de mes études, le plus difficile, le plus technique, pas un étudiant n’était endormi, assoupi, rêveur, distrait. parce que le Professeur était exceptionnel, savait captiver l’auditoire, générer l’envie de travailler (non sans quelques râleries, mais l’étudiant est râleur, c’est dans sa nature)et d’échanger entre étudiants, répondait aux questions sans moquerie ni suffisance. Ses examens étaient difficiles, et apprendre le cours par coeur ne suffisait pas. Ses TD étaient très longs, très complexes, mais il avait pu/su s’entourer de chargés de TD excellents, qui prenaient son héritage. En fin d’année, il faisait évaluer son cours par les étudiants. Je l’ai eu trois années, dans trois matières différentes.
Alors aussi facilement que vous dites : « instaurons la sélection à l’entrée des universités pour en purger les étudiants fainéants », je dis « instaurons une sélection pour ne pas garder les professeurs qui ne sont pas à la hauteur de leur matières et ne savent pas en partager l’intérêt avec leurs étudiants. »
Je ne remets pas en cause votre enseignement, je dis simplement que votre tableau est bien noir, et que s’il donne une vision interne du problème, elle est malheureusement biaisée.