« Les partisans du vote papier crient qu’ils défendent la démocratie et que le pourcentage d’erreur est plus important avec les ordinateurs de vote qu’avec le vote papier. La question posée mérite attention et débat. J’eusse aimé cependant que cette véhémence s’exprimât également dans la participation à la tenue des bureaux de vote.
A chaque scrutin, je passe une partie de la journée du dimanche dans les bureaux de vote en tant qu’assesseur ou président. L’ambiance y est souvent confraternelle puisque tout le monde est là en tant que « prisonnier volontaire ». Lors des deux tours de l’élection présidentielle, plusieurs personnes au sein du bureau de Dukas, que je tiens dans le quartier de Kérédern, ont affirmé leur refus du vote électronique, le visage fermé, les dents serrés, le regard noir. Parfois même on nous reprochait directement cette procédure. Toujours avec cette froideur qui ne sied pas à ceux qui s’auto-érigent comme les seuls partisans de la démocratie. Et en l’absence de tout signe de respect pour ceux qui passent dix heures à vérifier des pièces d’identité, tamponner des cartes d’électeur et dire bonjour et au-revoir.
Ce type de comportement est inadmissible quand on sait qu’aucun représentant des partis ou organisations appelant à un moratoire sur le vote électronique n’était présent dans ce bureau ni dans beaucoup d’autres. Et je le dis avec d’autant plus d’humilité que le mouvement que je représente, l’UDF, n’est certainement pas un modèle en la matière.
Depuis quinze ans que je participe à ces opérations électorales, j’ai vu passer le nombre de tables de dépouillement de trois par bureau à une seule sur la fin avant la mise en place du vote électronique. La vraie question qui se pose aujourd’hui n’est pas celle d’un moratoire mais la suivante, plus provocatrice, jusqu’à quand serons-nous assez nombreux pour tenir les bureaux les jours d’élection ? »