"C’est vous qui prenez les gens pour des cons. Savez-vous combien de temps un prof de français peut passer sur une seule copie ? Allez, je vais vous aider : entre 15 et 45 minutes."
Je veux bien croire, que dans le secondaire un prof de français, d’histoire ou de philo passe du temps sur les copies, mais, ces profs là sont encore moins présents dans leurs classes que les professeur des écoles...
De plus, la montagne de sources disponibles sur le Net permet de gagner un temps incroyable en faisant de simples "copier-coller". La réforme des programmes n’est faite que pour vous donner du grain à moudre et justifier vos exigences en terme de reconnaissance... Ne nous faîtes pas croire, encore une fois qu’un prof n’a aucune marge de manoeuvre quant aux enseignements et aux méthodes qu’il utilise. Le respect des consignes, c’est bon pour le jour où l’inspecteur passe...
"Quelles statistiques ?"
Regargez simplement les courbes d’évolution démographique, ça ne va pas plus loin : la répartition et les financement des moyens est un autre débat.
"Il y avait longtemps qu’on n’avait pas entendu cette rengaine !"
Et là, vous me sortez quoi si ce n’est une autre rengaine...
"Désolé : l’autorité, le charisme s’apprennent, comme la pédagogie."
Qui vous apprend ça ? Je serais curieux de l’apprendre : vous avez suivi des cours du soir peut-être ? Le module de gestion de classe à l’IUFM ne compte que quelques heures sur 2 ans !!!
"...les profs naturellement "autoritaires" sont dépourvus de qualités pédagogiques : ce sont des psychorigides totalement hermétiques à la nouveauté, à l’altruisme, n’ayant aucune qualité de coeur."
Ca non plus, c’est pas moralisateur du tout, ni réactionnaire. Je persiste et signe : avoir une classe "tenue" c’est quand même la moindre des choses pour essayer un temps soit peu d’avoir l’attention des élèves. Je sens derrière votre discours les infâmes relents des "élèves au coeur des apprentissages" qui ont fait avec le reste, tant de mal à cette société. Je suis désolé, mais les enfants, et encore plus les ados ont besoin de cadre et de repère : il n’est pas question de dictature, il est question de méthode et de discipline.
Ma femme est professeur des écoles depuis bientôt trois ans : avant ça, elle a fait trois enfants et passé 20 ans dans le privé dans 6 entreprises et secteurs trés différents...
Elle n’a pas choisi ce métier pour la planque ni pour les vacances, même si, il faut être honnête, cela est très séduisant (notamment pour la gestion des enfants justement...). Elle voulait réellement s’investir dans une mission qui l’a toujours attiré. La vie a fait que c’est seulement maintenant qu’elle pouvait le faire.
Elle s’est donc retrouvée à l’IUFM avec, pour l’immense majorité, des jeunes de 22 à 25 ans tout droit sortis de la FAC. Là pour le coup, une grande partie d’entre eux n’était pas dans ce cursus par vocation, ni par humanité, ni par volonté de transmettre un savoir. Notre société ayant habitué nos enfants à recevoir sans donner grand choses, à réussir facilement en passant à la télé ou en jouant au loto, nombre d’enseignants (même s’ils ne sont pas tous comme ça, c’est sûr...) pensent d’abord aux vacances et aux 18-20 heures (alez, 25 maxi) de cours semaine. Certains diront : "Ouais, mais y’a beaucoup de correction et de préparation...". C’est vrai : ceux qui sont vraiment concernés par leur job, ceux qui ont une réelle conscience professionnelle y passeront du temps les premières années... Ne me faites pas croire qu’une prof qui a le même niveau ou le même cours pendant 10 ans refait ses prep, tous les ans, ce serait vraiment prendre les gens pour des c...s....
Ma femme n’était, vous vous en doutez, pas en grève jeudi dernier. Ce combat n’est pas le sien : la plupart de ses collègues "anciens" l’était. La seule chose qu’elle y a vu, comme moi d’ailleurs, c’est la volonté de s’arc-boutter coute que coute sur des principes et des idéaux datés.Toutes les statistiques montrent que la suppression des postes d’enseignants est nécessaire. Au même titre que les grèves de trains : prendre les parents en otage lors des grèves des enseignants est scandaleux. Le service minimum assuré par les Mairies est une excellente chose : que ceux qui sont d’accord avec les profs gardent se débrouillent avec leurs enfants les jours de grève... Par solidarité... !!!
La sclérose dont souffre notre système éducatif et pour beaucoup liée à la motivation de ses référants. Je suis d’accord avec un des précédents commentaires (fergus) quand il est dit que la selection sur les critères d’autorité naturelle est insuffisante. L’autorité, le carisme, ça ne s’apprend pas.
Enfin, et pour finir, si les résultats de notre système éducatif était à la hauteur de nos partenaires européens, on pourrait éventuellement tendre une oreille attentive à ces revendications : que tous les enseignants aillent faire un stage d’un mois dans le privé pour voir comment ça se passe : ils pleureraient sûrement un peu moins après.