Votre commentaire est sans doute le plus pertinent que j’ai lu sur cet article.
Il y a deux problèmes majeurs à l’EN : La formation des enseignants et les objectifs pédagogiques de l’EN.
1/ Formation des enseignants
Les enfants sont des êtres cognitifs. Leurs fonctions intellectuelles sont en développement et le travail des enseignants est avant tout d’accompagner ce développement.
Pour cela, ils doivent non seulement connaitre les stades du développement cognitif de l’enfant mais aussi les techniques pédagogiques les plus adaptées.
Le mieux pour cela est donc passer par une faculté de psychologie avant d’intégrer un Master MEEF (comme l’a dit d’ailleurs un ex-instituteur et ex-psychologue scolaire, doctorant en psychologie du développement, que j’ai connu)
Cependant, la plupart des enseignants viennent de facultés de lettres, de langues, d’histoire...tout en sachant qu’ils n’enseigneront rien de ce qu’ils on appris en Licence universitaire. Ils ont donc deux ans pour tout apprendre du développement de l’enfant, de la gestion du rapport au savoir, du rapport aux enfants, de la pédagogie. Si l’auteure de cet article était passée par une faculté de psychologie, elle y aurait certainement appris que la seule autorité qu’on obtient est celle que l’autre nous donne (en l’espèce l’élève).
Tous ces éléments font l’objet de recherches scientifiques approfondies en Sciences de l’éducation qui ont, par exemple, mis en évidence que le fait de rendre les notes des élèves publiques ruinaient complètement les efforts des élèves en difficulté tentant de remonter la pente.
2/ Objectifs de l’EN
Les difficultés scolaires rencontrées par les élèves peuvent être rangées en 3 catégories : il y a les problèmes de stratégies métacognitives, les problèmes psycho-affectifs et enfin les troubles neuropsychologiques (comme la dyslexie).
Dans la majorité des cas, ce sont des problèmes de stratégies métacognitives qui sont en cause c’est à dire de planification et d’organisation de la manière de traiter des informations.
Cependant l’EN concentre davantage ses efforts dans l’enrichissement culturel de nos enfants plutôt que dans le développement de leurs aptitudes intellectuelles. Si on souhaite éveiller leur curiosité intellectuelle à l’âge adulte, il faut pacifier leur rapport au savoir et c’est bien la difficulté à se représenter certains concepts et systèmes (abstraits) qui inhibe cette curiosité.
Un enfant qui sera heureux d’aller à l’école et investi sera un enfant qui fera davantage le constat de ses réussites plutôt que de ses échecs et qui sera accompagné en cas de difficulté.
Lorsque j’étais enfant, je rencontrais pas mal de difficultés en trigonométrie (en réalité, j’avais du mal à me représenter cet univers géométrique et les règles qui le régissent), ma professeure de mathématiques, également ma professeure principale, ne m’a jamais accompagné dans mes difficultés, elle me laissait y faire face et me répétait que je n’aurais pas mon brevet des collèges. Plus tard, j’ai même eu un professeur de mathématiques qui riait devant mes camarades ou me réprimandait lorsque je faisais erreur durant mes interventions orales volontaires (c’est beau de se moquer d’enfants qui font des efforts).
Étrangement, les seuls enseignants de mathématiques avec lesquels mes
notes étaient bonnes étaient ceux qui faisaient l’effort de
m’accompagner dans l’acquisition des savoirs fondamentaux en
mathématiques.
Si en tant que parent, je devais apprendre que mes enfants faisaient l’objet de moqueries de la part d’enseignants ou que ceux-ci leur avaient dit qu’ils ne réussiraient jamais, je débarquerais dans l’établissement sur le champ...car aujourd’hui, forts de toutes nos connaissances sciences de l’éducation, ce type de comportements relève d’une faute professionnelle et surtout d’une violence psychologique sur des mineurs soumis à leur autorité.
Arrêtons 5 minutes de glorifier défensivement nos institutions et considérons l’organisation du Baccalauréat sur un plan psychologique :
Qu’il s’agisse d’un test psychométrique ou d’un contrôle de connaissances, il est nécessaire de s’interroger validité d’une évaluation :
« Ces épreuves mesurent-elles bien le niveau de connaissances et l’investissement des candidats ? »
Admettons qu’au cours de son année de Terminal un élève ait étudié 10 grands thèmes d’Histoire. Cependant l’épreuve du Baccalauréat est organisée de telle sorte que l’élève n’aura à choisir qu’entre 2 thèmes parmi les 10 étudiés au cours de l’année.
Ainsi un élève qui aura étudié de manière exhaustive tous les thèmes d’Histoire mais pas ceux de l’épreuve obtiendra une note faible en Histoire. Sa note signera un faible niveau de connaissances et d’investissement du candidat alors que ses connaissances en Histoire auront été supérieures à ce qui était attendu de lui.
Inversement un élève qui aura misé sur le facteur chance en étudiant exhaustivement que 3 thèmes dont celui de l’épreuve obtiendra une excellente note à son épreuve d’Histoire rapportant un investissement et un niveau de connaissances supérieurs aux attentes du l’Education Nationale.
Une épreuve d’Histoire avec de bonnes qualités métriques traiterait l’ensemble des thèmes vus au cours de l’année de Terminal. Cependant cela rendrait le Baccalauréat trop difficile ou trop simple à obtenir et ne permettrait pas d’évaluer les compétences de compréhension, d’argumentation et de synthèse du candidat.
Voilà pourquoi l’obtention du Baccalauréat devrait se faire en contrôle continu et non en contrôle terminal.
Ce n’est pas une question de valeurs, de progrès ou de gauchisme...mais de réalité scientifique.