Je suis surpris de voir certains venir sur une place publique où se déroule un débat pour crier que le sujet n’intéresse personne. En Europe, tout le monde s’en fout de ce Taylor, de son procès et du verdict, nous crie Bois-Guisbert. Je crois pour ma part que lorsque dans le coin le plus reculé de la terre un criminel paie pour ses crimes, c’est la justice qui fait son chemin. Ainsi, quiconque profite de son isolement pour commettre des forfaits loin des yeux du monde, vivra avec cette peur d’être un jour traduit devant la justice des hommes. Et c’est déjà beaucoup.
Laissons un peu de côté le sexisme qui aurait joué dans cette élection et posons la question essentielle. Qui parmi vous peut citer de mémoire deux ou trois objectifs clefs du programme de Ségolène Royale ? De ses projets pour la France, j’avoue n’avoir retenu que le terme une société plus juste et le fait qu’elle est - selon ses propres mots - une femme libre, non liée aux puissances de l’argent. De Nicolas Sarkozy, j’ai retenu qu’il voudrait s’attaquer fermement à l’immigration, qu’il voudrait instaurer la discrimination positive pour rendre visible les minorités françaises, qu’il voudrait revoir l’impôt sur l’héritage qu’il trouve injuste ; il voudrait également s’attaquer aux régimes spéciaux dont jouissent certains... Et pourtant, j’ai voté pour Ségolène Royal par principe : je ne pouvais moralement donner ma voix à un être qui affirme que certains sont nés pour être mauvais parce qu’ils ont dans les gènes le mal qui ne peut pas leur permettre de devenir bons. Ségolène Royal a perdu parce qu’elle n’a rien fait pour gagner. Elle n’a jamais proposé d’objectifs clairs et précis suscetibles de changer le quotidien. Les grandes théories et même les valeurs humaines ne suffisent pas pour gagner une élection présidentielle aujourd’hui.
Je voudrais faire remarquer à l’auteur de l’article que dire que l’on va débattre avec un noir non pas comme avec un noir mais comme un candidat quelconque n’aurait jamais été perçu comme du racisme en France. Jamais ! Chaque jour que Dieu fait est rempli de ce type d’observation que vous semblez qualifier de racisme outrageant. Mais ces observations touchent des noirs sans que cela fasse sourciller quiconque. Vous semblez faire croire que le racisme est dénoncé en France mais pas le sexisme. Quel mensonge ! Quel manque d’observation ! Croyez-vous que la minorité noire bénéficie dans notre pays d’un traitement que les femmes françaises gagneraient à en bénéficier ? Je vous fais remarquer que les femmes bénéficient, elles, de la discrimination positive par le biais de la parité. Chose que l’on refuse à la minorité noire parce que ce serait du communautarisme selon la majorité blanche.
Pour ce qui est du sexisme à l’égard de Ségolène Royal, j’ai constaté autour de moi - à mon grand étonnement - que ce sont les femmes qui ont été les plus critiques à son égard : voix trop haute, trop perçante donc désagréable ; elle raconte n’importe quoi ; c’est une folle, oui ! oui ! J’avais compris là que dans notre société, le plus grand ennemi de la femme, c’est la femme.
A force de faire de la politique étrangère le domaine réservé du Président la République, la grande majorité des français, y compris leurs élus qui n’ont pas leur mot à dire sur ce chapitre, ont peu de connaissances de ce que fait la France à l’étranger. On comprend donc pourquoi toute critique de la politique de la France en Afrique heurte tant l’amour propre de beaucoup. Certains mélangent tout, en parlant des Chinois et des Américains qui, selon eux, bientôt feront la même chose en Afrique. Pour le moment, il ne s’agit pas des Chinois et des Américains. Il s’agit de connaître la vérité sur le passé de la France en Afrique. Certes, la création d’une commission Vérité et Réconciliation me semble aller trop loin. Mais de là à rejeter le passé de la France du revers de la main comme le font certains est tout à fait honteux. Sortons donc de l’ignorance en prenant la peine de lire d’autres livres que ceux écrits par nos hommes politiques. D’autre part, reconnaissons que la France n’est plus un pays peuplé seulement de blancs depuis au moins deux siècles. Par conséquent, nous devrions nous poser la question de savoir pourquoi tous les héros de la République française sont des blancs. Ce n’était pas assez honteux d’enseigner à des noirs que leurs ancêtres sont des Gaulois ? Ce que demande les minorités françaises, c’est tout simplement que l’état français reconnaisse qu’il y a une falsification de l’histoire et qu’il faut désormais restaurer la vérité afin que tous les Français de toutes les origines se reconnaissent dans le patrimoine national. Oui, car il y a des héros noirs de l’histoire de France que l’on nous cache. Oui, il y a des crimes commis contre des français noirs, des crimes dont les récits dorment dans des livres non réédités ou dans des archives publiques et privées. Oui, il y a des crimes de l’armée française contre des Français noirs que les manuels d’histoire taisent. A ceux qui disent que c’est du passé et qu’il n’y a aucun intérêt à y revenir, je leur réponds qu’ils se mentent à eux-mêmes. Car chaque jour, on voit des commémorations contre l’oubli, des créations de musées et d’œuvres pour faire acte de mémoire.... Mais tout cela ne parle que des français blancs. Les minorités françaises demandent donc tout simplement que leur passé soit révélé et inscrit dans l’Histoire de la République afin d’avoir aussi droit à toutes ces attentions. Est-ce trop demander aux compatriotes blancs ?