Voici mon premier post sur AgoraVox. Dépucelage enclenché.
J’ai décidé de réagir car j’ai trouvé le sujet de cet article passionnant. Je ne connaissais pas Paul Lafargue (maintenant, c’est chose faite) mais j’ai lu il y a quelques années un texte de Bertrand Russell intitulé ’In praise for Idleness’ (’Ode à la paresse’) qui m’avait beaucoup marqué. Depuis, le sujet me hante et voilà les quelques points auxquels j’aimerai apporter une touche personnelle :
1. En tant que société, avons-nous un but ?
La question peut faire sourire de prime abord, et pourtant, je ne pense pas qu’elle soit stupide. La volonté de créer des machines pour faire notre travail est bonne, j’apprécie l’automatisation, et surtout ça permet d’éviter le dangeureux ou paralysant facteur humain. Mais devons-nous nous arrêter là pour autant ? Si des machines peuvent nous offrir de quoi nous nourrir, cela veut-il dire que l’on devrait devenir des oisifs complets ? Non en fait, au contraire, si les machines nous permettent de travailler plus vite et surtout mieux, alors nous pouvons travailler plus et tirer en avant notre société, et que notre ’machine société’ marche encore mieux. Donc, sur ce point, ma pensée tient en « Automatisons pour nous débarrasser des tâches inintéressantes, mais pas pour arrêter de travailler, juste faire des métiers qui ne peuvent pas être faits par une machine. »
2. Une réaction immédiate sur l’automatisation : Celle -ci ne doit pas être systématique, il est important de garder un savoir faire humain, quel que soit le domaine. La machine n’innove pas, l’humain reste capital, mais dans un rôle de pionnier, d’investigateur, de juge...
3. Devrais-je avoir honte d’aimer travailler ? Suis-je le seul à aimer ça ?
Je suis quelqu’un de plutôt social. Je pense que certains ne trouvent pas leur place dans notre société, et qu’il faut les aider. Mais les aider, ce n’est pas les arroser de pognon. Donner du poisson ou apprendre à pêcher...
Je pense qu’au fond de nous, nous aimons tous être utiles. Et cela passe bien souvent par le travail. Je souhaite qu’on arrête cette politique stupide d’arrosage automatique pour revenir à un vrai système constructif, posons les nouvelles briques de notre futur au lieu de repeindre les caches misères.
Personnellement, j’aime mon travail. Ca me prend beaucoup de temps, bien sûr ca me stresse, mais tout cela est nécessaire. La fierté et la reconnaissance sont les récompenses associées. J’irais même plus loin, si je ne travaillais pas (comme ça m’est déjà arrivé dans des périodes moins fastes), j’aurais plus de mal à accomplir autant et mon sentiment de fierté et de construction personnelle en serait diminué. Le travail, c’est un cadre pour developper une partie de soi, et en ça, c’est bon.
4. Sarkozy et le ’travailler plus’.
C’est drôle ce concept. En soit, ça parait plutôt logique et pourtant, sous d’autres angles, c’est très discutable. J’ai vécu quelques années a Vancouver, Canada, dans une major de l’entertainment (entre 80 et 100h par semaine, 2 semaines de vacances par an). Lors de séminaire, je me souviens de ce type qui nous rabâchait : « N’essayez pas de travailler plus, au contraire, essayez de travailler moins, mais de manière plus intelligente, de manière plus efficace. »
Et quelques années plus tard, je n’ai plus aucun doute, c’est indéniable, il avait raison. On continue à parler d’heure de travail. C’est abbérant. Parlons de résultat, parlons d’efficacité. J’ai connu des dizaines d’employés qui pouvaient passer moins de 10% de leur temps de ’travail’ à faire avancer les choses... Ca sous-entend 2 choses. La 1ere, c’est que si le type fait en 2 heures ce qu’il a une journée pour faire, il devrait avoir potentiellement beaucoup plus de temps libre. La 2eme, c’est que au niveau international, la production pourrait être meilleure, et donc plus competitive. Ce qui ne nous ferait pas défaut.
5. Et ce point est plutôt une question, car je ne suis pas économiste. Certains commentaires parlent d’augmenter le salaire universel à 1500 Euros. Cependant, il me semble que mon boulanger voudrait en profiter. Puisque les ’ex-pauvres’ sont moins pauvres, il se sent lui-même plus pauvre, et puisque les gens ont maintentant plus de moyens, il va augmenter ses prix. J’ai donc tendance à penser que ca finira en une belle grosse réaction en chaîne jusqu’à ce qu’un nouvel equilibre soit retrouvé, ou les gens toucheront plus, dans un monde où tout sera plus cher... Bref, rien de très nouveau.
Dépucelage terminé.
Merci, ce fut un plaisir, merci de m’avoir suivi.