T.R.

Vous avez un humour décapant. D’ailleurs ma cape n’a pas résisté.

Mon cher Alain,

Lescure et De Greef ont précisément refusé de voir le marketing industriel prendre une place prépondérante dans leur télévision. Gildas, s’il pouvait vous paraître rébarbatif, a réussi à créer une vraie émission culturelle créative. Rien de mieux que de voir à quel point on la regrette aujourd’hui pour vous prouver son intérêt.

NPA ne bénéficie pas uniquement de la nostalgie des vieilles choses. Pour vous en convaincre, regardez donc le remake de Champs-Elysées. Si on peut à son égard ressentir une forme de nostalgie de cette vieille chose, on ne souhaite surtout pas qu’elle revienne à la télé.

Nulle Part Ailleurs a été un véritable thermomètre culturel de la télévision. Les Nuls, Decaunes, Les Guignols de l’Info et tant d’autres artistes et émissions qui sont aujourd’hui cultes.

Quant à ma jeunesse, je vous remercie de la saluer. Je me permets donc de saluer votre vieillesse, qui manifestement s’empoussière au point de ne plus réellement distinguer le pertinent du réactionnaire. Je vous laisse donc en paix avec Monsieur Finkielkraut.

Je vous réponds à vous en même temps qu’à d’autres qui ont formulé des critiques semblables.

Etre fataliste n’a jamais rien arrangé. Je paye une redevance télévisuelle, j’ai envie d’avoir mon mot à dire. Et surtout j’ai envie de regarder des sujets qui m’intéressent à la télévision, et qui me font marrer.

Comment voulez-vous que la télé change si les gens n’y voient rien à reprendre ?

Certes on vit très bien sans la télé, mais on vit très bien sans beaucoup de choses. Je vis d’ailleurs très bien avec ou sans la télé. Là n’est pas le problème. Le problème est de savoir comment la télévision peut renouer avec une véritable programmation créative et renouer avec le culturel.

Bien à vous.

Notre ami TR découvre l’amérique, et notre ami Antoine nous fait découvrir l’Europe.

Si la médiocrité est le bien dominant, force est de constater qu’on peut tout à fait ne pas se soucier de l’audimat des ménagères et créer une véritable télévision. C’est ce qu’a fait De Greef en son temps. Se souciait-il seulement de la ménagère ? Pas un instant bien sûr.

Donc il peut y avoir une vraie télé créative, pour peu que les patrons de chaînes sachent prendre des risques. Or les enjeux financiers sont devenus beaucoup trop importants pour que quelque risque que ce soit fût pris.

Et je refuse votre fatalisme. On ne doit pas se faire à ce monde d’abrutis. Donc, cher Antoine, je vous propose qu’on redécouvre l’Amérique ensemble.

Très cher Dionysos,

J’ai vu le documentaire Pas vu pas pris, de notre cher ami Pierre Carles. Documentaire assez médiocre il faut bien le dire, car pas franchement révélateur de ce qu’on ne connaissait pas.

L’impertinence de Canal+ avec ceci de bien qu’à défaut d’être parfaite, elle nous faisait rire. Et puis surtout, Canal à l’époque ne se souciait pas de l’audimat, véritable vérole moderne.

Donc je reconnais qu’il y avait certaines limites, mais je préfère 1000 fois ces limites à celles que l’on connaît aujourd’hui à la télé, comme à la radio d’ailleurs. Les ondes de France Inter sont là pour nous rappeler que tout medium pertinent peut la perdre à cause d’une gouvernence catastrophique.

Bien à vous.