Sur les soit disant documents « confidentiel defense » ou suceptibles de le devenir et qui se trouveraient dans une panière d’EDF, j’ai vraiment du mal à le croire...
Si c’est le cas il faudrait voir si des sanctions ont été prises car ce serait déjà une faute assez lourde dans le processus de gestion documentaire qu’un tel document s’envole.
Je ne vois pas trop pour quelle raison EDF serait chargé de gérer des documents classifiés vu qu’ils n’ont pas d’installations qui relèvent de la défense.
Par contre, l’Etat a pu faire un certain nombre de test « durs » de sécurité dans les centrales. Il peut très bien s’agir de contrôles imprévisibles d’inspecteurs civils de l’ASN à tout heure du jour et de la nuit, mais aussi d’opérations de vérification convertes par le secret et exécutées par des services spéciaux ayant pour but de vérifié la « résistance » des centrales à une attaque terroriste.
C’est quand même pas trop tôt les USA l’ont fait avant nous, je ne comprends pas bien encore comment les personnes qui voyaient des gens protégés et d’autres non protégés ne se sont pas posés de questions à l’époque, en tout cas les victimes devraient être surtout reconnues, certes indemnisées, mais reconnues comme ayant servies l’intérêt supérieur de la Nation.
Pour réagir sur la transparence, il y a deux sortes d’installations nucléaires :
- les installations qui relèvent du secret de la défense nationale (INBS) (comme certaines installations de la Direction des Applications Militaires du CEA, de la Marine et de l’Armée de l’Air) pour lesquelles par définition ont ne peut rien savoir de bien précis même si tout le monde connaît leur existance et leur objet.
- les installations civiles, comme les réacteurs nucléaires, Iter, les sites d’Areva, qui sont donc contrôlées par une administration civile, l’ASN.
Il y a eu beaucoup de progrès dans la transparence mais il y a quelques problèmes :
- ne pas révéler de secret industriel ou de savoir faire
- ne pas donner des étails suseptibles d’être utilisés par des personnes mal intentionnés pouvant alors affaiblir la sécurité nucléaire
On peut constater que pour l’EPR, le rapport préliminaire de sûreté (version public, donc sans certains détails) a été mis en lecture sur le site de l’EDF.
Ceci est un progrès important pour comprendre comment est gérée la sûreté, mais je ne pense pas que le rapport complet soit rendu public à cause des problèmes ci dessus.
Les journalistes, par manque de culture technique ou scientifique ne sont pas très doués lorsqu’il s’agit de parler correctement du nucléaire, mais il ne faudrait pas non plus que les gens s’improvisent « informés » et tombent dans des pièges :
- l’ASN ou plus précisement sont expert technique qui est l’IRSN n’admet généralement pas la fourniture d’études probabilistes de sûreté dans les démonstrations de sûreté. Autrement dit, lorsqu’un évènement même très improbable peut arriver, il est exigé une démonstration de la maîtrise de sa prévention et de ses conséquences. Ceci est une approche « dure » typiquement franco-française dans les dossiers et qui surprend d’ailleurs les étrangers qui viennent travailler dans ces domaines en France.
- les réacteurs électro-nucléaires n’ont jamais été conçus de façon à résister à une chute d’avion de ligne. Personne n’a jamais affirmé le contraire. En revanche, la chute d’un avion de tourisme est bien prise en compte. J’ignore si une étude des conséquences de la chute d’un avion de ligne existe ou s’il est même possible d’en faire une. Je pense qu’il doit exister une procédure militaire, notamment depuis le 11 sept 2001, pour détruire l’avion dans un tel cas (par missile ou interception). Ces réacteurs ne sont pas davantage conçus pour résister à une arme de guerre.
- le risque de séisme et d’inondation est bien pris en compte ! Mais il se trouve que les gens qui évaluent le niveau de risque sismique en général (ils ne sont en rien liés à l’industrie électronucléaire) ont plutôt eu tendance à relever le niveau ces derrières années ce qui pose aussi des problèmes dans le BTP. D’autre part, l’ASN elle même a durci ses exigeances ces dernières années. Certaines anciennes installations nucléaires ont du etre remises à niveau en fonction de leur degré de risque car il est évident qu’une installation à l’arrêt ou en démantèlement (et il en existe) n’ont pas besoin de la même remise à niveau qu’une installation en fonctionnement.
- le scénario d’accident grave est bien sur étudié. Comme on l’a vu, même ce qui
est « démontré » hyper improbable doit être envisagé. Cela peut apparaitre comme ajouter
à l’inquiètude mais ne pas étudier la question serait encore plus inquiétant.
- pour parler enfin de la dernière affaire « d’espionnage » de la part d’EDF il faut savoir que celà n’étonne que les journalistes ! Tous les acteurs du nucléaire, à commercer par l’Etat via ses services de RG, est à l’écoute de toute information de nature à porter préjudice à la sécurité des installations nucléaires. En particulier, toute personne qui participe à des manifestations proches d’une installation est susceptible d’être filmée, photographiée ou faire l’objet d’une recherche par les services de police ou des propriétaires de l’installation. Donc ne parlons même pas des membres d’associations anti-nucléaires ! Ceci dit, EDF doit utiliser des moyens légaux, et non des vols, ils seront sanctionnés si c’est avéré. Quand aux services de l’Etat, s’ils sont couverts du secret, tous les moyens semblent possibles mais personne n’en sait rien par définition.
- en conclusion, développons toujours plus les énergies renouvelables mais soyons aussi au top niveau mondial en matière de sûreté nucléaire, du temps que ces nouvelles énergies montent en puissance, il y en a encore pour des dizaines d’années d’efforts.