J’ai bien lu votre article sur les exigences des machines à voter. Evidemment, il serait intéressant de se plonger directement dans le règlement technique (ce que je vais peut-être faire). Cependant, je tiens à réagir en tant qu’ingénieur électronicien. En effet, je travaille sur la conception et la réalisation de systèmes industriels.
Il me semble donc important d’évoquer deux choses :
Les critères que vous citez au début sont des critères de TEST pour contrôler la solidité et la robustesse des machines à voter. J’ai déjà travaillé sur des systèmes industriels dont la robustesse devait être vérifiée par des tests du même type et notamment des tests de température pour les systèmes devant fonctionner dans des conditions sévères. Les critères que vous citez semblent être issus de normes de contrôle de la solidité de matériels industriels : tests de vibration, fonctionnement dans des conditions atmosphériques sévères... Il n’est donc pas surprenant que ces critères soient très précis. Cependant, ces critères ne sont pas propres aux machines à voter.
Dans la suite de l’article, vous citez des critères qui semblent être assez imprécis en comparaison des critères de tests susnommés, et en concluez que la fiabilité de l’application elle-même n’est pas assurée, au vu de ces critères.
Pour moi, une autre interrogation se pose : les critères donnés dans le règlement technique sont-ils des critères fonctionnels vus par l’utilisateur de la machine, ou bien des règles de conception mécanique, électronique, informatiques ? En ce qui concerne les critères de robustesse mécanique, il s’agit très clairement de modes opératoires de TEST. On aurait pu aussi écrire :
« les machines doivent répondre à la norme XXXX d’essais mécaniques de robustesse, à la norme YYYY d’essais en température... » Cela n’entrave en rien la précision du critère dans la mesure où la norme en question est citée.
Pour les autres critères, peut-etre s’agit-il de critère purement fonctionnels vus de l’utilisateur mais auxquels aucune norme ne peut être rattachée, aucune machine de vote n’existant à ce jour.
Lorsque le ministère de l’intérieur décide de faire fabriquer de machines à voter, il doit fournir un appel d’offre à des constructeurs avec un cahier des charges contenant les critères fonctionnels auxquels doivent répondre les machines à voter. C’est au constructeur de concevoir un système répondant à ces critères fonctionnels.
En réponse, le constructeur fournit une proposition technique (plans, schémas, calculs...) qui doit montrer clairement la conformité aux critères.
En outre, le constructeur fournit aussi un plan et des outils de test permettant de prouver que le système répond aux critères. C’est cette proposition technique ainsi que le plan de test qui sont validés par le ministère de l’intérieur.
Ayant déjà travaillé sur de nombreux projets techniques industriels, j’ai déjà compulsé un certain nombre de cahier des charges. Ceux-ci contiennent aussi bien des critères fonctionnels et qualitatifs que quantitatifs. Exemple :
Critère qualitatif : « L’appareil doit s’affranchir de toute coupure intempestive d’électricité ».
Critère quantitatif : « La consommation électrique ne doit pas dépasser 200 W ».
Dans le cas du critère qualitatif, c’est au constructeur de proposer une solution technique avec calculs à l’appui :
« Utilisation d’une batterie cadmium-Nickel de capacité X mAh permettant une autonomie de 5 heures pour une consommation de puissance 150 W - La recharge de la batterie est assurée en 8 heures ». Doit venir ensuite une discussion avec l’auteur de l’appel d’offres qui juge si l’autonomie en question est acceptable ou non. Dans ce cas l’auteur de l’appel d’offre ne modifie pas forcément ses critères, mais discute de la proposition technique puis la valide en concrtation avec l’utilisateur final et le constructeur.
Ce qui serait intéressant concernant les machines à voter, ce serait de savoir si les propositions techniques ont été analysées de manière objective, s’il y a eu des discussions sur les points peu précis et les éventuels points durs, si les plans et outils de tests ont été contrôlés, si de véritables tests ont été effectués par un organisme indépendant...
Peut-être entrons nous ici dans un domaine qui ne nous serait « pas totalement accessible »...