(...) La consultation de revues de vulgarisation telles que
La France Agricole ne donne aucune information sur
le sujet pour l’année 1995. Il en est de même pour Le
Lien horticole des collections 2000 et 2001. Le mensuel
Phytoma, qui accorde pourtant une large place
aux méthodes innovantes en protection des plantes,
ne se fait l’écho du purin d’ortie qu’en 2006. À noter
enfin que la base des 290 articles de référence mis à
disposition sur le site de l’Astredhor (www.astredhor.fr/les-contributions-du-reseau-2065.html),
concernant les expérimentations 2006 à 2011,
ne comporte pas d’informations sur les différents
purins.
Cette synthèse rapide, mais néanmoins assez large,
montre que la littérature classique, un assez grand
nombre d’ouvrages à vocation scientifique et diffé-
rentes sources d’information de large vulgarisation
ne font aucune mention de propriétés positives de
l’ortie en matière de protection des plantes.
Il est donc hautement vraisemblable que le purin
d’ortie est une « invention » récente, ou bien alors
qu’une telle trouvaille figurerait dans des travaux
peu notoires qui auraient échappé à la vigilance des
auteurs consultés. (...)
Les recommandations d’emploi de préparations à
base d’ortie dioïque (U. dioica) semblent avoir débuté
dans le Maine-et-Loire à partir des avis donnés par
Jean-Claude Chevalard, autodidacte entreprenant
qui se décrit lui-même comme un « orticien ». De
préparations faites à la ferme pour des besoins
locaux, le purin d’ortie et plusieurs autres confectionnés
avec divers végétaux (prêle, fougère…) sont
vite devenus objets de commerce à partir de ce qui
ressemblait déjà à une petite industrie.
Avant la loi d’orientation agricole de 1999 et le développement
des activités de contrôle, les autorités ne
s’en sont guère inquiétées. Jusqu’au moment où les
ventes de ces produits par milliers de litres dans
plusieurs jardineries ont été régulièrement signalées
par les agents chargés du contrôle de routine
de ces établissements. Cette mise en marché était
parfois accompagnée de recommandations écrites
visant des maladies ou des parasites très variés,
au contenu visiblement fantaisiste. Conditionnées
dans des bidons en plastique, les préparations portaient
une étiquette très libre revendiquant principalement
des propriétés fertilisantes. Elles étaient
quelquefois conseillées sur les points de vente en
mettant en avant des propriétés phytosanitaires, en
particulier contre les pucerons. On était alors au
tournant de l’an 2000.
Différents courriers de mise en garde ont alors été
adressés par la DGCCRF (Direction générale de la
consommation, de la concurrence et de la répression
des fraudes) aux contrevenants, les avisant du
fait qu’un produit non normalisé, n’ayant fait l’objet
d’aucun contrôle ni d’aucune demande de commercialisation
comme fertilisant ou produit phytosanitaire,
ne pouvait être mis en marché. Ces envois de
courrier sont attestés en 2002 (in Purin d’Ortie &
Compagnie).
L’obligation de non-publicité et les demandes de
retrait des allégations de propriétés phytosanitaires
du purin d’ortie ont été ressenties comme
un nouvel interdit imposé par l’État, voire une provocation,
qui a fait les choux gras des blogs alternatifs.
Le sujet est brutalement venu sur la place
publique en 2006 avec un événement sans rapport
direct, à savoir le contact pris par les « Fraudes »
avec un particulier qui faisait la promotion d’huiles
essentielles destinées à être injectées dans le tronc
d’arbres d’ornement, au prétexte de les guérir des
maladies diverses qui les affligeaient. En quelques
jours, cette opération banale, matérialisée par une
simple audition, a déclenché une tempête médiatique
animée par différentes associations de protection
de la nature, de partisans de l’agriculture
biologique ou de tenants des solutions dites naturelles.
En quelques semaines, le mouvement a pris
la tournure d’une véritable crise qui a pris de court
les services du ministère de l’Agriculture. Beaucoup
de journaux, même les plus sérieux, ont alors
véhiculé des informations erronées sur les médicaments
« naturels » et critiqué le bien-fondé des
règles administratives. Simultanément, un véritable
groupe de pression a semblé se former à l’Assemblée
nationale avec plus de 60 questions de parlementaires
au gouvernement… Cet épisode a été parfois
appelé dans la presse la « guerre de l’ortie ». (...)
« Tout État est fondé sur la force », disait un jour Trotsky à BrestLitovsk.
En effet, cela est vrai. S’il n’existait que des structures sociales
d’où toute violence serait absente, le concept d’État aurait alors
disparu et il ne subsisterait que ce qu’on appelle, au sens propre du
terme, l’« anarchie ». La violence n’est évidemment pas l’unique
moyen normal de l’État, - cela ne fait aucun doute - mais elle est son
moyen spécifique. De nos jours la relation entre État et violence est
tout particulièrement intime. Depuis toujours les groupements politiques
les plus divers - à commencer par la parentèle - ont tous tenu la
violence physique pour le moyen normal du pouvoir. Par contre il
faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine
qui, dans les limites d’un territoire déterminé - la notion de territoire étant une de ses caractéristiques - revendique avec succès pour
son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est en effet le propre de notre époque, c’est qu’elle n’accorde à
tous les autres groupements, ou aux individus, le droit de faire appel
à la violence que dans la mesure où l’État le tolère : celui-ci passe
donc pour l’unique source du « droit » à la violence.
@wesson On retrouve dans votre rhétorique les mêmes accents et la même ligne que celle du KPD contre le SPD, lorsque, en dernière analyse, il préférait voter avec le NSDAP pour mener son « combat principal », celui contre les sociaux-démocrates.