Je voudrais juste apporter une nuance qui a toute son importance à ceux qui pensent que les médecins libéraux sont payés par la Sécu. La sécurité sociale ne paie pas le salaire des médecins, elle rembourse les patients. A vous de voir à qui elle rend le plus de services ...
C’est marrant comme dans ce genre de débat il finit toujours par y avoir un intervenant agressif qui sort la grosse artillerie pour défoncer des portes ouvertes ... Vous parlez de quelque chose que vous ne connaissez visiblement pas et les idioties que vous écrivez sont plus grosses que vous !
Visiblement, vous n’avez pas lu le serment d’Hipocrate auquel vous nous renvoyez (ou alors vous n’y avez rien compris !). Il y est inscrit que les praticiens doivent soigner tout le monde sans discriminition, mais il n’est nullement mentionné que nous devons abandonner tout espoir de vie citadine si nous ne le souhaitons pas. Nous (médecins et futurs médecins) sommes tout à fait conscients qu’il faut trouver une solution à l’inégale répartition d’accès aux soins. Nous sommes près à y travailler et à faire certains sacrifices. Mais nous n’approuvons pas les solutions proposées par le gouvernement. Il y a beaucoup d’autres mesures à expérimenter, encore faut-il vouloir les essayer ...
Ensuite, je n’ai lu nulle part, je cite, que les « internes s’étonne[nt] de devoir travailler la nuit et le week-end, et donc préférer s’agglutiner dans les centres villes avec des horaires d’un employé de bureau ». Les internes sont actuellement tous au delà de 50 à 60 heures de travail par semaine dont des gardes de nuit ou de week-end et je n’en connais pas un qui remette ce principe en cause. Sinon, effectivement ils se seraient mal renseignés sur leur travail. Mais là, je crois surtout que c’est vous qui avez lu ou entendu ce que personne n’a écrit ou dit...
Je répète donc que le problème de l’inégalité d’accès aux soins n’est pas principalement un problème de nombre mais bien un problème d’organisation du système de soins. Relisez ce que certains ont écrit plus haut. Et pour compléter vos connaissances, relisez les rapports des commissions de démographie médicale et vous verrez que la fin de la liberté d’installation est loin d’être la seule mesure envisageable. Par contre, je suis d’accord : quand on est au gouvernement, c’est cette solution là qui permet de se creuser la tête le moins possible. Et en plus, c’est celle qui coûte le moins cher puisque les médecins vont se déconventionner en masse : ils seront toujours payés, mais les patients eux ne seront plus remboursés.
Au passage, merci pour vos conseils éducatifs. Mes parents apprécieront de savoir qu’ils ont élevé un fénéant. J’espère que vous et votre progéniture etes plus courageux que nous, futurs médecins nantis.
Au plaisir de vous croiser, avec le sourire, dans mon futur cabinet.
Je suis moi-même étudiant en médecine et je dois bien dire que ça me fait franchement mal au coeur de voir que beaucoup de monde réduise les incitations à de l’argent. En ce qui me concerne (et je suis convaincu que je suis loin d’être le seul) si on doublait le salaire d’un médecin rural ça ne me convaincrait pas plus d’aller excercer en campagne loin de ma femme qui n’a pas fini ses études et qui ne pourrait donc pas me suivre (sans parler du fait qu’elle préfèrerait peut-être rester en ville).
Le problème de l’inégalité d’accès aux soins réside plutôt dans :
1. Les carences d’un gouvernement qui, dans les années 70, au mépris des mises en gardes des médecins de l’époque, a décidé de restreindre le nombre d’étudiants formés en prétextant que moins de médecins entrainerait moins de consultations et donc moins de remboursements.
2. Un système de soins mal organisé et un gouvernement qui n’essaie pas de mettre en pratique les recommandations faites dans les rapports annuels des commissions de démographie médicale (on se demande d’ailleurs pourquoi le gouvernement paie des gens dans des commissions s’il ne les écoute pas).
Les médecins seraient certainement beaucoup plus enclins à venir prendre une garde par semaine dans une maison médicale rurale et conserver son activité en ville le reste de la semaine, plutôt qu’être obligé d’excercer plusieurs années loin de l’endroit où il souhaiterait vivre. Ceci n’est bien évidemment qu’un petit exemple des recommandations que le gouvernement n’essaie pas pas d’expérimenter ...
3. Une politique d’aménagement du territoire catastrophique. Le service publique dans son ensemble déserte la campagne sous l’impulsion de l’Etat : bureaux de postes, écoles, hôpitaux, transports, etc ... Sans parler du reste du secteur libéral : commerces, loisirs, etc ...
Personne ne reproche aux habitants des campagnes de ne pas venir vivre en ville (et c’est fort hgeureusement d’ailleurs !!!) alors j’ai beaucoup de mal à comprendre qu’on reproche le contraire aux médecins. Tout le monde n’est pas né à la campagne et on ne peut pas reprocher à un citadin d’être attaché à son mode de vie.
Pour terminer, je voudrais également rebondir sur ce que certains intervenants ont dit sur le système de paiement des médecins libéraux. Selon le raisonnement de certains, puisque nous sommes payés (indirectement) par l’argent du contribuable, nous sommes redevants de l’Etat et donc corvéables à souhait. Il faut cependant comprendre que ce mode de paiement ne va pas dans notre intérêt mais dans celui des patients. Si la mesure passe et que les médecins s’entêtent à ne pas vouloir exercer à la campagne, ce sont les patients qui en pâtiront car ce ne sera plus la sécu qui nous paiera mais les patients eux-même ... (je précise, pour éviter toute réponse polémique, que le principe de solidarité nationale représenté par la sécurité sociale me semble bien entendu tout à fait louable ! Je ne critique pas du tout ce système dans mon propos, bien au contraire).