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yodin

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Homme du sud, sculpteur et artiste. 

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  • yodin yodin 15 juillet 2014 14:45

    Bien que certaines nuances auraient pu être apportées (je doute fort que les esclaves de l’antiquité se satisfaisaient de leur sort), je partage en grande partie l’avis exprimé dans cet article. Le monde du travail (et le culte qui lui y est associé) est une mise en scène dont les origines remontent à si loin qu’une majorité ne penserait même pas à le remettre en cause : ce serait, pourtant, un véritable acte de créativité humaine, que d’ouvrir les yeux sur la place dévorante qu’il occupe dans nombre de vies. 

    J’ai eu l’occasion, pendant dix-huit ans, de travailler pour trois grosses boîtes, et dans tous les cas elles se sont révélées sectaires : règles internes s’apparentant à celles d’une bible entrepreneuriale, code de conduite et, bien évidemment, notation annuelle. Que l’on ne se méprenne pas sur mon discours : un minimum de cohérence est nécessaire, mais quand telle ou telle boîte insiste autant sur les « Ses valeurs », c’est qu’elle a quelque chose à préserver à tout prix - et au détriment de l’humain s’il le faut. En l’occurrence, ce quelque chose a ici à voir avec la notion de compétitivité tous azimut, compétitivité qui permet de brandir le spectre du chômage si l’entreprise concernée ne se bat pas pour survivre. 

    On aura beau me répondre que l’humanité toute entière est depuis les origines soumise à cette lutte, il n’en reste pas moins vrai que l’homo sapiens n’est pas uniquement un organisme biologique mais également une entité consciente, et cet aspect de lui-même réclame une attention que le monde du travail (exemple non-exhaustif) parvient, de par les affinités plus ou moins douteuses qu’il a avec la politique, à faire passer au second plan, alors que dans une société saine et équilibrée tout irait en faveur de ce développement de soi. Carl G. Jung nommait cela le processus d’individuation et, qu’on le veuille ou non, l’humanité a besoin de se détacher de certaines vieilles habitudes qui lui causent du tort : cela passera peut-être par une phase de vertige, mais c’est un risque à prendre si l’on veut respecter ce pour quoi l’humain est fait ; se développer et se déployer. 

    Si l’on excepte les rares personnes qui ont la possibilité d’évoluer dans le contexte socio-professionnel qui leur convient, une grande majorité subit les incohérences de la schizophrénie normalisée - et même encouragée par une grande méconnaissance de soi - propre au monde du travail, dont l’injonction favorite est la suivante : « Nous avons besoin de toutes les personnalités, pourvu qu’elles soient conformes à nos attentes ». Cherchez l’erreur... 

    L’un des problèmes majeurs de notre époque (et peut-être même de notre pays, incroyablement attaché à la complexité de son verbe et à sa façon de le penser), c’est qu’il existe des spécialistes pour tout mais qui, en fin de compte, ne résolvent rien : en une seule émission on peut avoir l’avis de trois économistes différents, mais pour quel résultat ? La société actuelle produit elle-même les objets humains destinés à sa vitrine, et légifère à qui mieux mieux dans le seul et unique but de s’auto-légitimer - en psychologie ça revient à se fabriquer des masques, avec les conséquences que l’on connaît. À l’heure actuelle, ce sont les outils humains (travail, technologie, arts, politique et j’en passe...) qui se sont d’une certaine façon emparés de leurs créateurs. L’erreur de ces derniers est d’ailleurs de croire qu’ils en ont toujours le contrôle - à ce sujet la récente catastrophe de Fukushima aurait du servir de rappel à l’ordre. 

    Le travail (du matin au soir), valeur ô combien encensée par un judéo-christianisme dont on se vante d’avoir coupé la tête en même temps que celle du roi, est toujours, en 2014, une façon de mesurer le taux de réussite d’un humain. Assez flippant de considérer notre espèce sous un prisme aussi mécaniste... J’ai rencontré trop de personnes revendiquant leur avis et leurs principes sans l’avoir passé au tamis de la réalité pour croire, encore, que les conseilleurs (politiques, spécialistes et autres bonimenteurs) connaissent leur sujet. Pire encore, ils n’en ont rien à foutre : ce qui compte c’est d’être vu dans un monde où l’image (de soi avec le travail, de soi face au regard des autres) est la grande gagnante. 

    J’aurai toujours en tête l’incroyable maxime de ce triste sire qu’est Nicolas Sarkozy : « Travailler plus pour gagner plus ». Travailler plus pour engraisser le veau d’or, travailler plus pour exister moins... Cette seule phrase, cette seule décision, a eu pour effet de me faire perdre le mien, d’emploi, mon ancien patron en ayant profité pour saturer mes semaines d’heures supplémentaires, au détriment de ma vie personnelle et de mes aspirations. Voilà ce que cette course au travail va réussir à générer... plus de tension, plus de difficultés, plus de concessions débridées. Avec le risque, in fine, d’emprisonner l’humain dans un schéma de fonctionnement standardisé et nivelé, où la loi du gagnant sera plus que jamais la seule valable... soit le total contraire de l’idéal Républicain, dont on peut légitimement se demander s’il n’est finalement pas une bonne intention de plus sur le chemin de l’enfer. 

    J’ignore, Wilouf, si mon avis sonnera plus ou moins juste à tes oreilles, mais je te remercie pour ton article : il est une excellente rampe de lancement pour l’expression smiley 

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