Cher Monsieur de 50 ans,
êtes-vous fiers de ce que la France a fait de bien à l’humanité depuis 2000 ans, révendiquez-vous comme beaucoup d’Occidentaux, l’héritage gréco-romain : l’art, le droit, la philosophie, les sciences... ? Si vous étiez honnête vous répondriez comme moi à l’affirmative. Alors, sans s’octroyer forcément la responsabilité effective des méfaits de notre histoire, comment peut-on sérieusement se sentir héritier des hauts faits de notre patrie et balayer d’un revers de la main tout ce qui y est allé de travers ? J’emploie le mot patrie exprès, comme la terre de nos pères ; car en paraphrasant Auguste Comte on peut dire que « la France se compose de plus de morts que de vivants ». Oui, cher Monsieur de 50 ans, il y a une solidarité horizontale qui nous lie aux vivants de notre époque et une solidarité verticale qui nous lie aux morts de l’humanité en général et à nos pères morts en particulier. L’expression « nos ancêtres les gaullois » n’a de sens que dans cette optique. Peut-être qu’à l’instar d’un de nos candidats, en vue aux présidentielles, l’histoire de France ne vous parle point. Marc Bloch, l’historien, disait, dans l’Etrange défaite, « qu’il y a 2 catégories de gens, qui ne comprennent rien à la France, ceux qui ne sont pas émus par le sacre de Reims, et ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». J’ai tronqué la citation mais son esprit y est. Peut-être faites-vous partie de ceux qui ne comprennent rien à la France, qui lui vouent un culte pour les bonnes pages de son histoire et qui lui réfusent toute filiation dès que les choses deviennent un peu plus problématiques, complexes, historiques quoi ! Facile, n’est-ce pas ?
De la part d’un français qui assume la dualité historique de la République et qui pense que la France se grandirait encore plus en regardant en face tous les faits de son histoire, y compris la colonisation et ses conséquences actuelles sur la question de l’immigration et de l’intégration de ses citoyens qui en sont issus.
Tao