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Commentaire de Françoise

sur Conflit du Proche-Orient


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Françoise (---.---.168.130) 28 juillet 2006 10:51

@akad

et pour alimenter ta réflexion, après l’article de Joseph Bahout, politologue libanais et enseignant à Beyrouth (« La population va demander des comptes au Hezbollah »), voila un article d’un spécialiste Libanais de la société Libanaise : « Par solidarité et par peur, les chiites soutiennent le Hezbollah » (je le colle car sa consultation va très vite devenir payante) :

"Sociologue et politologue, Melhem Chaoul enseigne à l’Institut des sciences sociales de l’université libanaise. Il est spécialiste des relations entre les différentes communautés libanaises.

Les chiites sont-ils tous derrière le Hezbollah ?

Ils l’appuient très fortement dans son combat. Et, tant que les armes parleront, on ne verra aucune manifestation visant à se désolidariser de lui. Ceux qui ne sont pas d’accord doivent se taire ou partir. On le voit avec certains intellectuels et journalistes chiites qui lui sont hostiles mais s’abstiennent de prendre position et de faire la moindre critique. Cela s’explique par une solidarité sociétale et par la peur.

Les sunnites ont un autre comportement...

Une majorité d’entre eux considèrent que les Alaouites syriens [au pouvoir à Damas, ndlr] sont responsables de l’assassinat de Rafic Hariri, et que leur fer de lance au Liban est le Hezbollah. Avant l’attaque israélienne, le conflit était déjà larvé entre chiites et sunnites, malgré la volonté de leurs chefs, Hassan Nasrallah et Saad Hariri, de le dépasser. Les sunnites s’inquiètent de voir la petite et moyenne bourgeoisie chiite s’installer à Beyrouth intra-muros au risque de transformer l’appartenance identitaire de la ville. Car, au Liban, l’identité confessionnelle est liée à la territorialité. Or Beyrouth et les villes côtières forment la territorialité sunnite avec les chrétiens grec-orthodoxes. On était donc dans une situation antagoniste. A présent, les sunnites voient que l’enlèvement des deux soldats israéliens a provoqué la destruction de tout de ce que Rafic Hariri avait reconstruit pendant quinze ans. Tout cela, disent-ils, « à cause d’un parti stipendié par l’Iran ». Ils reconnaissent la souffrance des réfugiés, acceptent d’ouvrir leurs écoles pour les accueillir, mais ne sont pas d’accord pour payer encore une fois la casse. Les leaders sunnites, eux, essaient de maintenir le dialogue, la cohésion nationale.

Et les druzes ?

Walid Joumblatt a parlé d’ « agression perse », mais, en même temps, il a ouvert sa région [la Montagne druze, ndlr] aux réfugiés. Cette bonne action est un capital qui sera mis sur la table dans le cadre d’un dialogue futur avec le Hezbollah. Car, quand il dira « j’ai combattu seul Israël et je l’ai fait mieux qu’aucun pays arabe », les druzes répondront : « Oui, mais tu as cassé le pays et pris ta décision sans consulter personne. Et c’est nous qui avons été obligés de prendre en charge ta société à nos frais. »

Comme d’habitude, les chrétiens sont divisés...

Dans leur majorité, les chrétiens sont contre le kidnapping des soldats israéliens, les bombardements... Ils veulent l’application de la résolution 1 559 [qui prévoit le désarmement du Hezbollah, ndlr]. Ils ne sont pas hostiles au Hezbollah, ni à l’Iran, mais le sont envers la Syrie, qui se trouve entre les deux. S’ils voient que le Hezbollah sert de passerelle à Damas pour lui permettre de revenir au Liban, ils lui seront davantage hostiles. Et ils se disent que, si le conflit actuel ne s’achève pas par une solution durable, le Liban est fichu.

Mais le Courant du général Aoun a un autre discours...

Il essaie de faire avaler la pilule de son accord avec le Hezbollah [les deux partis sont liés par un document d’entente, ndlr] en agissant avec zèle auprès des réfugiés, tout en gommant les critiques à l’égard de son action. Il critique le gouvernement, mais pas le Hezbollah. Il estime qu’il est tombé dans un piège [le kidnapping des soldats israéliens, ndlr] parce que ce gouvernement n’a pas su faire aboutir le dialogue sur son désarmement, et que ce dialogue a été saboté par les Américains et les Israéliens. Les chrétiens ont donc deux fers au feu. Si le Hezbollah gagne, les aounistes aussi. Si c’est le camp sunnite-druze, les autres partis chrétiens seront aussi vainqueurs.

Le Hezbollah peut-il être vaincu ?

Stratégiquement non, à moins d’un changement de régime en Syrie. Damas est à la fois un maillon fort et un maillon faible. Faible : s’il lâche, le dispositif du Hezbollah s’effondre. Fort : c’est sur lui que repose toute la politique hégémonique de l’Iran dans la région.

Un Hezbollah affaibli sera-t-il plus revanchard ?

Je ne crois pas : il sera plus actif et créatif dans l’élaboration d’un projet libanais. Son agenda interne n’est pas important mais peut le devenir. Passer du statut de groupe armé à celui de parti politique est très difficile. Pas impossible.


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