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Commentaire de Kosmalib

sur Le monde : terre de Djihad ?


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Kosmalib 21 avril 2007 19:52

Merci de cette analyse, mais vous auriez pu vous passer d’un certain nombre de remarques inutiles, puisque votre commentaire me paraît relativement pertinent, au moins dans la seconde partie. Tout cela me permettra de radicaliser le problème.

Vous critiquez mon relativisme, mais pardonnez-moi... L’analyse objective nécessite la prise en compte des valeurs et normes de culture, indépendemment de pseudo-considérations universalistes. Je constate effectivement la relativité des valeurs entre les cultures. Le refus de la peine de mort est par exemple loin d’être une valeur universelle. Votre critique n’est pas valable, surtout si j’ai opté pour une démarche sensiblement culturelle, sinon culturaliste.

Je vais m’employer à utiliser un vocabulaire marxiste dans cette réponse. A savoir la superstructure (valeur et idéologie, la luute des classes par exemple) et l’infrastructure (le système capitaliste) qui en est l’application réelle. La démocratie (libérale) est une structure complexe. Elle est la réalisation de la superstructure de l’individualisme (qui tire ses racines du christianisme) en infrastructure démocratique telle qu’on la connaît.

Il convient de remarquer que la superstructure individualistique est en effet un double-concept issu du christianisme, qui préconise la liberté individuelle d’une part, et d’autre part la séparation du pouvoir politique et celui du religieux (« Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. ») C’est de là que se déduit la démocratie (le raisonnement est rapide, il faudrait écrire une thèse là-dessus). Selon moi, le système chrétien contient des valeurs à l’origine de la démocratie, structure applicable en fonction de la compatibilité à la valeur individualiste. Si la démocratie n’existe pas en terre d’Islam, c’est que ce critère individualiste est effacé par l’idéologie de l’Oumma, à savoir la communauté théologiquement gouvernée.

L’exemple Turc est ici applicable. La démocratie y est possible tant que l’idéologie kémaliste (laïcité et nationalisme républicain) est présente et maintenue par le rôle de l’armée et le nationalisme qui contrebalance l’effet de l’Islam. Il y a en Turquie démocratie possible, parce que le kémalisme (à travers l’armée conservatrice) est conservé. Cela explique d’ailleurs le problème Turc actuel. Il y a autant de différence entre la démocratie libérale et la République islamique qu’avec la démocratie populaire.

Votre seconde critique se porte sur la multiplicité culturelle de l’islam, qui ne permettrait pas d’en décerner l’unité. C’est vrai, le monde musulman n’est pas un tout, mais un ensemble complexe et désorganisé de tendances socio-culturelles associées à l’idéologie de l’Oumma, différemment interprêtée. Vous distinguez deux groupes de pratiquants : les pratiquants « libéraux » (démocratiques) et les pratiquants « conservateurs ». Or, il s’avère que la pratique libérée de l’Islam est issue d’une assimilation partielle par la culture occidentale. Les Turcs ont une vision ouverte de l’islam, qui a eu tendance à se libérer, précisément parce qu’Atatürk a modernisé le pays selon des valeurs occidentales, laïques, qui ont favorisé l’individualisme religieux. L’Iran a connu le même mouvement après la deuxième guerre mondiale. Précisément l’existence de chiites Iraniens de tendance conservatrice a trouvé son origine dans la réaction à cette occidentalisation, à une modernisation dans les années 60-70 de l’économie Iranienne, modernisation trop rapide pour ne pas engendrer de réaction. Ma thèse se retrouve instruite de votre critique : c’est la mondialisation expansive qui a engendré une brusque réaction islamiste. La Turquie résiste grâce à sa tradition républicaine aujourd’hui menacée par un affaiblissement de la République laïque d’une part, et une réaction islamo-nationalisme d’autre part.

Il faut prendre en compte les influences qui marquent clairement les pratiques de l’Islam (en Bosnie comme vous dites, ou en Chine chez les Hui). Si les pratiques divergent, il existe néanmoins une unité idéologique de l’Islam pur, organisée autour du Coran et de l’Oumma. L’accéleration de la mondialisation entraîne à l’heure actuelle une réaction forte, de type viscérale (réaction des agents de l’Islam) et c’est précisément ce que je décris. Car les infrastructures démocratiques tombent une à une dans le monde musulman.

Pour être plus clair, le conflit provient se situe entre deux structures : la démocratie libérale et individualiste d’une part, l’Islam d’autre part. Il me semble que ma démarche est rationnelle. Non pas parfaite, mais logique, dialectique il est vrai. Je n’ai pas le temps d’écrire une thèse là-dessus.


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