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Commentaire de iXav

sur Oui à la poursuite des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne !


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iXav iXav 21 avril 2007 22:27

Merci pour votre réponse.

Pour commencer je vous dirai simplement qu’il ne faut pas mettre la charue avant les boeufs. Parler d’un rôle de l’UE dans la stabilité en Asie Centrale c’est intéressant, mais aujourd’hui l’UE serait incapable de jouer un tel rôle. Alors là question se posera dans 10 ou 15 mais aujourd’hui nous n’en savons rien.

Or, dans 10 ou 15, quel rôle aura le pétrole dans la géopolitique ? Là aussi un point d’interrogation.

Mais j’ai tendance à croire que ce sujet n’est pas important pour le débat de l’UE et de la Turquie parce qu’il y a une dichotomie au niveau du temps. Si adhésion turque il y a, cela ne devra pas résulter de pronostiques géostratégiques qui seront purement temporaires, ce sera partir avec de bien mauvaises bases.

Pour l’instant je pense qu’il est préférable de nous aligner avec modération sur la stratégie américaine et tenter de les influencer pour le mieux et de les soutenir. Certes l’actuel président Bush me donne envie d’aller voir ailleurs, mais il partira bientôt. La Russie et la Chine ne serons pas des alternatives viable pour l’UE.

L’UE devra à terme devenir une réelle puissance, mais cela ne peut se faire qu’avec une construction européenne qui ne repose pas seulement sur l’économie et la politique mais aussi sur l’identité, des choses moins palpables, plus subtiles.

Et comme je l’ai mentionné, je pense que la Turquie ne peut pas participer à cela, à moins de renier ce qu’elle est, et ça je ne le souhaite pas à la Turquie qui est très bien comme elle est (malgré ses défauts) : différente.

Dans votre réponse je vous trouve trop proturc et trop antiaméricain. Voyez-vous, il serait plus dommageable pour l’UE de s’aliéner les USA au profit de la Turquie plutôt que l’inverse.

Vous surestimez l’impact positif de la Turquie sur l’UE mais vous sous-estimez la capacité de la Turquie a devenir un grand pays sans adhésion à l’UE.

Comme je le disais dans un autre commentaire, un peu plus bas, vous verrez que plus le temps passera moins les turcs verront l’intérêt d’adhérer à l’UE car plus le temps passe plus ils se rendent compte qu’ils n’ont pas autant besoin de nous.

Tout comme nous n’avons pas autant besoin d’eux. Finalement, la Turquie n’est pas si importante que cela et ne justifie aucunement les problèmes, défis et difficultés qu’elle nous amènera.

La Turquie fait déjà partie de beaucoup d’institutions économiques et politiques européennes, et cela est amplement suffisant pour les deux partis.

Pour finir sur ce point, je dirai que, oui, toutes ces considérations géostratégiques ne peuvent pas être négligées, mais d’une part elles ne sont pas assez importantes pour justifier tout ce que j’ai mentionné et, d’autre part, la non-adhésion de la Turquie pourra ne pas avoir un impact trop négatif sur nos relations euroturques. Et pour finir, l’UE n’a pas les moyens d’agir comme vous le suggérez. J’aurai aimé que ce soit le cas, mais ce n’est pas le cas. Et avant ne serait-ce que d’envisager l’adhésion turque pour les motifs géostratégiques, assurons-nous de pouvoir relever des défis plus modestes.... comme avec le gaz russe.

Pour en revenir sur les aspects culturels. La Turquie est un pays qui n’est pas homogène, et il n’y a pas de turc « type ». Les istanbuliotes n’ont rien à voir avec les kurdes. Or si la Turqui rentre et que nous bâtissons avec elle une identité européenne, comme comptez-vous intégrer les kurdes (par exemple) dans cette quesiton là ?

La seule solution sera de construire une identité large et floue (pour que les identités locales puissent subsister sans se sentir opprimer culturellement) et qui n’aura comme unique conséquence que les européens n’y adhérerons pas car ils ne s’y reconnaîtront pas.

Sinon il faudra faire une identité européenne « tyranique » où les identités locales seront opprimées... ce que, heureusement, peu de monde acceptera, à commencer par les turcs qui voudront garder leurs cultures, et c’est bien normal.

Les impératifs géostratégiques n’ont pas besoin d’une adhésion à l’idée d’Europe, or si la Turquie adhère à l’Union Européenne, l’Union Européenne ne sera plus européenne.

Je vous en prie, ne me parlez pas ici de racisme, la culture ce n’est pas la race, ça il faut bien le comprendre. Ne me parlez pas non plus de nationalisme, on peut s’émanciper sans nier l’Autre. Si nous voulons que l’UE vive et qu’elle grandisse, nous devrons lui donner une dimension culturelle forte, et ça avec la Turquie ce sera impossible, voilà pourquoi personnellement je ferai tout pour que la Turquie ne rentre pas, parce que je veux une Union Européenne inspirante plutôt qu’une Union Européenne qui n’unit qu’aux niveaux politiques et économiques !

Il faut bien comprendre que mon point de vue n’est pas de rabaisser la Turquie, comme si ne pas être européen ou d’identité culturelle européenne était un défaut, non, la Turquie est un beau pays, une belle Nation telle qu’elle est, et jamais je ne le répéterai assez : la Turquie n’a pas besoin d’entrer dans l’Union Européenne, et cela ne fera que mettre en péril son identité pour sauver l’idée d’une Union Européenne forte et sûre d’elle-même.

Soyons partenaires, de très bons partenaires, soyons alliés, mais ne soyons pas pas plus que ça.


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