Selon les dernières informations, François Bayrou devrait appeler à la constitution d’un nouveau parti demain, afin de rassembler au delà de l’UDF les responsables politiques, de la gauche modérée à la droite modérée, et les électeurs qui se sont retrouvé dans son discours de rassemblement.
Il devrait aussi confirmer la présence de candidats de ce nouveau parti dans toutes les circonscriptions.
Il s’agit donc bien là d’un pari audacieux : si les électeurs le laisse tomber lors de ces législatives, il aura du mal à s’en remettre. En revanche, réussir à constituer un groupe parlementaire dans ces conditions difficiles relèverait de l’exploit et lui permettrait d’attendre avec sérénité les élections municipales et surtout européennes et régionales de 2010, qui se déroulent à la proportionnelle.
En terme de stratégie politique, il est probable qu’il essayera de passer un accord de désistement entre les deux tours de la législative, en l’échange d’accords aux municipales. Conserver, voire accroitre sa base d’élus locaux est en effet une condition essentielle au développement de son nouveau parti.
Sur le papier, cela semble très difficile, puisqu’aussi bien le PS que l’UMP ont intérêt à éliminer ce concurent gênant. Les médias qui ont toujours été favorable au bipartisme ne manqueront donc pas de continuer à distiller des éditoriaux et commentaires doutant de cette stratégie.
Néanmoins, si les états-majors de l’UMP et du PS souhaiteront la mort de ce parti, il peut en être différemment sur le terrain. Les quelques 18.5% de Bayrou constituent une redoutable menace vis à vis d’élus dont l’élection ne se joue qu’à quelques pourcents. Or, ils sont très nombreux, notamment à l’UMP qui a 366 députés sortants...
On peut donc imaginer des accords au cas par cas partout où le parti de Bayrou est en position d’arbitre, et il serait en position de maintien au second tour dans 469 circonscriptions avec son score de premier tour...
La plus grande victoire de François Bayrou serait donc de parvenir à constituer un groupe charnière, libre de son vote, au parlement. Celui-ci pourrait continuer, comme le groupe UDF l’a fait depuis 2004, à voter chaque loi en fonction de son intérêt et non en fonction de l’intérêt du gouvernement. Cet indépendance conservée placerait Bayrou dans une situation idéales pour les élections suivantes, mais cette stratégie ne tient qu’à un fil : il faudra beaucoup d’habilité au stratège Béarnais pour réussir à la fois à conserver des élus, conserver son électorat, et donc accroitre son influence politique.