Pour l’émergence d’un parti social démocrate fort
Le premier tour des élections présidentielles du 22 avril 2007 a marqué une nette puissance électorale en faveur de N.Sarkozy réunissant à lui seul plus de 31% des voix exprimées, confirmée par une participation record avoisinant les 85% et une absorption de près de 7 points de l’électorat du FN. Totalisant près de 25,8% des voix, S.Royal, réunissant sous une seule et même bannière l’ensemble de l’électorat PS, a certes réussi à se hisser au second tour mais ne peut néanmoins compter que sur une extrême gauche limitée en voix, et surtout, limitant par la suite les marges de manœuvre pour gouverner. Si Mme Royal est passée pour le second tour, la menace d’une victoire de N.Sarkozy, malgré un bilan désolant, est plus que probable. Mais il reste une et une seule chance.
Battu, mais néanmoins fort de 18,5% des suffrages, M.Bayrou s’impose aujourd’hui comme l’arbitre de cette élection. Réussissant le pari de faire à nouveau exister le « centre », M.Bayrou capitalise néanmoins un potentiel maximal de votes composé de 3 tiers : la base électorale de droite modérée, les déçus du système et anti-sarkozystes et enfin un troisième tiers issu des déçus de la gauche.
Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, la politique française vient de révéler son visage. Massivement exprimés, les Français ont opté pour l’alliance libérale conduite par une droite galvanisée par l’absorption des voix d’une extrême droite moribonde et ne pouvant gouverner : M.Sarkozy n’avait plus qu’à reprendre les idées tout en étant susceptible de les porter une fois élu pour rafler la mise. Ce courant peut compter sur une base de 40% de voix au second tour.
En face, Mme Royal doit faire un choix, vous devez faire un choix. Après un sabordage interne de vos propres alliés PS de l’aile gauche, après toutes les difficultés que vous avez traversées, après cette première phase de campagne éreintante, après ce constat que - même avec les voix de l’extrême gauche - la gauche ne pourra capitaliser que 35% des voix, il faut se rendre à l’évidence : conserver le cap à gauche serait l’erreur la plus grave ; l’heure des choix est donc arrivée.
Ces choix qui vous font passer de la division des battus, à celle des vainqueurs, ces choix qui déterminent une vie, qui changent la donne. Ces choix qui nécessitent de prendre des risques, ceux qui sont nécessaires quand on est démocrate sur l’échiquier.
Ce choix est unique, il ne pourra se faire qu’avec François Bayrou, mais pas n’importe comment et surtout pas avec des demi-mesures/positions.
En face, de l’autre côté du pont, l’UDF est prête à changer, parce que toute sa campagne a été orientée en ce sens : se battre pour ses convictions, exister et peser. Je me refuse à croire que tous ces discours, toutes ces positions, tous ces risques furent pris pour une nouvelle fois, et même si l’UMP monnaye des postes aux législatives, que tout ce courant soit capable de vendre son âme - tuant dans l’œuf l’espoir né hier - à la soupe de l’UMP, cette soupe qui utilise toujours l’UDF comme roue de secours qui, une fois utilisée, est mis à l’écart comme faire-valoir.
Vous, monsieur Bayrou, homme libre, homme de conviction et de lettres, je me refuse à croire que vous puissiez à nouveau regarder derrière vous du côté d’un parti qui a fait de vous un pestiféré et qui revient mielleux prendre ce que vous venez de gagner. Je me refuse à croire que tout ce chemin a été fait pour revenir à la soupe, tuant à la racine le timide mais vivant espoir d’enfin faire tomber le mur de Berlin pour créer cette chance, unique, de voir émerger la puissance de feu ultime contre Nicolas Sarkozy : le parti social-démocrate.
Vous, électeurs de France et de province, vous électeurs démocrates et modérés, rationnels et humains, justes et fermes, impartiaux et tolérants, vous électeurs citoyens, vous pouvez travailler ensemble et faire sortir la France par le haut. Parce que la force d’une unité démocrate puissante et large, s’affranchissant de deux appareils moribonds et dépassés que sont l’UDF et le PS, vous, madame Royal et M.Bayrou vous devez franchir chacun le Rubicon pour former un parti unique, le seul capable de faire contrepoids à la droite libérale européenne.
Unis autour d’un projet consolidé conciliant pacte présidentiel PS et projet UDF, vous pouvez, nous pouvons, ensemble tout. La force des idées, la profondeur des convictions, la puissance de cette vision alliant ce qu’il a de meilleur chez les démocrates français, c’est le feu intérieur de ce que nous sommes lorsque nous ne cédons pas aux sirènes du désespoir, de la facilité ou de la peur. Cette force, c’est le seul ciment capable de permettre aux Français de construire autour d’une table et non derrière un rideau de fer. Cette force, il lui faut une alliance pour la porter et la faire triompher des forces malsaines à l’œuvre.
Cette alliance existe en Europe, cette alliance doit exister en France. En faisant de M.Bayrou et de ses idées le fer de lance du pacte présidentiel porté par Mme.Royal, en faisant tomber l’appareil PS, en laissant enfin de côté ceux que la France ne peut plus supporter sur votre aile gauche dépassée (Fabius, Mélenchon, Lang), en laissant enfin une porte ouverte à un centre raisonné, il existe une chance et une seule de battre l’alliance UMP-FN : l’alliance de toutes les forces modérées du PS, des Verts et de l’UDF.
Mme Royal, vous savez que la voie ouverte par M.Rocard et M.Kouchner est la voie de la raison. Les Verts sont prêts à cela. Les hommes et femmes de Bayrou sont prêts à cela. Les forces de l’extrême gauche sont mêmes elles aussi prêtes à cela car refusant de cautionner M.Sarkozy. La France de gauche, celle qui vous a porté aux primaires et qui vous a fait confiance, cette même France du centre qui a fait confiance à M.Bayrou pour faire barrage au modèle de société prôné par les forces du pouvoir et de l’argent, cette France-là veut et peut bâtir le modèle de demain.
Ce choix, vous pouvez et vous devez le faire car vous êtes des candidats déclarés comme libres. Si vous ne franchissez pas ce pont, alors tout est perdu. La présidentielle sera perdue et le centre pourra faire de la figuration aux législatives avec un groupe qui sera toujours dans l’opposition. N’envisagez même pas 2012, entre-temps le canyon social se sera encore creusé et la société de l’affrontement aura produit ses fléaux de peur, générant plus encore l’argumentaire d’une UMP-FN qui brandira l’argument sécuritaire comme prioritaire alors qu’il aura été à l’origine des conséquences que nous constaterons.
Les législatives ou le bilan de M.Sarkozy ne peuvent être un axe de défense ou de projection. Dans les deux cas, les électeurs ne s’intéresseront pas à vos manœuvre et vous perdrez l’un, puis l’autre, car une fois élu, ce sera pour ou contre Sarkozy.
Mme Royal, M.Bayrou, je suis né homme et citoyen libre, je me bats pour mes convictions et je suis homme de raison. J’ai écouté autour de moi, j’ai scruté, j’ai raisonné, j’ai analysé et j’en suis convaincu : aujourd’hui la balle est entre vos deux camps, ici, sur le pont.
Fondez un parti social-démocrate, faites de M.Bayrou votre Premier ministre et amenez aux législatives le vent nouveau d’une liste d’élus estampillés « sociaux-démocrates » qu’ils soient Verts, PS, ou UDF suivant la proportion des voix exprimées au premier tour : vous pourrez gagner la confiance d’une moitié de la France et même reconquérir un électorat aveuglé par les médias et par les promesses « mots, merveilles et peur » qui souhaite que la France change.
Aujourd’hui, la bipolarité n’est plus la même, ce n’est plus PS contre UMP, mais libéraux conservateurs (UMP-FN) contre la démocratie inorganisée mais à deux doigts d’évoluer.
Mme Royal, M.Bayrou, ceci est notre unique chance. Vous devez la saisir.
Puisse ce message vous parvenir à temps.
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