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Commentaire de Michaël Dambrun

sur Retour sur les propos de M. Sarkozy lors de sa rencontre avec M. Onfray


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Michaël Dambrun 24 avril 2007 20:56

Bonsoir,

Afin de ne pas être redondant, je préfère vous renvoyer vers l’article d’Axel Kahn (pour le lien, voir ci-dessus le message de Jean Lasson). Toutefois, j’ajouterai trois choses : (1) premièrement, la notion de co-évolution me semble incontournable si l’on veut mesurer à quel point le débat « inné - acquis » est inutile. L’homme actuel est le produit d’une longue évolution. Tout au long de cette évolution, l’environnement a façonné les gênes comme les gènes ont également, au moins en partie, conditionné l’environnement de l’Homme. Au final, lorsqu’on un généticien, par exemple, examine aujourd’hui le rôle de tel ou tel gène, il étudie la résultante d’une interaction de milliers de siècles entre les gènes et l’environnement ; les deux sont donc totalement indissociables. Pour les curieux, vous pourrez trouver des informations intéressantes sur cette notion de co-évolution dans le livre de Varela & al. (voir référence ci-dessous). (2) Deuxièmement, et c’est ici un point de vue personnel que je développe, il me semble que ce faux débat illustre le fonctionnement de notre système cognitif. Plusieurs travaux démontrent que notre cerveau est une véritable machine à catégoriser l’information. Afin d’appréhender et de donner un sens à l’environnement complexe qui l’entoure, l’Homme est amené à simplifier l’information en la catégorisant. Il ne peut s’empêcher de regrouper les informations en créant des catégories souvent simplistes (i.e. les jeunes vs. les vieux ; les Français, les étrangers, les Chinois, etc.). Concernant l’explication de la causalité des comportements, l’Homme a créé deux catégories qui sont une simplification de la réalité : les gênes et l’environnement. Or, il y a très fort à parier pour que la réalité soit bien plus complexe. Il faut donc être conscient de nos propres limites à asseoir nos réflexions sur des catégories grossières qui sont, par définition, des distorsions de la réalité. (3) Enfin, et je m’arrêterai là, plusieurs travaux récents révèlent que le cerveau est particulièrement plastique. Il semble que nous ayons des ressources insoupçonnées qui permettent à celui qui le désir de modifier en profondeur ses comportements et sa personnalité. Par exemple, les travaux de l’équipe de R. Davidson révèlent des phénomènes très intéressants (voir par exemple l’article en accès libre dans PNAS, cf. référence ci-dessous). Davidson et ses collègues montrent que des moines bouddhistes sont capables de modifier par une pratique intensive de la méditation certains processus cognitifs de base que l’on croyait jusqu’ici relativement fixes...

Michaël Dambrun

Références :

Varela, F, Thompson, E. & Rosch, E. (1993). L’inscription corporelle de l’esprit : Sciences cognitives et expérience humaine. Edition Seuil.

Lutz A, Greischar LL, Rawlings NB, Ricard M, Davidson RJ. (2004) Long-term meditators self-induce high-amplitude gamma synchrony during mental practice. Proceedings of the National Academy of Sciences. 101:16369-73


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