Je pense qu’il faut distinguer les différents médias tels qu’ils existent actuellement. Le média internet n’est pas comparable avec les médias traditionnels, par le fait même, que chaque citoyen disposant d’une connection, peut devenir médiateur d’informations, d’idées, et échanger sur ces idées, de manière instantanée avec des personnes du monde entier. Les médias traditionnels sont verrouillés et sont affaire de spécialistes, dont le métier est justement de diffuser de l’information, dans des entreprises ou des associations qui dépendent d’impératifs économiques, comme vous le dites, et donc sous l’influence pour les plus importants d’entre eux d’insitutions financières, d’actionnariats divers, voire même de lobbies et de réseaux de pouvoirs.
Sur Internet, la possibilité pour les citoyens de s’exprimer de manière relativement efficace et de débattre est nouvelle, et beaucoup plus libre et indépendante des impératifs économiques des médias traditionnels. Aussi, sur un média comme Agora Vox, vous constaterez que nombre de thématiques et de sujets abordés dans les articles ne sont pas ou peu repris dans les médias traditionnels, dont le contenu est beaucoup plus formaté et politiquement correct. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de censure sur Agora Vox ou que tous les sujets sont abordés avec la même facilité, mais il faut reconnaître que sur ce média par exemple, la liberté d’expression est assez importante,notamment par la possibilité de rédiger des commentaires. Maintenant la question de la visibilité ou du tri de l’information sous forme d’articles peut être discuté, mais dans l’ensemble, la possibilité d’expression dans ce média est assez grande pour quiconque souhaite devenir rédacteur et exposer ses idées de manière construite.
Les médias traditionnels dont certains de ses acteurs sont ou se sentent en connivence avec le pouvoir en place, ne se posent pas la question de savoir si ce contre-pouvoir qu’ils incarnent est démocratique ou représentatif. Pour nombre d’entre eux, il s’agit seulement de perpétuer et de conforter le système auquel ils appartiennent et de sécuriser leur propre position. Comme le contrôle des médias traditionnels est fortement lié à des instituts élitistes étroitement liés aux réseaux de pouvoirs (politiques ou financiers), la France comme d’autre pays démocratiques a permis le développement de réseaux informationnels dans lesquels le renouvellement et la diversité sont très réduits. Les mêmes journalistes occupent le devant de la scène pendant des dizaines d’années, et les émissions ont tendance à se personnaliser tout en adoptant des politiques informationnelles uniformisées. La course à l’audience et la concurrence entre les médias accélèrent dans le même temps cette uniformisation du contenu et des thèmes abordés, en ommettant toute information susceptible de remettre en cause l’ordre implicite qui régit le fonctionnement de ces médias et ses relations avec le pouvoir.
Comment se fait le tri de l’information ? La manière dont s’effectue le tri de l’information dans les médias doit être remise en question, car de nombreux manquements à l’information sont de plsu en plus soulignés, et ce justement grâce à internet. Il existe quantité d’exemples montrant cela, pour n’en donner qu’un : le vote de la directive Bolkenstein au parlement européen en novembre 2005, n’a été repris par aucun média télévisuel, alors qu’il s’agit d’une décision politique très importante qui aura des conséquences directes sur la politique nationale du pays. De même de nombreuses décisions politiques se font en catimini et ne sont jamais reprises par les médias, et ce sont souvent celles qui ont des impacts directs sur les libertés individuelles ou encore sur l’environnement.
Les médias traditionnels actuels ne sont pas représentatifs et ce n’est pas étonnant que des candidats comme François Bayrou, Ségolène Royal ou José Bové pour ne citer que cela ont émis de nombreuses réserves sur l’impartialité des médias et sur leur fonctionnement actuel dans la démocratie. Il ne s’agit pas uniquement de slogans de campagnes, comme vous le dites, mais de constats que personne sur le web ne peut nier : certains sujets ne sont jamais abordés de manière pluraliste, et on assiste souvent au détournement de l’information à la télévision par des commentaires orientés de journalistes concluant les interventions ou les témoignages qu’il souhaitent diffuser.
L’émergence de contrôles citoyens est indispensable et doit résulter d’un volonté politique forte en ce sens. La préservation des espaces d’échanges indépendants sur internet es taussi une priorité. La politique du gouvernement actuel laisse planer de grandes menaces sur la liberté d’expression sur internet : je vous invite notamment à consulter le livre collectif Agora Vox à ce sujet ou encore à lire cet article paru récemment dans le Monde : (ici)
donc l’heure n’est plus aux supputations ou aux souhaits mais à la mise en place effective et réelle de cadres institutionnels et de lois préservant la liberté d’expression, et favorisant le pluralisme dans les médias.
Enfin, je ne pense pas qu’il faille chercher à élever le débat le plus haut possible, mais bien plutôt de trouver un équilibre permettant à chacun dans la position où il se trouve de pouvoir s’exprimer sans se heurter aux barrières de l’élitisme, aux blocages institutionnels ou au verrouillage actuel des principaux médias.