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Commentaire de Henri Masson

sur Globish ? Le choix de l'infériorité totale


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Henri Masson 23 janvier 2006 19:13

Il se trouve que j’ai reçu aujourd’hui une coupure du quotidien « Le Soir » (Bruxelles, 12 janvier 2006). Dans un article intitulé « Prenons garde au tout-en-anglais », le journaliste cite Michel Lesseigne, vice-président de l’Association Internationale des Interprètes de Conférences (AIIC) : « Nous ne sommes pas contre le multilinguisme que nous considérons comme une richesse inestimable, mais nous insistons sur le fait qu’il vaut mieux faire appel à nous que de laisser des orateurs massacrer l’anglais. J’ai connu des situations où les gens s’éternisaient sur des procès-verbaux de réunions à revoir les propos des uns et des autres qui affirmaient avoir été « mal compris » ».

Même Jacques Chirac a reconnu qu’il ne traitait jamais des négociations en anglais et qu’il n’en faisait usage que pour la communication privée. Dans une autre circonstance, à la question « Parlez-vous anglais lors de vos séjours à l’étranger ? », posée par Adeline, Clément et Constance pour « Mon Quotidien »(25 septembre 1997), le journal des 10-15 ans, il avait répondu :
- « Oui, avec mes amis, mais jamais dans les discussions officielles, car je ne parle pas parfaitement cette langue et ce serait un handicap. Pour les sujets sérieux, il faut être sûr d’être bien compris. » Lorsqu’il s’était rendu à New York, après l’attentat du 11 septembre, il avait commencé son allocution en anglais et s’était excusé de continuer en français du fait que son anglais était trop pauvre.

Il est connu que, dans les assemblées et conférences internationales, ceux qui interviennent le plus souvent, le plus longuement et le plus adroitement aussi, sont les natifs anglophones. C’est d’ailleurs cet aspect que souligne le rapport Grin :« l’avantage dont jouissent les locuteurs natifs de la langue hégémonique dans toute situation de négociation ou de conflit se déroulant dans leur langue ».

Même si la démarche du globish est défférente de celle du « Basic English » (British American Scientific International and Commercial), anglais simplifié créé par le linguiste anglais C.K. OGDEN en 1935 avec un vocabulaire réduit à 850 mots on aboutit à un résultat assez proche : des simplifications illusoires nécessitant des périphrases compliquées... Approuvé par Winston Churchill et encouragé par le gouvernement anglais, Ogden avait déjà élaboré le Panoptic English en 1929 sur la base de 500 mots. L’expression « petit-blanc », de même qu’il y a eu le « petit-nègre », est finalement assez juste. Écrit par Den Drown, un jeune des États-Unis, l’article intitulé « The English Advantage » peut aider à réfléchir sur cette question (traduction en français et espéranto)...


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