• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Ingrid

sur Un décret très contestable sur le fonctionnement de la justice administrative


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Ingrid (---.---.51.245) 5 août 2006 22:17

Marc P évoque :

« ... la singularité (peut être une exclusivité) de la France à entretenir ce type d’Etat... »

Soyons réalistes : si on lit un peu la presse britannique, ils reprochent deux choses à la France : a) sa protection sociale et son droit du travail, b) l’existence d’un secteur nationalisé de l’économie. Pour le reste, la bureaucratie elle-même ne les dérange pas outre mesure.

Et c’est pourquoi l’ENA devenue « européenne » a de beaux jours devant elle, pour notre malheur.

D’ailleurs, ce n’est que tout récemment que le Royaume-Uni s’est doté d’une Cour Suprême. Traditionnellement, la compétence équivalente relevait de la Chambre des Lords...

A propos des critiques britanniques envers la France, j’ai trouvé très juste ce commentaire d’Isabelle dans un autre article :

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11958

« Lors de l’incident du 15 juin à l’Assemblée Nationale, François Hollande s’était plaint qu’ »EADS, un des fleurons de notre industrie aéronautique, en France comme en Europe, est aujourd’hui ébranlé par le comportement de l’un de ses dirigeants« dans l’affaire des stock-options. Si le gouvernement en venait à lui confirmer sa confiance, »cela signifierait que nous sommes dans l’irresponsabilité générale, oui, dans l’irresponsabilité générale, puisqu’un président d’entreprise peut se comporter ainsi sans avoir été rappelé à l’ordre par l’État« . Dans une réponse très controversée sur la forme, le Premier ministre avait évoqué une absence de »véritable politique industrielle« de la part du Parti Socialiste, un recours à la »facilité« de ses dirigeants »en matière de politique énergétique« et une gestion n’ayant »jamais cessé de brader« le service public, faute de »faire le nécessaire pour les entreprises publiques« . Le mini-scandale semble s’être soldé par l’arrivée d’un »patron de gauche« au sommet d’EADS. Etait-ce l’objectif »terre à terre" de François Hollande ?

Mais un article de Ross Tieman paru dans The Observer du 25 juin n’a guère accordé d’importance à ce débat. L’auteur pourfend ce qui lui apparaît comme un protectionnisme industriel de l’Etat français et un « capitalisme entre copains » (« crony capitalism »). Il évoque l’affaire Clearstream en traitant Jean-Louis Gergorin de « pote de De Villepin » (« chum of De Villepin’s ») et rappelle que Jacques Chirac en personne avait soutenu la nomination de Noël Forgeard à la co-présidence d’EADS. S’il s’en prend à « De Villepin et sa bande » (« De Villepin and crew »), c’est en tant que représentants d’un monde où « l’économie de marché n’est pas jugée légitime ». Ce qui serait, semble-t-il, la faute à une « philosophie catholique anti-profit alliée à un socialisme d’après-guerre ». En bref, l’Etat français devrait « sortir » de la gestion d’EADS et laisser faire les partenaires privés. A un moment où le nom de Louis Gallois circule déjà, Ross Tieman s’indigne d’une déclaration de Dominique Perben estimant que le fait d’être sortis tous les deux de la même promotion de l’ENA rendrait plus facile d’échanger des idées : la France est dirigée par une élite restreinte (« a tiny elite »). C’est vrai que Noël Forgeard « n’est que » polytechnicien...

Que la France est gouvernée par une « élite » restreinte et que c’est une très mauvaise chose, cela paraît certain. Mais la lecture d’ouvrages récents comme « The Chosen », de Jerome Karabel, ou encore « Privilege », de Ross Gregory Douthat, montre l’existence aux Etats-Unis d’une coupole sociale également « élitiste » et coriace. Pareil pour la Grande-Bretagne. Quant aux « affaires », Enron n’a pas été triste et a amené des critiques qui paraissent difficiles à réfuter. En matière de mélanges de genres institutionnels, l’exemple du Vice-Président Richard Cheney met en évidence que la politique américaine ne se soucie guère de principes tels que la « séparation de carrières ». A la forme près, les dérives sont les mêmes partout. Il reste, toutefois, que les responsables publics et politiques français ne se voient pas interdire la fréquentation, au sein des cercles d’influence, des représentants des milieux industriels et financiers privés. C’est vrai en France, dans une association comme le Siècle (dont Jean-Louis Gergorin a souvent fait partie) qui a même été présidée par le Vice-Président en fonction du Conseil d’Etat, mais aussi au niveau international...."


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès