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Commentaire de Gazi BORAT

sur Le monde : terre de Djihad ?


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Gazi BORAT 26 avril 2007 10:02

@ Kosmalib

Merci de votre réponse.

Pour reprendre vos paroles, je ne peux confondre Al Qaida et, par exemple, le franquisme.

Pourquoi ?

Al Qaida est, pour moi un mouvement terroriste, purement opérationnel, qui ne produit ni pensée, ni discours cohérents, si ce ne sont des revendications, des diatribes guerrières, des appels à la mobilisation et au soutien de ces actions. Il est d’ailleurs aussi extrèmement flou dans son existence, au point d’être qualifié généralement, dans les médias, de « nébuleuse ».

Si l’on devait comparer divers mouvements politiques à inspirations théologiques, on choisirait plutôt comme exemple, pour l’islam, le mouvement des Frêres Musulmans d’Hassan Al Banna, qui propose un modèle global de société et une pensée économique. Celle-ci, où certains pourront trouver des aspects socialistes par les volontés redistributrices qu’il exprime, n’est pas loin de ressembler aux mouvements millénaristes chrétiens d’avant la Renaissance, prônant comme exemplaire la communauté des biens entre les compagnons du Christ mais... comme en ont débattu les théologiens, le Christ possèdait-il sa tunique ?

L’exemple de Jamaleddin El Afghani, qui prônait à la fin du XIX° siècle un modèle de capitalisme libéral qu’il opposait à celui plus étatistes des Jeunes Turcs laïques et étatistes est aussi une forme d’islamisme, lointain inspirateur des partis religieux qui apparaissent depuis 1948 en Turquie et dont l’AKP d’Erdogan est l’avatar moderne.

Ces points de détails mis à part, ce qui me gêne plutôt est l’amalgame entre Islam et islamisme et donc, par une extension aujourd’hui courante entre Musulmans et terroristes potentiels, les seconds étant aussi minoritaires face à la masse des premiers que les admirateurs de Petain sur le total de la population française (j’espère ici ne pas faire erreur). Le danger de cet amalgame, dans notre contexte hexagonal, est de susciter des mécanismes de rejet de minorités (ici celles issues de l’immigration récente) et de donner une base acceptable pour l’expression décomplexée d’un racisme qui n’ose s’avouer.

S’il est vrai que les Islamistes sont à la base musulmans, les persécutions contre les Arméniens se sont basées sur leur solidarité potentielle à l’égard des Russes dont ils partageaient l’appartenance au camp chrétien orthodoxe et contre qui la Turquie était en guerre jusqu’en 1917.

Or, on le sait, tous les morts arméniens de 1915 n’étaient pas des espions russe pas plus que les victimes des premiers massacres de 1895 n’étaient des terroristes du Daschnak.

De même pour les Juifs, ils apparaissaient autrefois dans une partie de l’opinion publique, soit comme des agitateurs politiques, soit comme des banquiers spéculateurs. L’une ou l’autre de ces représentations n’étaient pas sans fondement - de nombreux leaders de mouvements ouvriers étaient juifs et il existait aussi de riches banquiers juifs.. mais ils ne constituaient pas la majorité de la communauté. Il n’empêche que de tels amalgames permirent ainsi de nourrir l’antisémitisme de droite en lui donnant un vernis anti-communiste et l’antisémitisme de gauche en lui donnant l’aspect d’une lutte contre le capitalisme et la ploutocratie cosmopolite.

De même, encore aujourd’hui, on amalgame encore le judaïsme (religion) au sionisme (doctrine politique), avec les effets que l’on sait...

Moralité : il n’est jamais conseillé de jouer avec les allumettes dans un dépôt d’essence..

GAZi bORAt


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