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Commentaire de PasKal

sur Vers une bayrouisation des esprits


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PasKal 26 avril 2007 14:17

Dominique Reynié, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-902100,0.html

« IL N’EST PAS IMPENSABLE QUE LA SECESSION DU CENTRE DROIT SOIT SANS RETOUR ! »

.

Le premier tour a-t-il marqué une bipolarisation de la vie politique ?

On assiste à une bipolarisation contrariée. NICOLAS SARKOZY EST L’ARTISAN DU PLUS MAUVAIS RESULTAT DE LA DROITE DEPUIS 1965. Il réalise un excellent score personnel, 31,1 %, parce qu’une partie du vote du Front national s’est placée sur son nom et qu’il a éliminé toute concurrence de la droite de gouvernement, à la différence de Jacques Chirac en 1981, 1988, 1995 et 2002. Son électorat s’est droitisé, et il a fait de l’UMP une machine encore plus hégémonique que le RPR. Si l’on additionne ses voix avec celles de Jean-Marie Le Pen et celles de Philippe de Villiers, on arrive à 43,8 %. Le score le plus bas obtenu par la droite en 1981, avec Chirac, Giscard, Debré, Garaud, était de 49,3 %. Ce record est battu.

Quant au score de la GAUCHE, C’EST LE PLUS MAUVAIS DEPUIS 1969. Les voix de Ségolène Royal additionnées à celles des petits candidats de gauche et d’extrême gauche atteignent 36,4 % des suffrages exprimés. En 1965, c’était 31,7 %, et en 1969, 30,9 % avec Duclos, Defferre, Krivine et Rocard. Mais je dirais que ces résultats relativement mauvais sont structurels pour la droite et conjoncturels pour la gauche. Le véritable enseignement de ce premier tour est l’émergence d’un électorat critique qui s’est traduit par le succès, de François Bayrou.

Comment l’expliquez-vous ?

Une partie des électeurs de gauche ont voté Bayrou - malgré un vote utile très fort en faveur de Ségolène Royal - pour deux raisons : leur scepticisme à l’égard de la candidate et l’idée que le candidat du centre pouvait plus facilement battre Nicolas Sarkozy au second tour. A droite, le mécanisme est différent. Il s’est produit une sécession dans la droite modérée pour résister à l’hégémonie que j’ai évoquée et pour refuser un glissement sur le plan des valeurs vers une droite plus dure.

Etant donné la logique des institutions, quelles conséquences tirez-vous de votre analyse ?

Je fais d’abord l’hypothèse que NICOLAS SARKOZY AURA PLUS DE DIFFICULTES AU SECOND TOUR. La droite fait toujours un meilleur score au second tour quand elle est divisée au premier. Mais surtout, faire revenir les électeurs modérés n’est pas une tâche aussi aisée qu’il y paraît ! IL N’EST PAS IMPENSABLE QUE LA SECESSION DU CENTRE DROIT SOIT SANS RETOUR, avec, pour la première fois sous la Ve République, l’affirmation d’un centre qui se veut indépendant de la droite. CELA AUGMENTE LES CHANCES DE VOIR REUSSIR LA TENTATIVE DE FRANCOIS BAYROU, qui enverra, semble-t-il, UN CANDIDAT DE SON NOUVEAU « PARTI DEMOCRATE » DANS (TOUTES) LES CIRCONSCRIPTIONS AUX LEGISLATIVES. La logique de la sociologie politique lui donne ses chances ! Si les électeurs ont vraiment souhaité une TRIPARTITION DE LA VIE POLITIQUE entre droite, centre et gauche, cela peut se retrouver aux législatives. En fait, les Français ont créé à la présidentielle une bipolarisation réformée.


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