Deux projets en balance ? Oui, mais l’un des plateaux est écrasé par la densité du premier face à l’évanescence de l’autre. En effet, au regard du premier tour, avec selon toute vraisemblance, un rapport de forces identiques au futur parlement, que peut-il se passer ?
-Sarkozy élu peut espérer faire passer ses projets, comme le gouvernement actuel l’a fait ces dernières années (parfois au prix de réaménagements certes) , avec 46% des voix de droite, toutes tendances confondues, et une bonne part des voix centristes (il n’a pas besoin de la majorité de celles-ci, loin s’en faut, et nombre d’électeurs et députés UDF lui sont déjà acquis). Il est peu probable que des députés FN ou Villiériste soient élus et risquent de semer la discorde. Il peut garder le cap, être fidèle à son projet, sans compromissions, ce qui séduit et rassure ses partisans.
- Ségolène ROYAL élue, pour sa part, bénéficie d’environ 33% des voix de gauche ; son projet doit à tout prix séduire la quasi-totalité des UDF, groupe très hétéroclite (heureux de leur progression, mais éparpillés) et donc faire coller son projet avec celui naissant et indéfini de ce groupe. Ce faisant elle ne doit pas trop renier les idées socialistes, groupe également très divisé.« Ségolène présidente de tous les François » devra dorénavant être sa devise : courtiser BAYROU sans cocufier HOLLANDE. Chirurgienne du cœur centre-gauche, elle devra veiller aux récentes et hâtives (pour raisons électorales) sutures : ne pas trop tendre celles de gauche au risque de voir lâcher celles du centre-gauche et vice-versa. Le baiser glacial de l’extrême gauche, susceptible d’avoir ses députés et donc contradicteurs, et un Sénat à droite complique encore sa tâche. Son projet actuel ne peut donc être tout au plus qu’une esquisse, une illusion, une approximation ; elle ne sera jamais la femme libre et indépendante dont elle voulait nous donner l’image mais vraisemblablement une marionnette poursuivant ses tergiversations et vire-voltages, tentant de sauver les meubles par une perpétuelle attitude de séduction pathétique.
IL n’est à craindre que, si elle est élue, le destin de Ségolène ROYAL ne soit plus identique à celui d’Edith CRESSON qu’à celui d’Angela MERKEL.