« Atavisme quand tu nous tiens... »
S’il est bien connu que les forces de l’ordre turques sont infiltrées d’éléments fort peu démocratiques, et ce avec la bénédiction de l’occident : Les techniques de contre-subversion, mot pudique pour l’emploi scientifique de la torture, ont été enseignées par Washington et les gouvernements européens avaient applaudi l’arrivée au pouvoir du général Evren contre la destabilisation marxiste, votre remarque tient de l’ignorance ou du racisme..
Pour ce qui concerne le cas de la communauté arménienne, elle fut longtemps qualifiée, avant l’arrivée d’Abdülhamid II de « Millet-I-Sadika » (la nation amie) et, dans le système impériale, des charges de confiance étaient réservées aux Arméniens : direction des arsenaux d’Istanbul, frappe de la monnaie, etc..
Vous pourrez aussi constater, en vous promenant dans Istanbul que les plus belles mosquées (à mon goût) furent construites par la famille Baliyan.
Le divorce entre ces communautés, à partir de 1896, qui survint après des années de cohabitation paisible fut le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs et surtout de l’apparition de l’idée nationale dans un système bâti sur le multiculturalisme. Les communautés : grecques, arméniennes, juives, turques possédaient chacune leurs propres juridiction et une certaine autonomie.
Le sultan Abdülhamid, face à un empire exsangue et le jeu pervers des nations européennes, jouant chacune sur une minorité propre à qui à elles accordaient des possibilités de doubles nationalités (par exemple : des passeports de « Français du Levant ») finissait par rendre ingérables celles ci dans le cadre juridique traditionnel inadéquat de l’Empire.
Abdülhamid tenta alors de ressusciter l’institution du Califat, en s’adressant, en tant que chef nominal des musulmans sunnites, à ses coreligionnaires, au-delà de ses frontières (Inde, Maghreb, etc..) pour faire contrepoids au pouvoir grandissant des puissances européennes favorisé par les « capitulations » et le poids de la Dette ottomane.
De leur côté, les nationalistes des Balkans (les fameux « Comitadjis »)et les Arméniens de la tendance « dure » du Daschnak commençaient leur montée en puissance, inspirés par l’exemple récent de l’indépendance grecque.
Ce qui servit de prétexte aux persécutions de la toute fin du XIX° siècle, le hold-up et la prise d’otages de la Banque Ottomane par des nationalistes arméniens peut être considéré comme la première action terroriste moderne.
La communauté arménienne en fut portée responsable, tout comme aujourd’hui certains aimeraient faire porter aux Musulmans dans leur ensemble la responsabilité des actions d’Al Qaida.
En invoquant, eux aussi, l’atavisme.
gAZi bORAt
PS : lire à ce sujet - Les Amiras, seigneurs de l’Arménie ottomane (Pascal Courmont)