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Commentaire de Kourwenal

sur Et si le Diable s'habillait en Prada ?


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Kourwenal Kourwenal 27 avril 2007 11:38

Bonjour,

Je ne suis pas d’accord avec vous.

1. Pour ce qui est du manque d’adhésion, il y a 26% des électeurs qui ont voté pour elle, que ce soit par conviction profonde, par calcul, par application du « Tout sauf Sarko », pru importe... Plus d’un électeur sur 4 a voté pour elle, ce dont au 1er tour d’une présidentielle personne ne pouvait se vanter en 1995 ou en 2002. Peu importe, donc les raisons qui ont motivé ce choix, l’électeur n’a pas à en rendre compte et bien souvent, change d’avis dans l’isoloir.

D’autre part, on ne vote pas CONTRE quelqu’un, dites-vous ? Souvenez-vous de 2002, où toute la gauche votante a voté pour CONTRER le candidat du FN ! Ca peut arriver de voter contre quelqu’un, pas forcément terrible comme choix, mais c’en est un.

2. Rappelons qu’il s’agit de 1500 € BRUTS et qu’il s’agit d’y arriver progressivement d’ici à 2012. A combien s’élève le smic en France aujourd’hui ? 1173 € bruts. Combien de travailleurs touchent aujourd’hui moins de 1500€ bruts ? Plus de la moitié.

Quelle solution pour ces gens-là ?

3. Euh... Ca marche si tout le monde part du même point. Donner à chacun les outils pour y arriver, très bien, mais on ne me fera pas croire que naître à Neuilly-sur-Seine et naître à Clichy-sous-bois sont la même chose qui à la base me font partir avec les mêmes chances dans la vie. Si vous donnez les mêmes outils à tout le monde, encore faut-il que tout le monde puisse s’en servir ! Je prends un exemple, si vous fournissez à un SDF un ordinateur afin qu’il envoie des demandes d’emploi, tape des CV, sur le principe c’est très bien ! Mais s’il ne peut s’en servir faute d’électricité, à quoi cela lui sert-il ? On ne peut pas donner la même chose à chacun en espérant que chacun se débrouillera avec ! Tellement de gens ont besoin de (ré)apprendre à vivre...

4. Difficile de ne pas être sceptique vis-à-vis du monde de l’entreprise après l’affaire Forgeard par exemple ! Et difficile de ne pas se demander avec crainte comment l’Etat se positionnera avec les chefs d’entreprises lorsque l’on sait que Guillaume Sarkozy, frère de Nicolas, est le vice-président du MEDEF...

5. Votre argument se tient, encore que la droite n’est pas connue pour ses mesures sociales, et j’ai quand même beaucoup de mal à y croire même si quelqu’un comme Borloo, que j’admire, me garantit une amélioration économique et de ce fait, une amélioration sociale.

6. L’incompétence internationale... Royal pas pire que Sarkozy à ce niveau-là ; après les serments d’allégeance de Sarkozy à George Bush, on peut imaginer une invasion de l’Iran ou de la Corée du Nord aux côtés des Etats-Unis. Se placer près des nations belliqueuses, NON MERCI !

7. Royal n’a jamais affirmé vouloir accueillir les immigrés de manière anarchique et complètement libre. Elle parle de cas par cas, mais comment faire autrement quand on voit le nombre (conséquent !) de gens qui se sont vu refuser la régularisation alors qu’ils réunissaient tous les critères requis par la circulaire Sarkozy, on est en droit de ne pas avoir confiance !

8. Votre argument se base sur une appréciation personnelle et subjective. Je vous laisse apprécier la lettre ci-jointe parue dans le Nouvel Obs du 14 avril 2007.

LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE

Ségolène et de Gaulle

NOUVELOBS.COM | 12.04.2007 | 09:53

41 réactions

Le général de Gaulle - c’est une première dans l’histoire de l’élection présidentielle depuis 1958 - aura été totalement absent de la campagne en cours. C’est pourquoi je crois utile et même nécessaire, le temps et l’espace d’une chronique, de m’effacer au profit de la « Lettre ouverte à Ségolène Royal » que nous a adressée Jean-Marcel Jeanneney, le dernier ministre survivant, avec Pierre Messmer, du général de Gaulle.

« MADAME, je ne vous ai entendue et vue qu’à la télévision. Mais vos propos, votre manière d’être, ont fait que, depuis plusieurs mois déjà, j’étais enclin à voter pour vous le 22 avril. Ayant lu attentivement votre livre, »Maintenant", je ne doute plus de le faire.

Je suis un très vieux monsieur. Ministre du Général de Gaulle à trois reprises, je fus un des rares qui eurent l’honneur d’être reçu par lui à Colombey, après qu’il eut, en parfait démocrate, démissionné de la présidence de la République parce que désavoué lors du référendum qu’il avait décidé.

Je suis fidèle à sa mémoire. La France, au cours de sa longue histoire, n’a guère eu de chef d’Etat de cette envergure, parfaitement indépendant de toutes les puissances financières et de tous les dogmes politiques, ne se laissant intimider par quiconque, discernant ce qu’allait être l’évolution du monde et percevant ce qu’étaient les intérêts à long terme de son pays. Mais je n’ai jamais cru à la possibilité d’un gaullisme sans de Gaulle et je me suis vite désolidarisé de ses prétendus héritiers.

Cela dit - et sans vouloir vous écraser sous une telle référence en vous assimilant à cette très haute figure - j’ai le goût de vous dire que je constate d’assez nombreuses analogies entre ses idées et les vôtres, telles qu’elles apparaissent au long de vos trois centaines de pages. D’abord le volontarisme politique, puis l’attachement à la nation, à son passé et à son avenir, comme fondement nécessaire aux solidarités entre les individus vivant sur son sol ; la prise en compte des aspirations populaires mais sans soumission systématique à l’opinion ; l’idée, que de Gaulle énonça dès mars 1968 dans un discours à Lyon, que les activités régionales sont les ressorts de la puissance économique de demain ; encore, le fait que la France, dans un mode menaçant, ne doit pas renoncer à une puissance militaire forte.

Entre vous et lui, il est encore un trait commun : quand on lui exposait un problème de façon abstraite, il vous interrompait : « Alors ! Pratiquement, que proposez-vous ? » Or toujours vous proposez ou esquissez une solution concrète.

J’ajoute que vous rejoignez le général de Gaulle sur trois points, de grande importance. Le premier est la sobriété que vous voulez dans le comportement quotidien de la présidence de la République et du gouvernement. Le deuxième est le recours à l’article 11 de la Constitution, que vous devrez inévitablement utiliser pour modifier celle-ci, en particulier concernant le Sénat. Le troisième est que, comme lui, vous vous appuyez sur un parti, ce qui est indispensable, mais que, comme lui, vous êtes d’un tempérament assez fort pour pouvoir, quand besoin est, vous en affranchir.

Madame la candidate, je vous souhaite de tout cœur bonne chance et vous assure de la grande considération que j’ai pour votre culture gouvernementale, pour votre intelligence, votre sensibilité et votre caractère."

9. Royal a été choisie par les militants. Certes. La limiter à un épouvantail brandi par le PS est complètement faux. Elle a créé la rupture avec les dogmes socialistes, au risque d’être rejetée par son les « éléphants » du parti, elle « n’appartien[t] à personne. » Une communication basée sur son image, d’accord, en quoi est-elle répréhensible ? Quel homme politique arrive devant les caméras TV sans soigner cette image ? Et comment pouvez-vous dire que sa stratégie n’a pas de fond ? Et les 100 propositions de Villepinte du 11 février ? Et « Maintenant » ? Avez-vous cherché à connaître réellement le programme de la canditate que vous critiquez ?

10. Je ne vois en quoi ce que vous stigmatisez dans son comportement est anxiogène. Rien dans les positions de Sarkozy ne dit qu’il croit à la possibilité, pour un délinquant, de s’amender. Au contraire, il réagit de manière préoccupante à propos de l’inné et l’acquis, en voulant dépister les gènes de la délinquance dès l’école maternelle ! Royal est pour une politique de l’apprentissage, de responsabilisation basée sur le dialogue et l’entr’aide. Pardonnez-moi mais « la rénovation urbaine à coups de Kärcher », je m’en passe !

Que dirait-on si Royal avait tenu les propos que Sarkozy a tenus au long de ses années de pouvoir, si elle avait eu le même comportement ? Elle serait deveue la mégère hystérique.

Enfin, ne prêtez pas à la gauche tous les torts ! Les banlieues et pas seulement les banlieues n’ont pas attendu le face à face Royal-Sarkozy pour détester ouvertement l’ancien Ministre de l’Intérieur ! Il suffit, pour en être convaincu, de regarder les affiches électorales : qui a, de manière presque systématique, ses affiches arrachées, déchirées, maquillées de je-ne-sais-quel commentaire insultant ? Ce n’est pas Mme Royal.

Qu’il faille à la France quelqu’un de poigne, oui. Quelqu’un qui change les choses, oui. Mais il faut quelqu’un qui puisse aller, sans peur, dans l’intégralité du territoire qu’il dirige, (compétence à démontrer pour Sarkozy), qui ne soit pas détesté par la majorité de la population, quelqu’un qui représente la France ! C’est une des raisons pour laquelle que je ne pense pas qu’il sera élu le 6 mai : le Président de la République représente les Français, leur choix. Qui voulons-nous pour nous représenter ? Quelle image voulons-nous avoir aux yeux du monde ? Et aux nôtres ?

Pour moi, l’éviction de Sarkozy est quasi annoncée. Je ne crois vraiment pas que la majorité des Français le choisiront pour les représenter.


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