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Commentaire de FMercier

sur Nicolas Hulot, le candidat qui embarasse les Verts


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FMercier (---.---.0.33) 8 août 2006 22:33

Allez, une p’tite info intéressante pour alimenter cet article !

LETTRE OUVERTE A NICOLAS HULOT

Par Noël Mamère le 05 Août 2006

« Après les déclarations de notre ami Nicolas Hulot dans les colonnes du Journal du Dimanche, voici la lettre que j’ai souhaité lui faire parvenir. Qu’en pensez-vous ? »

Du coup de chaud dans nos banlieues durant l’hiver au nouvel épisode de canicule de cet été, notre pays souffre d’une montée des températures sociale et climatique qui ne doit rien au hasard.

Dans les deux cas, il s’agit bien des conséquences prévisibles de politiques à courte vue, inspirées par l’égoïsme dont la dominante est le rejet.

Rejet de l’autre, de l’ex-colonisé, relégué dans des ghettos urbains et ethniques, dans le premier cas ; rejet massif des gaz à effet de serre dans la plus grande inconscience et le plus profond mépris pour la survie des générations futures, dans le deuxième cas. Le poison qui ronge nos sociétés n’est pas seulement dans les pots d’échappement de nos bagnoles et dans les fumées de nos usines.

LA REALITE DE CE MONDE NE PEUT SE RESUMER A LA SEULE MENACE CLIMATIQUE comme tu voudrais nous le faire croire, cher Nicolas.

Et c’est bien parce que ce lien entre injustices sociales et injustices environnementales n’est pas évident à faire comprendre que nous éprouvons tant de difficultés à exister de manière forte dans le paysage politique. Non, Nicolas, ce n’est pas un problème de déficit « d’unité » des écologistes, mais de décalage .

Fondée sur la transversalité, la pensée écologique éprouve d’autant plus de mal à se faire entendre que les citoyens sont habitués depuis longtemps aux cloisonnements politiques et à la distribution des rôles. C’est pourtant le grand chantier auquel les Verts doivent s’attaquer, même si, en ces temps de simplification politique et de démagogie où le raccourci populiste vaut explication au nom du « bon sens », ils prennent le risque du malentendu.

DES PROPOSITIONS ALTERNATIVES ACCEPTABLES PAR NOS SOCIETES.

Il faut le dire et te le répéter, cher Nicolas, les Verts ne doivent pas se laisser enfermer dans le seul rôle de vigies de l’environnement ou de Cassandre annonçant les catastrophes. Le statut de « Lanceurs d’alertes » ne peut nous satisfaire et ne correspond pas à notre fonction politique qui est de « démonter », pièce par pièce, les raisons économiques, politiques, sociales et écologiques qui ont conduit à la situation dans laquelle nous nous trouvons et de formuler des propositions alternatives acceptables par nos sociétés.

Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour constater que nous ne sommes pas égaux devant le bouleversement climatique. Sans parler des pays pauvres qui risquent de subir des catastrophes humaines et écologiques sans précédent, ce sont encore les plus modestes qui, dans nos pays riches, paient le prix fort de leur condition en cumulant injustices sociales et injustices environnementales.

UNE DISCRIMINATION S’AJOUTE A L’AUTRE.

Comment prétendre lutter contre les injustices environnementales si l’on ne s’attaque pas, d’abord, aux injustices sociales ? Aucune réponse écologique ne vaut si elle n’a pas pour objet principal de lutter contre les inégalités. L’heure n’est donc pas à se laisser entraîner dans ton piège, cher Nicolas qui, au nom de « l’urgence écologique », voudrait que nous en revenions à nos « fondamentaux », c’est à dire à notre « ghetto vert ». Tu nous reproches notre manque de visibilité, notre éparpillement politique et notre « absence » sur les « grands sujets » environnementaux mais tu n’as pas mieux réussi que nous malgré ta proximité avec le Président de la République, tes émissions de télévision, ta fondation et ton talent.

A quoi ont servi tes coups de gueule et tes avertissements publics ? La majorité UMP (celle du Président) a voté une loi sur l’eau qui a transformé le pollueur payeur en pollueur payé, le gouvernement refuse toujours d’autoriser l’utilisation des huiles végétales pures pour mieux protéger les lobbies du maïs et du pétrole, autorise les cultures d’OGM en plein champ malgré les risques irréversibles avérés pour l’environnement et pour les cultures conventionnelle ou biologique, poursuit le choix suicidaire du tout-nucléaire tandis que nos voisins allemands qui ont décidé d’en sortir en sont déjà aux maisons passives qui ne consomment pas d’énergie et qu’ils produisent 15000 mégawatts d’énergie éolienne quand nous n’en sommes qu’à 800 !... Accablant.

« QU’ILS S’OCCUPENT DE CE QUI LES REGARDE... »

J’entends déjà les bonnes âmes nous dire, derrière toi, Nicolas : « mais pourquoi les verts s’occupent-ils des sans-papiers, des minorités, des discriminations, de la politique étrangère ? qu’ils nous parlent d’environnement, qu’ils s’occupent de ce qui les regarde... ».

C’est justement ce que nous faisons quand nous marions des personnes de même sexe ou que nous arrachons des pieds de maïs OGM avec les faucheurs volontaires au nom de la désobéissance civique initiée par Henry David Thoreau, l’une des grandes figures historiques de l’écologie américaine.

L’écologie, telle que nous la défendons très majoritairement chez les Verts, n’est pas « détachable » des questions sociales et de la problématique des droits de l’Homme.

Oui, Nicolas , « le bouleversement climatique est l’une des plus grandes menaces qui ait jamais pesé sur l’humanité », comme toi, nous n’arrêtons pas de le répéter (avec moins de talent, c’est vrai et sans les moyens d’une grande chaîne de télévision) mais, pour nous, cette menace est inséparable d’un autre fléau, déjà à l’œuvre, avec ses millions de victimes et dont tu nous parles si peu : le creusement des inégalités entre pays riches et pays pauvres ; l’anéantissement organisé par les nations les plus nanties de millions de paysans du tiers-monde. Faut-il répéter ici qu’une vache européenne, avec ses 2,5 euros de subventions par jour, vit mieux que 40% du continent africain ? Que 20% de la planète consomment 80% de ses ressources ? Que plus d’un milliard d’êtres humains n’ont toujours pas accès à l’eau potable ?

N’est-ce pas aussi une priorité que de lutter contre cette révoltante injustice planétaire qui est sans doute la première menace sur l’équilibre du monde ?

AU NOM DE LA SOLIDARITE

Alors, comment fait-on, Nicolas ? On laisse Sarkozy bannir les damnés de la terre qui fuient la pauvreté en se lavant les mains de cette question au motif qu’elle n’a « rien à voir avec l’écologie » ou on se bat au nom de la solidarité qu’on leur doit, parce que la solidarité est un des fondements de l’écologie ?

L’écologie ne peut être une sorte « d‘entre deux » comme le souhaitait Antoine Waechter en son temps et comme tu semblerais vouloir nous le dire aujourd’hui, Nicolas. La tolérance, le partage, la solidarité, la plus juste répartition des richesses, la lutte contre toutes les formes d’inégalités et de discriminations, moteurs de l’écologie politique, n’ont jamais été les valeurs premières de la droite qui, historiquement, les a souvent combattues. Ce sont des valeurs de gauche.

CREER UN RAPPORT DE FORCE

Et c’est donc avec la gauche, toute la gauche, qu’il faut chercher à créer un rapport de force qui nous permette de peser sur les politiques publiques afin qu’elles intègrent significativement la problématique de l’écologie.

Et si nos partenaires ne comprennent pas que les réponses de l’écologie, telles que nous les formulons, méritent mieux que le statut humiliant de force d’appoint, ils devront faire sans nous.

Parce que nous n’avons pas la vocation à servir de caution verte à une gauche qui n’aurait rien compris aux vrais enjeux de ce siècle et parce que nous ne voulons pas que nos enfants puissent nous dire un jour, quand il sera trop tard, « mais pourquoi vous n’avez rien fait quand vous le pouviez ? »

CONCEPTION DU MONDE ET ACTION POLITIQUE.

Dans ces conditions, Nicolas, es tu le mieux placé d’entre nous pour relever ce défi ?

Tu dois savoir que la notoriété et la sympathie sont un capital fragile dès qu’on se jette dans l’arène politique...Surtout quand on affirme ne pas faire de politique, comme c’est ton cas ! Aller à une présidentielle (j’en parle d’expérience) c’est s’adresser à l’ensemble de la société sur l’ensemble des sujets, c’est défendre une conception du monde et de l’action politique. Se contenter d’une campagne monothématique est l’assurance d’un échec et le cantonnement au statut de candidat de témoignage. Franchement, l’écologie et les idées que nous portons valent mieux que cela.

UNE VOIX QUI COMPTE...

Pour nous tous, Nicolas, tu es une voix qui compte dans l’écologie. Nous devons savoir l’entendre. C’est dans cet esprit que nous t’avons invité à nos journées d’été, au même titre que Corinne Lepage ou José Bové...Eux aussi candidats ! Attention, si ça continue, nous risquons de nous trouver nous aussi en surchauffe !

Et si ta meilleure place, Nicolas, n’était pas celle que tu occupes aujourd’hui ?

Tu es un des rares parmi nous à bénéficier de tribunes aussi importantes, tu es écouté parce que, justement, tu n’es pas « marqué » politiquement. Si tu venais à « basculer » tu y perdrais sans doute une bonne part de ta légitimité, ce qui serait injuste mais inévitable. Il suffit pour s’en convaincre d’observer ce qui se passe avec la démarche de José Bové.

UNITE

De toute façon, Nicolas, tu sais bien qu’en France, comme ailleurs en Europe, il n’existe qu’un seul parti de l’écologie, le parti Vert. Tout le reste n’est qu’anecdote ou groupuscule. Donc, si tu veux vraiment être le candidat de l’unité, il ne te reste qu’un seul choix : Les Verts...Qui ont déjà leur candidate : Dominique Voynet. Et qui n’ont plus de temps à perdre pour entrer dans la bataille.

Je te fais donc une suggestion, si tu es d’accord avec les positions que je viens d’exprimer et qui sont partagées par une immense majorité des adhérents verts : accepterais tu de devenir le porte-parole de Dominique Voynet ?

Ce serait une belle preuve d’unité que tu réclames avec tant de force et raison...

A bientôt de te lire.

Noël Mamère. Député Vert de Gironde

http://www.noelmamere.org/


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