Il y a effectivement chez Ségolène Royal un positionnement paternaliste ou maternaliste qui caractérise les rapports de surface dans l’administration. Vous avez aussi sans doute vu, hier à la télévision, ses ouvriers en rang, comme lors des fêtes de fin d’année à l’école ou des cérémonies officielles (mais il n’y avait pas de Président présent..), amenés à écouter sagement le candidat de la droite.
Avez-vous remarqué, qu’à la fin de l’intervention de Sarkozy, seuls les ouvriers du premier rang ont applaudi et pas les autres ? Il y a là une autre manière de chercher, non pas à rassembler, mais à prendre des voix. D’un côté, la mère gentille et moderne. De l’autre le père, affairé et tendu, qui n’a pas le temps de discuter et qui « a de l’autorité ».
Ces deux rapports sont infantilisants.
Ils ne viennent pas, malheureusement, que de la politique. Ce serait trop facile. On les retrouve aussi dans l’entreprise, dans l’administration, on les retrouve aussi à l’école, dans l’enseignement. C’est ce qui fait que nos enfants répètent la leçon plutôt que de développer leur propre discernement et leur créativité. Que nos ingénieurs ont peur de proposer des idées nouvelles. Que nos journalistes sont crispés lorsqu’ils ne parviennent pas à coincer « le mauvais candidat », et que les bons journalistes, les journalistes de terrain, ne sont jamais sur les plateaux quand il s’agit des élections. C’est ce qui fait aussi, que mis à part quelques rares hommes politiques, les autres éteignent leur propre personnalité, n’osent pas dire ce qu’ils pensent et cessent même de penser, se rangeant derrière l’un ou derrière l’autre, comme des enfants.
Ni le maître d’école avec sa règle qui tape sur les doigts ni la maîtresse gentille qui donne des images n’obtiendront ce qui est nécessaire aujourd’hui à la société des gens, c’est-à-dire, contribuer à épanouir la personnalité et la liberté des autres, la créativité des autres, le savoir nouveau apporté par les autres, sans chercher à les étouffer.
C’est bien, dans le fond, le problème qui a été posé au premier tour et qui se posera à nouveau lors des prochaines législatives.
Cordialement, Pierre Arrighi